CHAPITRE 30.

142 16 2
                                    

Le paysage défile sous mes yeux, nous avons quitté la ville, ses rues, pour les routes plus sinueuses, les arbres et la pierre. C'est toujours un bol d'air frais de pouvoir atteindre si rapidement la verdure ici. Après un trajet de près d'une demi-heure en voiture, le clignotant retentit sur la voiture de Luis. Je ne vois pourtant pas de route, simplement un endroit ressemblant plus à un refuge sur lequel seuls trois ou quatre voitures pourraient s'y garer. L'endroit est désert. La Porsche est désormais immobilisée. Je me détache, aucun de nous deux ne parle.

Je claque la porte de la très luxueuse voiture de Luis. Après quelques pas sur le sol en gravier de pierres blanches je peux apercevoir nettement la vue. L'endroit qu'il tenait tant a essayé de garder secret était donc :

- Les calanques.

Le décor est splendide, entre les arbres, les roches blanches et la mer.

- Ce n'est pas vraiment ça notre activité, mais dis-toi que c'est le cadre dans lequel nous allons la pratiquer.

- Est-ce que j'aurais dû prévoir des chaussures de marche ? Parce que je ne me suis pas préparée mentalement à ce que nous allions faire une randonnée.

- Tais-toi veux-tu ? Profite et laisse-toi guider.

J'inspire profondément. Profiter de l'instant présent. Il a raison.

Le vent vient caresser mes joues laissant de petits picotements tout sauf désagréables. Au contraire, j'ai l'impression de me sentir pleinement vivante comme si l'odeur de l'iode présente dans la mer nous ramenait aux essentiels. La nature. Et c'est très vivifiant.

Pourtant, les rayons du soleil viennent brûler ma peau créant un vilain contraste avec le vent frais qui s'abat sur mes bras. La météo est très étrange en ce moment. Et mon corps ne sait plus du tout comment réagir. Sans la levée du Mistral je n'aurais pas la chair de poule.

- Tu as froid ?

La question de Luis semble couvrir une petite inquiétude. Ses pas retentissent derrière-moi, et ils ne sont pas discrets à cause de l'épais gravier blanchâtre. Presqu'au ralentit mon corps se retourne, un frisson me parcourt au même moment, me faisant légèrement sursauter.

Je crois qu'il a sa réponse, je ne peux pas être plus explicite.

Je n'avais pas prêté plus d'attention que cela à la tenue de Luis. Il a un pull crème et un pantalon cintré à sa taille marron glacé. Il est élégant.

- Je vais aller chercher ma veste si tu m'excuses quelques secondes, dis-je en me dirigeant vers la voiture.

Heureusement que j'ai eu l'intelligence d'en glisser à l'intérieur de mon sac. Je croyais naturellement que la portière allait s'ouvrir après que j'ai eu tiré dessus, mais celle-ci est verrouillée.
Je réessaye une seconde fois mais rien n'y fait, elle est fermée. Je m'impatiente, mais Luis n'a absolument pas comme optique de venir m'ouvrir. Non. Il se moque de moi, parce que c'est bien plus drôle de me voir galérer.

On ne peut pas cacher le fait que de m'agiter le réchauffe le corps, cela dit je veux ma veste.

- Bon tu viens m'ouvrir ou tu comptes rester planter là ?

Qu'est-ce qui m'a pris de croire qu'il allait réagir. Il ne bouge absolument pas. Bien au contraire, ses pieds ont l'air encore plus profondément ancrés dans le sol.

- C'est bien plus drôle de te voir t'énerver, avoue-t-il. Et puis comme ça tu te réchauffes naturellement, après je connais bien d'autres techniques pour te soulager du froid.

Sa dernière phrase se lie d'un air coquin.

Une idée soudaine de vengeance s'envisage et se dessine. S'il veut jouer alors je vais entrer dans son jeu.

OBDURATIONOù les histoires vivent. Découvrez maintenant