CHAPITRE 53.

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– Alors, as-tu étudié à Marseille Jade ?

– Je suis allée à l'Université, mais j'ai abandonné à ma deuxième année de Licence d'Histoire parce que mes parents ne pouvaient pas subvenir à mes besoins, l'appartement coûtait cher.

– Mais non ? Une licence d'histoire !

– Oh tu sais ce n'est pas si extraordinaire !

– Mais bien sûr que ça l'est, du moins pour nous deux ! J'ai fait une licence puis un master en Histoire !

Mes yeux s'ouvrent en grand. Je suis si surprise que nous ayons voulu faire le même parcours, cela en dit long sur notre entente.

– Toi aussi tu es allé à l'AMU ?

– Oui, mais mon master je l'ai fait à Aix.

– Mais c'est incroyable !

Je m'exprime fort, mon cœur bat vite, je trouve ça dingue alors que ce n'est peut-être pas extraordinaire pour certains.

– C'était quoi ta spécialité de master ?

– J'ai fait un master Histoire, civilisations, patrimoine.

– Mais ça a l'air si intéressant ! Je suis sûre que j'aurais été capable de postuler pour celui-ci si j'avais pu continuer mon parcours...

Parfois ça me rend nostalgique. Je me dis que rien n'est jamais trop tard et qu'il ne faut pas s'enfermer dans les choses. Si je parviens à réunir assez d'argent pour assurer le loyer de mon appartement, avec des bourses je pourrais peut-être envisager de valider ma licence. C'est un des seuls regrets de ma vie. Je sauterais probablement le pas dans quelques années.

J'avais été acceptée après mon bac à la licence que je voulais, dans la ville dont je rêvais.

– Attends, quel âge as-tu ? Imagine qu'on ait été dans la même promotion ?

– Ça serait fou comme coïncidence ! J'ai vingt-quatre ans et toi ?

– Aïe j'en ai vingt-trois.

Plus jeune. Intéressant. Je n'aurais pas parié qu'il avait un an de moins, en même temps c'est difficile à percevoir ce genre de détails.

– Tu es tout juste diplômé alors ?

– Exactement ! Enfin cela fait près d'un an quand même...

– Et où travailles-tu maintenant ?

– Alors j'avais choisi comme spécialité pour mon master, les métiers d'archives. Je suis plus à l'aise avec les objets qu'avec les gens tu l'auras probablement remarqué, donc je me suis fait embaucher aux archives départementales de Marseille.

– Ce métier est fait pour toi. Tu dois être si fier d'avoir trouvé ta voie.

C'est ce qui m'angoisse le plus. Me dire que je ne trouverais jamais ma voie et que je resterai coincé dans quelque chose qui ne me comble pas. Qui ne me satisfera jamais. Heureusement je suis encore jeune pour me dire que j'ai le temps avant de trouver ce qui me rendra heureuse, et me fera lever tous les jours avec le sourire aux lèvres. Malheureusement, parfois nous sommes contraints d'exercer par nécessité un métier, sans avoir trop le choix. Parce que je suis consciente que le choix est une action réservée aux plus aisés.

- Oui, je suis comblé. Parfois on reçoit les lycéens et étudiants et on leur fait une petite visite des lieux, c'est super enrichissant.

- Tu m'étonnes, même pour eux !

Nous avons pas mal marché, nous sommes à hauteur de l'hôtel de ville. Il fait particulièrement beau aujourd'hui, aucun nuage ne vient ternir le bleu du ciel, le soleil nous réchauffe, c'est trop agréable.

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