Un océan émeraude {TAG x OC} _ f2rx

Chapitre 18 _ part 2

Ses deux sacs bringueballants dans son dos, heurtant ses côtes à un rythme régulier, Tag traversa l'esplanade devant la patinoire à grande foulée. Alors qu'il évitait habilement les passants, il la cherchait du regard. Il lâcha un râle de colère quand il aperçut le bus s'arrêter pour prendre de nouveaux passagers. Il était encore à une bonne centaine de mètres et n'arriverait pas à temps pour montrer dedans. De plus, il n'était même pas certain qu'elle fasse partie des personnes amassées à l'arrêt de bus. Le jeune homme ralentit sa course, vaincu. Lorsque le bus passa devant lui, il scanna tous les visages et trouva ce qu'il cherchait. Kay Leen était là, assise trois rangées avant le fond, une expression mêlant tristesse, colère et dégoût sur le visage.

Tag resta un instant interdit. Il cherchait à comprendre ce qui s'était passé, ce qu'il avait raté. Le jeune athlète passait en revue les événements de l'après-midi. Kay semblait heureuse de le voir, leur étreinte était sincère et passionnée, son sourire, si solaire, laissait supposer qu'elle avait apprécié son choix de sortie et de monter sur la glace. C'était certainement durant la course que quelque chose avait dérapé. Peut-être s'était-elle fait peur ? S'était-elle blessée? Quelqu'un l'aurait-il poussé ? ou bien touché ? Aurait-eu des propos déplacés ? Quelque soit la bonne réponse, il se maudissait de ne pas avoir été là pour l'empêcher. Alors qu'il était planté au milieu du trottoir, le bus maintenant hors de vue, Tag se rappela la déclamation d'Alexander.

"Va chez son père et, putain, parlez ! Et si elle veut pas, insiste, car faut qu'elle vide son sac ma Kay !"

"Va chez son père et, putain, parlez !"

"VA CHEZ SON PÈRE"

Ni une, ni deux, il rejoint l'arrêt de bus pour voir quand le prochain était censé arriver. Temps d'attente restant : 7 minutes. 7 minutes lui paraissait une éternité, mais il arriverait tout de même plus vite chez Paul, qui habitait de l'autre côté de la ville, qu'en y allant à pied. Assis sur le banc métallique couvert de graffitis amateurs, Tag faisait sautiller nerveusement ses jambes en alternance.

– Vous devriez vous détendre, jeune homme. Fatiguer vos jambes ainsi ne fera pas arriver le bus plus vite, malheureusement.

Le jeune homme leva les yeux pour tomber dans deux iris d'un bleu pâle. Une vieille femme munie d'une canne en bois lui souriait. D'un bond, il se mit sur ses pieds pour lui laisser la place.

– Ne vous inquiétez pas pour moi ! Je suis mieux debout qu'assise avec mon dos. Elle est jolie ? Demanda la sextagénaire.

– Pardon ?

– La jeune fille qui vous met dans tous vos états, elle est jolie ?

– Oui... plutôt. En tout cas, moi je la trouve superbe ! Mais j'ai peut-être tout gâché. Soupira Tag.

– Ne dites pas ça ! Rien n'est irréversible. En amour, une parole douce, des excuses sincères, et de l'honnêteté résolvent souvent tout !

– Sûrement... Mais pour s'excuser, encore faut-il savoir pourquoi... C'est peut-être même pas à moi de m'excuser... Ah voilà le bus !

Tag indiqua le bus en offrant son bras à la vieille femme afin de l'aider à se hisser sur la première marche du bloc de métal à moteur. Pendant le trajet, ils poursuivirent leur discussion. Elle se nommait Arlette, elle était mariée à Hugues et ils venaient de fêter leurs 50 ans de mariage ; les noces d'Or. Ils avaient 3 enfants et avaient déjà 7 petits enfants. Il apprit également qu'elle avait deux jeunes frères, et que c'était comme ça qu'elle avait reconnu l'attitude de Tag plus tôt. Finalement, ils se saluèrent lorsque le bus se stoppa à l'arrêt le plus proche de la maison de l'arbitre.

Le jeune sportif se remit en route à grande foulée à travers les rues de la banlieue Est, mais il ralentit jusqu'à s'immobiliser totalement à quelques mètres du portail de chez Paul et Kay Leen. Il se doutait qu'elle était rentrée et que son père l'avait certainement récupérée dans un état pitoyable. La dernière fois, Paul avait été accueillant et bienveillant. Mais le serait-il encore aujourd'hui ? Pourrait-il la voir et s'expliquer avec sa copine ? Il finit par sortir son téléphone et constata qu'elle lui avait envoyé un message.