Dimanche 19 décembre 2020
Après une marche de trente minutes, nous rejoignons un groupe d'une vingtaine de jeunes, à l'entrée d'une ruelle constituée de vieilles baraques délabrées et fermée par des barrières en métal encrées au sol par des boulons ou un truc dans le genre qui visse les objet au sol.
Je souris intérieurement. Je sens, en regardant les élèves qui nous voient arriver les sourcils froncés, qu'ils vibrent d'impatience et d'excitation à l'idée de braver l'interdit (à masure que nous nous approchons du groupe, je distingue un panneau accrochée à une des barrières, sur lequel est écrit "Interdit d'aller plus loi ; Forbiden to go further").
Le professeur, en train de parler avec des élèves, lève les yeux quand il se rend compte que l'attention des jeunes magiciens se concentre maintenant plus sur nous que sur lui. Il s'avance immédiatement vers nous.
-Nous n'attendions plus que vous ! Alex, rappelez-moi les noms de vos camarades, car avec le temps j'ai de plus en plus de mal avec ma mémoire, même si toutes vos têtes me rappelle quelque chose...
Je me demande pourquoi ma tête lui rappelle quelque chose ? Sûrement parce qu'il connaît la famille royale...
-Kate et Evan.
-Très bien, très bien... Bonjour à tous les deux ! Maintenant, ne perdons pas de temps, et allons nous amuser en travaillant notre magie !
Quelques élèves enjambent les barrières qui font pratiquement ma taille, puis se retournent pour aider Clairlang à passer. Nous suivons le mouvement et passons les barrières en dernier avec mes amis. Les deux garçons les franchissent sans difficultés, puis d'un même geste me tendent la main pour m'aider à passer les barrières, et je ne peux qu'éclater de rire, posant chacune de mes mains sur les leurs, et descendant de la barrière comme une dame du monde le ferait de son carrosse. A mon action, les réactions des garçons ne se font pas attendre, même si elles sont totalement différentes : Alex lève les yeux au ciel et soupire d'exaspération, même si je distingue un sourire au coin de ses lèvres ; et Evan quant à lui ne me lâche pas tout de suite la main, et me dit :
-Madame veut jouer à la princesse ? Je me ferais un plaisir d'être son chevalier servant !
Je souris devant son immaturité, et nous descendons la ruelle éclairée par la lumière du soleil levant, qui fait briller les pierres brunes qui construisent les maisons que nous dépassons tour à tour. Au bout de la ruelle, en contre-bas d'une avancée rocheuse des premières montagnes du Massif des Pierres brunes, se trouve une ouverture dans la terre, assez verticale et étroite, qui s'enfonce sous terre et laisse voir des traces d'éboulements fréquents.
Je resserre la capuche de mon sweat et attache les cordons entre eux pour être sûre qu'elle n'aille pas s'en aller en s'accrochant dans une pierre saillante dépassant de la paroi. Il ne faut à aucun moment que les personnes avec qui nous nous trouvons puissent un seul instant penser que je suis une magicienne du feu. Heureusement pour nous (pour moi surtout, en fait) Clairlang pense que je suis une de ses anciennes élèves, et l'idée ne lui traversera donc pas l'esprit.
Alex, en tant que "second mailleur magicien du groupe" est désigné par Clairlang pour fermer la marche de la procession, et de le prévenir ("par vent" comme l'a si bien dit le professeur) au moindre pépin. J'entre donc juste avant lui dans le passage étroit qui va nous mener aux grottes, Evan ayant insisté pour être devant moi et me retenir si quelque chose m'arrivait.
Sans aucun équipement adapté (alors que ce que nous sommes en train de faire s'apparente plus à de la spéléologie qualifiée qu'à de la randonnée innocente souterraine), nous descendons presque à la verticale durant près de quinze minutes sur ce qu'il me semble être presque une centaine de mètre !
A plusieurs reprises je suis obligée de demander à Evan, juste en-dessous de moi, où est-ce que je peux poser mon pied, ne pouvant pas voir en-dessous de mes hanches à cause de la formation rocheuse dans laquelle nous nous enfonçons.
Soudain, je sens une main se poser sur ma hanche pour me faire stopper, et je me retourne vivement, prête à engueuler Evan (car ce ne peut être que lui). Mais lorsque je ne tourne, je fais face à un inconnu poser sur une corniche juste dans mon dos (c'est pour ça que je ne l'avais pas vu au début), qui me dit :
-Attends deux secondes avant de descendre, il faut que les gens soient prêts en bas pour te rattraper, parce que tu vas devoir sauter.
Je bouge un peu pour qu'il enlève sa main de moi, puis lui demande :
-Combien de mètres ?
-Tu vas descendre sur quatre-cinq mètres, puis tu devras sauter, à un peu plus de deux mètres du sol.
-Et les premiers qui sont passés ont fait comment ?
Le gars me regarde bizarrement , et en même temps qu'il me répond comme si j'étais la dernière des attardés, je me rends compte que j'ai fait une grosse gaffe :
-Ce sont des magiciens de la terre qui maitrisent assez leur magie pour pouvoir ramollir la pierre lors de leur atterrissage.
Effectivement. L'idée aurait dû me venir à l'esprit. Maintenant ce mec va m'avoir à l'œil... Je suis vraiment pas douée...
Après quelques instants d'attente dans un silence malaisant, le gars me fait signe que je peux descendre. Je n'attends pas pour m'enfoncer encore plus dans le goulot rocheux qui me mène dans les entrailles de la terre. A peine ma tête passe sous le niveau des pieds du mec, que je me trouve dans une vaste salle que forme la grotte, éclairée en contre-bas par quelques torches qui ont été allumées par les élèves juste avant la descente. Je me retrouve bloquée dans ma descente à presque trois mètres du sol, comme me l'avait dit le gars un peu plus tôt, sans pouvoir aller plus bas. Je me retourne à moitié tout en me cramponnant à la pierre.
-Saute le plus loin possible de la paroi, Kate !
Mais biens sûr ! Il est complètement maboul, il veut que je me tue ou quoi ?!
-Evan...
Mon ton n'est pas menaçant comme je l'espérais, mais plutôt tremblant à cause de la peur qui commence à me scier la gorge.
-Kate, saute, viens pas nous faire une scène !
Ah par contre, son ton à lui, il est pas mal énervé !
Ok. J'ai capté le message. Ne pas amener l'attention sur moi, donc ne pas me plaindre et suivre les directives (et ne pas poser de questions, j'ai bien vu où ça ma menée...). Alors je ne réfléchis pas (parce que si je commence à penser, je me connais, je vais rester sur cette paroi de longue minutes, voir des heures entières), et je saute.
Je me retiens de crier difficilement au moment où je lâche la roche, mais à peine ai-je le temps de me rendre compte que je tombe dans le vide, que je me sens rattrapée par plusieurs personnes, qui m'empêchent ainsi de venir m'écraser sur le sol comme une crêpe. Les bras musclés des gars qui m'ont réceptionnée me posent à terre durement, et j'ai du mal à me relever vivement. Heureusement pour moi (et pour lui aussi, je me doute qu'il profite du moment), Evan me maintient contre lui le temps que je retrouve mon équilibre et que je parvienne à me tenir debout sans aide.
A ma suite, sautent l'inconnu et Alex. Et nous nous retrouvons tous dans la grande salle formée par les pluies depuis des millions d'années. Cette grotte est gigantesque, autant qu'une cathédrale, je dirai.
-Bien, je ne suis venu ici qu'une seule fois auparavant, alors je ne me rappelle plus vraiment du réseau de grottes, de cavités et de souterrains qui les relient entre elles, alors dispersez-vous sans vous perdre, et préparez-vous à utiliser votre magie à n'importe quel moment. Je serai intransigeant !
Avec Alex et Evan on marche pendant cinq bonnes minutes à travers ce labyrinthe sous-terrain jusqu'à trouver une petite grotte avec une mare d'eau stagnante translucide au fond de la salle. Nous nous plaçons chacun dans un coin de la pièce, et comme nous sommes enfin seuls, j'enlève la capuche de mon sweat, et me prépare pour une expérience magique hors du commun.
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Princesse du Feu
ParanormalKaterina l'a toujours su, et en même temps l'a toujours caché, elle a un pouvoir magique : celui de maîtriser le feu. Enfin, maîtriser est un bien grand mot... car tout ce qu'elle arrive à faire, c'est déclencher des feux involontairement. Mais le j...