Chapitre 35 : bataille navale

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Vendredi 24 décembre 2019


Nous naviguons depuis une petite heure maintenant, et grâce à l'aide (qu'elle a accepté bien malgré elle) de Lucas et Randel, Aline parvient à faire avancer le bateau à une allure folle.

Nous devrions arriver avant le lever du soleil sur l'île, ce qui veut dire que nous pourrions être chez moi pour surprendre ma mère pour la journée du réveillon de Noël. Depuis que nous sommes sur ce bateau, c'est comme si un poids c'était enlevé de mes épaules.  Malgré le fait que je n'ai pas pu dire au revoir à mes amis, et particulièrement à Evan, je sens que je suis toute proche de la liberté. Et cela me remonte le moral et me permet d'entrevoir la perspective d'une vie future, sur Terre, avec mon frère, en toute harmonie.

Mais alors que je me complet à regarder les étoiles dans le ciel en m'accoudant au bastingage et en recevant des embruns glacials dans la figure qui me rappellent que je suis en vie, j'entends le cris d'Aline qui est en train de rabattre une voile en haut du mat.

-Des bateaux nous suivent et nous rattrape !

-Putain !

-Merde !

Lucas qui est à la barre tente de se retourner pour apercevoir les navires, mais la hauteur du bastingage arrière l'en empêche. C'est debout sur le parapet avec Randel que nous lui décrivons ce que nous voyons.

-Il y a trois navires de plus de cent tonneaux chacun, qui fonce droit sur nous ! Ils nous auront rattrapé d'ici une demi-heure !

-Ils ont un drapeau noir qui vole au vent en haut de chaque plus grand mats ! Et... On entend d'ici le bruit qu'ils font, avec le vent qui le porte vers nous !

Je suis tétanisée plus qu'effrayée. On était si près du but !

-Comment savaient-ils quelle direction prendre ?

Lucas se tourne vers moi pour me crier :

-C'est pas compliqué de comprendre qu'on veut se barrer au plus vite de ce foutu royaume, et que le portail le plus près c'est celui de feu ! Maintenant, il va falloir qu'on augmente la vitesse !

Au même moment Aline nous rejoint sur le pont, l'air pétrifiée et en colère.

-Ce sont des bateaux de la marine royale. Ces bateaux n'ont pas été sortis depuis l'éradication des magiciens de l'amour ! Ce sont des bateaux de combats ! Qui ne servent qu'à en couler d'autres ! Bon sang ! Mais c'est quoi ce bordel !

Je regarde Lucas et Randel qui soupirent. Là on est tellement dans la merde que je pense que ça ne sert plus à rien de cacher la vérité.

-Je vais te dire la vérité.

Les deux gars se tournent vers moi, les sourcils froncés, mais ne font aucun geste pour m'empêcher de parler.

-J'ai découvert que j'étais une magicienne du feu alors que je vivais sur Terre depuis que je suis née. Je suis venue à Islya pour apprendre à maitriser ma magie et découvrir qui est mon père. Il s'agit du Roi, et quand ce dernier l'a appris il m'a immédiatement condamnée à mort. Lucas et Randel m'aident à m'échapper, et nous sommes donc tous les trois mis sur la liste noir des magiciens. Avec toi maintenant, vu que tu nous as aidé, même si pour de vrai tu n'as pas eu le choix, à aller jusqu'à l'île du portail du feu.

-Pardon ?! Mais vous vous foutez de ma gueule ?!  Vous êtes des putains de condamnés à mort et vous venez me foutre dans votre merde ?!

Randel, qui n'a pas quitté les navires adverses des yeux se tourne vers elle et lui dit, d'une voix qui n'entend aucune réplique :

-Écoute moi bien, tu n'as plus le choix. Soit tu te bas avec nous pour éviter la mort, soit tu meurs en essayant de sauver ta peau en nous vendant. Quoi que tu fasses il y a très peu de chance que tu t'en sortes. Mais avec nous il y en a plus.

Je vois se jouer dans son regard un combat mental. La vie et la peur se battent pour savoir de quelle manière elle va agir. Je vois son regard se fortifier et devenir vide d'émotion au moment où elle prend sa décision.

Mais elle ne dit pas un mot et rejoint Randel sur le parapet à l'arrière du bateau. Elle lui prend la main sans rien dire, mais ils échangent un rapide coup d'œil, Randel hoche la tête, et d'un coup ils lèvent leurs mains et agitent les vents qui nous entourent.

S'ensuit alors une course contre la montre et contre les vents.

Randel et Aline sont forts et puissants, et le vent est avec nous, mais il est  également avec les bateaux ennemis, qui tentent de les arrêtés quand ils passent à leur portée, pour qu'ils ne viennent pas jusqu'à nous, ce qui leur permet de nous rattraper rapidement.

Ils se rapprochent tellement que je commence à distinguer les personnes s'agiter sur les ponts supérieurs de chaque navire. Et ils sont en train d'armer des canons.

-Ils vont nous tirer dessus !

Randel et Aline sont dans une transe car ils maintiennent le plus possible qu'ils peuvent les vents en notre faveur, ce qui ne laisse que Lucas (qui tient la barre et dois garder le cap) et moi pour faire face aux trois bateaux de la marine royale. La pure merde, quoi.

Mais je suis si près de la victoire, de la vie, du monde terrestre, que je ne supporte pas l'idée de perdre tout espoir si près du but. je vais me battre, et je vais gagner. Jamais je ne les laisserai faire du mal en plus à ceux qui m'aident et qui ne sont nullement responsable des actes de mon connard de père et de mon existence.

Alors je monte sur le parapet à côté d'Aline, et je me concentre fortement. Ces couillons n'ont pas l'habitude de se battre contre une magicienne du feu qui a la rage de vivre.

Je fabrique de simple boule de feu, mais je mets toute ma force et mon désespoir pour les envoyer tout droit sur les bateaux ennemis. Mes boules atteignent à chaque fois leur cible, mais elle sont ridicule face à l'ampleur de la tâche à accomplir. Ce n'est pas en enflammant un carré de toile ou un bout de corde que je vais venir à bout de trois navires d'une centaine de marins et soldats chacun.

Si seulement on pouvait aller plus vite et les distancer... On aurait eu un putain de bateau à moteur ça aurait pas été la même histoire ! Un moteur... C'est quoi un moteur ? C'est de l'énergie, non ? Juste de la puissance.

Et j'en ai, moi, de la puissance !

Alors je fais corps avec ma magie au plus profond de moi, et je précipite un jet de feu méga puissant sur l'eau à l'arrière du bateau. Et l'effet ne se fait pas attendre. Le bateau fait un bon, comme dans un film, et avance d'un coup à toute berzingue. Je me maintient contre le parapet tandis que Randel et Aline, qui ont été projetés à plat-ventre sur le pont se relèvent, déboussolés.

Je sais que je ne tiendrais pas éternellement avec une telle puissance, mais assez pour distancer ces connards de gardes royaux qui nous pourchassent.


Princesse du FeuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant