CHAPITRE 12.

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- Enchantée Madame ! Me dit Luis en me tendant sa main dans ma direction.

Je me mets à la serrer. Cette action est pour le moins très bizarre je dois avouer, d'autant plus que c'est la première fois que j'entre ainsi en contact avec Luis. Peau contre peau. Et même si je dois reconnaître qu'elle est toute douce et laisse une sensation étrange lorsque mes yeux noisettes croisent les siens, je me ressaisis afin d'éviter au maximum de me faire démasquer.

- Excusez-moi, vous êtes bien Monsieur Amaro ? Demande presque en chuchotant d'une voix très douce.

Luis se retourne et lance son plus beau sourire commercial. Et rien qu'en regardant de simples gestes, comme le serrage de main qu'il vient de faire à cette dame, on voit clairement qu'il est parfaitement dans son élément et que ce métier lui correspond pleinement.

- Madame Anemasse, vous avez fait un bon chemin jusqu'ici ? Pas trop de difficulté à trouver l'endroit ?

- Non, il faut dire que vous m'aviez très bien expliqué au téléphone, je ne pouvais que trouver facilement dit-elle en lui souriant.

- Vous m'en voyez comblé dans ce cas ! Je vous présente Madame... il semble marquer une courte pause.

- Madame Centorin enchanté dis-je en tendant la main vers la dame vêtue d'une tunique assez originale, probablement issue d'un grand créateur.

Heureusement, avoir répondu du tac au tac a permis à ce qu'elle ne doute pas de mon identité. Quant à Luis, je lui jette un petit coup d'œil, il semble reconnaissant que je lui sois venu en aide. Comme quoi, l'agent peut également être mis dans une position délicate.

Elle me sert la main avec un léger sourire, bien moins sympathique que celui qu'elle avait lancé à Luis. Apparemment malgré sa quarantaine d'années, elle semble sous le charme de l'homme se tenant à mes côtés.

- Comme je vous l'avais précisé au téléphone, le bien est assez demandé et très rare, c'est pourquoi vous serez deux à faire cette visite.

Nous hochons toutes les deux la tête en guise d'approbation.

- Et bien je vous propose que nous allions commencer la visite. Après-vous, c'est juste sur votre gauche, la bâtisse blanche que vous apercevez.

La dame part devant alors que je lui emboite le pas. Luis ne tarde pas à le faire également, posant sa main au creux de mon dos, laissant une petite pression tout à fait réconfortante et d'une douceur indescriptible.

- Laissez-moi vous faire un petit cours d'histoire. Mais je vous assure que ça ne sera pas aussi ennuyant qu'au lycée. Se met à se moquer Luis en retirant la main qu'il avait garder pendant de longues secondes contre moi.

Madame Anemasse glousse de façon presque exagérée. Je grimace légèrement, je prie intérieurement pour que cette visite puisse se faire dans les meilleures conditions et le plus rapidement possible.

Le grand brun s'écarte de moi afin de s'approcher de la porte d'entrée du fameux bâtiment se trouvant devant nos yeux.

- Voici l'immeuble, il a été construit dans les années 1920 par Monsieur Gardwidg. Il avait comme première optique de faire de ce trois-cents mètres carrés une de ses maisons secondaires, mais de choisir cet emplacement précis pour opérer des affaires avec quelques connaissances et tous ceux en transit à Marseille.

Il s'arrête deux secondes, puis reprend son monologue :

- Malheureusement Monsieur Gardwidg étant un riche investisseur en bourse à New York, comme personne n'avait pu s'y attendre, ou du moins ceux qui avait mis en garde contre cette possibilité n'avait pas été écouté, comme Keynes, le krach de 1929 propulsant une crise boursière et la chute de certaines banques a contraint notre très cher Gardwidg à revendre l'immeuble. C'est donc dans les années 30 qu'il a été racheté et séparé en trois appartements, dont celui que nous allons visiter, le plus grand et prenant tout le troisième étage.

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