Lundi 20 décembre 2019
Alex, Evan et moi avons préparé mes affaires en moins de dix minutes, et nous descendons dans la foulée rendre les clefs à l'accueil, où je suis très heureuse de laisser le réceptionniste bougon.
Evan m'a donné gracieusement un de ses sweats pour me cacher plus facilement qu'avec un des miens, car la capuche est beaucoup plus grande. Et soyons honnêtes, cela lui fait plaisir de me le donner, comme le ferait n'importe quel gars avec sa copine, autant que cela m'est utile. D'une pierre deux coups, quoi.
Nous rejoignons tous les trois le port de Salima, qui se trouve à la confluence de la Lyra et de l'Alma. Là se trouvent une soixantaine d'embarcations, qui vont du simple canot une place, aux grands gréements, semblables à ceux de la conquête de l'Amérique du XVIème siècle sur Terre.
Alex, en tant que porte-parole du groupe, nous déniche un bateau avec son capitaine et son équipage, qui acceptent à un prix raisonnable, de nous emmener jusqu'à l'île du portail des vents. Seulement sur la première partie du trajet, nous ne sommes pas les seuls passagers, et lors, et lors de l'embarquement, le capitaine s'adresse à la quinzaine de personnes fraîchement montées à bord.
-J'ai toujours refusé de laisser quelqu'un sur le quai, alors je vous ai tous acceptés à bord de La Merveilleuse, mais nous ne possédons que cinq cabines de deux places chacune. Alors vous vous débrouillez entre vous, je ne veux avoir aucune bagarre sur mon bâtiment le temps des cinq heures que va durer le voyage, sinon c'est retour à la case départ, et il n'y aura pas de deuxième avertissement !
Et voilà, il faut toujours que de telles situations m'arrivent. Je sens que cette fois-ci je ne vais pas échapper à devoir partager mon espace personnel avec Evan...
Les passagers se dispersent sur le bateau, et avec les deux mecs, un des membres de l'équipage nous mène à une cabine que nous partagerons à trois pour tout le trajet, escale comprise.
-Si vous avez le moindre questionnement ou la moindre requête, il y aura toujours un moussaillon sur le pont principal pour vous répondre et vous aider. On appareille dans moins de dix minutes, alors je vous conseille de vite poser vos affaires pour venir voir le navire manœuvrer et quitter le port. Après, ce ne sera que de la descente de rivière tranquille, et à part regarder le paysage répétitif, il n'y aura rien à faire.
Nous entassons nos sacs dans la pauvre commode imbriquée dans la paroi de la cabine, à la lumière d'une lanterne suspendue au plafond, et à laquelle Evan s'est cogné la tête en entrant dans la pièce. Puis nous remontons sur le pont principal, et tandis que le bateau quitte le port à un faible tirant d'eau, nous agissons comme des enfants et faisons au revoir de la main aux quelques marins présents sur le bord des quais du port de la ville.
Puis Evan et moi retournons à notre cabine, tandis qu'Alex décide d'aller prêter main forte à l'équipage en utilisant sa magie. Une fois que la porte est bien fermée derrière nous et que nous sommes seuls et tranquilles dans la pièce, Evan me demande :
-Est-ce qu'on peut s'entraîner ensemble à la magie en faisant de faux combats ? J'aimerai voir si tu es assez forte pour me battre...
J'accepte aussitôt, mais après quatre défaites en vingt minutes, il abandonne l'idée de pouvoir me battre grâce à la magie, je suis devenue bien plus puissante que lui.
Plus tard Alex nous rejoint, je lui raconte, très heureuse, les raclées que j'ai mises à Evan, et il se moque gentiment avec moi du pauvre Evan.
Nous passons le temps jusqu'à l'embouchure de la Lyra dans la Mer de Sud en parlant, et en nous racontant nos vies. Une fois arrivés au petit port qui est à quelques dizaines de mètres de l'embouchure du fleuve, le capitaine nous fait dire par son équipage que le bateau va faire une escale d'une petite demie-heure, le temps de faire descendre le reste des passagers arrivés à destination, et de préparer le navire pour le grand large et la traversée de la Mer et des courants qui nous attend.
Alors que le bateau s'apprête une nouvelle fois à appareiller, nous emmenant cette fois-ci à notre destination finale, je monte sur le pont accompagnée d'Evan qui refuse de me laisser seule une seule seconde, pour regarder la côte s'éloigner. Le vent marin et les embruns salés viennent me rafraichir immédiatement, et alors que je frissonne en m'accoudant au bastingage, Evan vient se poser juste derrière moi et m'enlace, ajoutant sa chaleur à la mienne.
De voir s'éloigner les longues plages de sable blanc, parfois brun (ça c'est surtout lorsque le fleuve rencontre la mer, car il transporte en lui les sédiments venus tout droit des Montagnes brunes auxquelles la Lyra prend sa source), et d'entendre le bruit des vagues qui tapent contre la coque du bateau, cela m'émeut, me remplit de joie et me détend. Et puis la présence d'Evan contre moi me réchauffe, autant le corps que le cœur.
Après près d'une heure passée en silence à observer la vaste étendue bleue sur laquelle nous voguons, nous décidons avec Evan de retourner à notre cabine pour nous reposer (parce que l'air marin, oui, ça fatigue). Nous y retrouvons Alex qui est en train de lire un livre à la vague lueur de la lanterne.
Evan le premier s'installe sur la couchette qui fait face à celle d'Alex, et je le rejoins, ne voulant pas m'asseoir sur le plancher de bois inégal, et qui ne me paraît pas très propre. Alors que je réfléchis à ma vie, une question me vient à l'esprit, qui n'a d'ailleurs pas vraiment de rapport avec ma vie...
-Au fait Evan, tu viens d'où dans le royaume ? Est-ce que tout le groupe a grandi à Mirasi ?
-Non, on s'est retrouvé petit à petit quand on est arrivé à la capitale pour faire mon études. Il n'y a qu'Elizabeth qui soit née à Mirasi, d'ailleurs l'appartement qu'on partage avec elle, elle le tient de ses grands-parents qui sont décédés il y a un peu moins d'une dizaine d'années.
-Et les autres vous venez d'où ?
-Moi de Ledima, une ville sur le Siam, un fleuve sur le continent est, qui part du sud-ouest des Montagnes des Lia et qui rejoint le Mer du Sud. Lia et Titouan viennent d'Ivaline, sur la côte est également, et c'est la deuxième ville la plus importante du royaume. Et Alex vient d'Adili, ville du continent ouest ; on en est, je pense, pas très loin en bateau. La ville est à la même hauteur que l'île du portail des vents, et la ville la plus proche de l'île par conséquent ; d'ailleurs dans cette ville il y a surtout des magiciens du vents.
On continue de parler du royaume d'Islya, et après une dizaine de minutes à me décrire l'emplacement de toutes les villes importantes réparties sur les deux continents du royaume, Evan décide de me dessiner une carte :
La fin du voyage se passe tranquillement, même si on a essuyé quelque grosses vagues, et on arrive sur l'île du portail alors qu'il fait déjà nuit et que nous serons bientôt demain.
Nous croisons quelques magiciens du vent qui partent ou reviennent de missions, et nous nous faisons tout petit avec Evan, jusqu'à être arrivés au portail, car on ne veut pas qu'on nous pose trop de questions alors que nous sommes si près du but...
Pour la seconde fois dans ma vie, je m'apprête à changer de monde parallèle. On s'accroche tous les trois entre nous, puis Alex, d'une main, anime le portail et nous traîne à sa suite à travers l'espace-temps. En à peine quelques secondes, nous nous retrouvons dans Notre-Dame.
Enfin de retour sur Terre.
Sauf que je ne suis pas venue ici pour passer des vacances.
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Princesse du Feu
ParanormalKaterina l'a toujours su, et en même temps l'a toujours caché, elle a un pouvoir magique : celui de maîtriser le feu. Enfin, maîtriser est un bien grand mot... car tout ce qu'elle arrive à faire, c'est déclencher des feux involontairement. Mais le j...