CHAPITRE 13.

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Le temps a passé vite, deux jours se sont écoulés depuis que j'ai eu à devoir jouer la potentielle acheteuse pour rendre service à Luis. Il faut avouer que ce n'était pas le supplice auquel je m'étais imaginé, l'appartement était si plaisant et joliment décoré. Le plus dur dans cette mission était de devoir supporter une demi-journée l'agent immobilier aux yeux bleus.

Luis avait insisté pour me ramener chez moi, et j'avais rapidement céder à cette proposition surtout si ça pouvait m'éviter de prendre les transports en communs et de profiter une nouvelle fois de la Porsche. Le trajet a été étrangement silencieux mais l'atmosphère restait agréable. Je me contentais de regarder le paysage défiler sous mes yeux quant au conducteur de se concentrer sur la route et je le soupçonne d'avoir eu quelques regards furtifs dans ma direction. Difficile de ne pas ressentir lorsqu'un regard perçant nous observe. 

Lorsque nous étions arrivés devant les immeubles composant ma résidence, Luis a fait une étrange grimace, cette petite moue qui indique qu'on ne s'attendait à rien mais qu'on est quand même déçu. En même temps je ne m'attendais pas à ce qu'il fasse une éloge sur mon lieu de vie d'autant plus que ce n'est pas un agent immobilier lambdas, il s'est spécialisé dans les biens de luxe. La barre HLM grisâtre qui nous fait face est défraîchie et le crépis des façades par en lambeaux. Alors effectivement, la petite fossette qui s'était creusé dans le coin droit de ses lèvres signifiait la retenue par un sourire forcé. 

Ce petit détail décrivait une nouvelle fois le contraste qui préexiste entre nos deux mondes dont tout oppose. 

— Merci de m'avoir déposé, passe une bonne fin de journée ! Lui avais-je dit avec un large sourire. 

Le temps s'était arrêté lorsque nous nous sommes regardés de longues secondes, livrés à une promiscuité causée par la petitesse de l'habitacle. Il me semble, qu'au fond de moi, j'attendais qu'il réagisse et me dise quelque chose, n'importe quoi, qu'il agisse ! Cependant aucun mot n'était parvenu à sortir, aucun geste. Il se contentait de me regarder. 

J'ai rompu ce silence en posant ma main sur la poignée de porte. Ça a été un mini déclencheur, puisque Luis m'a murmuré :

— N'oublie pas notre rendez-vous en tête à tête, toi et moi. 

Il ne m'en fallut pas plus pour sortir de sa voiture. Je me suis penchée légèrement afin d'apercevoir l'homme assis derrière le volant, une main cette fois-ci sur la poignée extérieure :

— Ni compte pas. 

Un sourire victorieux, j'ai fermé la porte avant qu'il ne puisse répondre. Je suis passée devant la voiture de sport afin de prendre l'allée goudronneuse menant à mon immeuble. D'un élan je me suis retournée, probablement ma curiosité qui m'a poussé à le regarder, et ce, peut-être pour la dernière fois de ma vie. 

Il n'en perdait pas une miette. Il matait mon fessier, sans aucune gêne. Luis était même fier de savoir que je l'avais vu faire. 

Il m'a mimé un téléphone avec sa main, pour me signifier qu'il allait me recontacter. Puis, a redémarré l'instant d'après la Porsche, la faisant monter rapidement dans les tours. 

Je n'avais pas eu le temps de me remettre de mes émotions que je devais déjà me changer et repartir dans la foulée direction le bar. 

Sur le trajet, j'ai senti mon téléphone vibrer. Le message indiquait qu'il provenait d'El Odioso. Je ne m'attendais pas à avoir si rapidement de ses nouvelles. 

El Odioso : « peux-tu m'envoyer ton RIB ? J'ai oublié de te le demander dans la voiture. PS : même si tu es caractérielle et parfois agaçante, j'ai aimé passer cette matinée à tes côtés. »

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