Chapitre 20 : départ

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Samedi 18 décembre 2021


Le réveil est un peu dur pour tout le monde, car juste avant d'aller dormir, mes amis m'ont prévenue : je pars aujourd'hui avec Alex et Evan pour Salima, une ville à un peu plus de cinq heures d'ici, plus à l'ouest. Pour éviter que le Prince Dauphin ne me retrouve dans l'intervalle s'il s'avère que tout ce qu'il ma dit hier n'est qu'une mascarade et qu'il compte me trucider.

Du coup on a pas beaucoup dormi (six heures tout au plus pour Titouan qui se réveille deux minutes avant notre départ pour nous dire au revoir). Mais apparemment on pourra se reposer en chemin. Apparemment. Je ne sais pas si je dois continuer de croire Alex sur tout ce qu'il me dit...

J'embrasse Elizabeth plus fort que Lia et Titouan qui restent ici, car c'est elle surtout qui m'a accompagnée dans ces quelques jours à Mirasi, et parce qu'elle part en mission sur Terre pour deux semaines, ce qui veut dire que c'est peut-être la dernière fois que je la vois. Et ça fait mal, parce que même en seulement trois jours ou environ, je me suis attachée à elle.

On sort de la maison alors que le soleil est à peine levé. Il faut traverser la ville pour atteindre le relais de la ville, qui se trouve tout à fait au sud de la capitale. A l'opposé du port et de ses quartiers résidentiels où on se trouve. C'est bien notre veine. C'est d'ailleurs pour ça qu'on a dû se lever tôt : pour traverser la ville avant qu'elle ne se réveille !

Il n'y a personne dans les rues, sauf quelques boutiquiers qui ouvrent leur commerce, et les promeneurs matinaux. Et nous, bien sûr. J'ai mis ma capuche pour ne pas attirer l'attention, même si ça m'étonnerait qu'on croise quelqu'un qui ait envie de se déranger pour venir me questionner à une heure pareille... On est jamais trop  prudent... On a chacun notre sac de voyage sur le dos, et je me compare un peu à Hermione, tant j'ai fait rentrer de trucs dedans ! Même si ce n'est que pour cinq jours et qu'on a pas besoin de prévoir la bouffe.

Je suis à bout de souffle quand on atteint enfin le relais de l'autre côté de la putain de colline sur laquelle est construite la ville. Il n'y a pas grand monde, et les chevaux prêts à partir sont attachés à la longue barrière qui courent tout le long du bâtiment du relais de poste. Je vois un gars qui sort de la cours circulaire formée par la forme du bâtiment et lancé son cheval au galop en passant devant nous.

Je suis Evan et Alex qui entre dans le bâtiment par une porte à  son extrémité droite. Là se trouve un bureau remplis de papiers et de dossiers qui n'ont pas l'air bien rangés... Une femme d'âge moyen avec de grosses lunettes grises à écailles se redresse de derrière le bureau, une feuille chiffonnée à la main, et un grand sourire aux lèvres.

-C'est pour quoi ?

Evan se charge de parler pour nous trois :

-On voudrait aller à Salima, et on a des sacs lourds à transporter. On est trois et on souhaiterait partir dans les minutes qui arrivent.

-Oui bien sûr... Venez avec moi.

Et elle nous raccompagne dans la cours, et se dirige vers des chevaux plutôt costauds sur notre gauche. Un palefrenier pas loin nous rejoint sur un signe  de la gérante.

-Victor, c'est jeunes gens veulent partir pour Salima immédiatement, et ils ont des affaires. Tu es prends en charge, s'il-te-plaît ?

-Biensûr, madame.

Et la bonne femme nous laisse là, avec ce Victor, qui doit avoir bien quatre fois mon âge, et a pourtant l'air plus entrain que moi à cette heure avancée de la journée ! Et tandis qu'il pose des sacoches sur les flans des bêtes qui vont nous transporter, il nous fait la causette :

-Alors les jeunes, pourquoi qu'vous voulez aller à Salima ?

-On part en vacances quelques jours,  on en peu plus de bosser tous les jours, et comme ça on revient pour Noël et les fêtes de fin d'année.

-Ahhhh, vous en avez d'jà marre de travailler ? Mes pauvres petiots... Vous en avez pas finie d'votre vie ! Mais bon... Allez, profitez bien !

Et il nous aide chacun à placer nos sacs et à monter surs nos montures. Alors que je me rends compte que je ne suis jamais monter de ma vie à cheval, Victor nous donne ses derniers conseils :

-Alors, vous prenez à droite en sortant de la cours, et de toute façon au premier carrefour, y aura des panneaux pour vous donner les directions.

Les deux autres hochent de la tête et donnent un coup de talon dans les flans de leurs montures respectives, mettant leur chevaux en marche. Je fais de même, et tente de comprendre comment fonctionnent les rennes. Bon, de toute façon, mon cheval va suivre les deux autres, non ? Laissez-moi espérer, parce que sinon ça va être la merde.

Finalement après quelques conseils et moqueries de la part de mes amis, je parviens à maitriser assez ma monture pour ne pas me tuer et pouvoir faire le trajet sans problèmes. J'avance entre Evan et Alex, qui se sont tous les deux placés à chacun de mes côtés.

-Juste, je te préviens, t'auras mal au cul au bout quand on arrivera, et t'arriveras pas à marcher droit !

-Génial, Evan, j'ai de plus en plus envie de le faire, ce voyage !

-T'inquiète pas, on fera des pauses pour se dégourdir, et Evan aussi aura mal au cul, au moins vous serez deux !

Je rigole avec Alex tandis qu'Evan lui lance un regard menaçant.

-C'est parce que j'ai pas l'habitude de me faire taper le cul, moi.

J'explose de rire tandis qu'Alex, un sourire en coin, répond à la provocation de mon amie :

-Et ça sous-entend quoi, ça, Evan ? Je te rappelle que moi quand je ramène des filles à la maison, je reste dans ma chambre avec elles, alors que toi... Combien de fois tes plans-cul sont venus dans le salon, à poil en plus ! nous proposer de faire une partouse ?

Alors là ! Je me tiens les côtes tellement je n'en peux plus ! Evan rougit et ne répond pas. Je déclare Alex grand vainqueur du clash sur les relations sexuelles. Super titre !

On continue le chemin tranquillement et de bonne humeur, et bientôt l'heure de faire une pause pour le petit-déjeuner arrive. On ne s'arrête que très peu de temps, car le voyage est long et on est pas encore arrivé !

Durant tout le voyage je m'extasie devant les paysages qui s'offrent à nous : de grandes plaines multicolores remplies de fleurs et de quelques arbres multi-centenaires. Ces derniers ont pour la plupart le feuillage pourpre, et souvent des vols d'oiseaux viennent se poser sur les branches, ce qui donne l'impression que les arbres vivent. Au loin on aperçoit les sommets du Massif des Pierres Brunes, la seule formation montagneuse de la rive ouest du royaume. Ils sont couvert de neige, et forment un fond blanc sur le panorama magnifique. Je n'ai même pas envie de prendre de photo tellement le décor me paraît surréaliste et la photo ne rendrait pas honneur au paysage. Et puis de toute façon je ne crois pas avoir pris mon téléphone, il doit toujours être à Mirasi, rangé quelque part dans mes affaires dans la chambre d'Evan...

Alors que le soleil commence à fortement décliné dans le ciel, on arrive au bord de la rivière Lyra. Un vieux pont en bois et en fer rouillé à notre droite est la seule tâche d'ombre sur le paysage : car devant nous, en contre-bas du plateau sur lequel nous nous trouvons, se trouve Salima, belle ville de pierres blanches et brunes, notre destination.

Princesse du FeuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant