Chapitre 23

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Tag était encore confus par rapport aux événements qui venaient de se produire et, son premier réflexe, tout en se rendant dans le salon, fut d'appeler Kay Leen. Les cinq sonneries lui semblèrent interminables, et il râla quand il tomba sur son répondeur. Il venait d'enfiler ses chaussures. Il mit le premier manteau qu'il trouva sur son dos et quitta la maison en trombe.

La nuit était d'encre, entre les quelques nuages et les éclairages publics faiblards, aucune étoile ne luisait dans le ciel. Il ouvrit le grand portail au bout de l'allée. Il espérait secrètement qu'elle s'était arrêtée là ; qu'il allait la retrouver accroupie contre le mur à quelques mètres des portes en bois, l'air désolée. Il n'aurait alors qu'à la rassurer et à la ramener à l'intérieur, au chaud et en sécurité. Mais il n'y avait personne, la rue était déserte.

– Merde !

Il saisit à nouveau son téléphone et tenta de la rappeler, marchant d'un pas lent au cas où une silhouette familière se dessinerait dans la pénombre.

Bonjour ! Vous êtes bien sur le Répondeur de Kay, laissez-moi un p'tit message et je vous rappelle, plus tard !

La voix enjouée du répondeur était en total contraste avec l'état d'esprit de Tag qui hésita un instant à lui laisser un message. Mais il devait rétablir le contact, il devait faire en sorte qu'elle sache qu'il était inquiet pour elle et qu'il la cherchait.

– Kay...Euh... C'est... C'est moi, princesse ! Ch'ai pas ce qui se passe, mais c'est pas grave, ok ! Rappelle-moi pour, au moins, me dire que tu vas bien ! Je viens chez toi !

Le portable de retour dans la poche de sa doudoune bleu marine, il s'immobilisa. Il lâcha un profond soupir, vidant ses poumons de tout l'air vicié par l'angoisse, avant de les remplir d'air frais. Le regard déterminé, il partit à grandes foulées sur le chemin qu'il pensait le plus probable pour rentrer chez Paul. Au loin, bien trop loin pour qu'il puisse distinguer les silhouettes qui s'y trouvaient, le bus venait de s'arrêter. Il savait qu'il atteindrait le lieu de l'arrêt de bus bien après le départ du véhicule, mais il avait bon espoir que Kay Leen soit devant. Au moins, elle serait au chaud et non pas en plein milieu du froid humide de cette nuit d'automne.

Sur le chemin, il envoya de nombreux messages à Kay Leen. Mais toujours rien. Ses messages restaient sur le statut "non lu", ce qui commença à l'inquiéter. Pourquoi ne lisait-elle pas ses messages ? Si elle était simplement fâchée, elle lirait sûrement ses messages sans y répondre ! L'anxiété grandissante brouillait son esprit. Il avait du mal à réfléchir, à penser de manière cohérente. Des images de sa petite amie perdue dans une ruelle, blessée ou pire encore, se faisant agresser, tournaient en boucle dans son esprit.

Il composa à nouveau son numéro, mais cette fois, il tomba directement sur sa messagerie. Son portable était probablement déchargé. Cela expliquait son absence de réponses, le fait qu'elle ne lise pas ses messages, et lui donnait l'espoir qu'elle le contacterait dès qu'elle serait rentrée. Toutefois, il n'était qu'à moitié convaincu et continuait sa course folle dans les rues de la ville.

Cela faisait un peu plus d'un quart d'heure qu'il courait dans des rues mal éclairées quand il aperçut la maison de Paul et Kay Leen. Il ralentit le pas et finit les derniers mètres en marchant. Le jeune sportif, dont la doudoune d'hiver lui semblait une vraie combinaison de sudation après son footing nocturne, se sentait aussi content d'être arrivé qu'anxieux à l'idée qu'elle ne soit pas là. Car si Kay Leen, qui avait probablement pris le bus, n'était pas déjà arrivée, il ne savait absolument pas où la chercher.

Chaque pas résonnait en lui comme un coup de mailloche sur un gong. Son cœur semblait être le seul bruit présent à l'intérieur de son corps quand il aperçut enfin la façade de la petite maison de ville. Il expira longuement, car il venait de prendre conscience qu'il retenait son souffle depuis plusieurs secondes déjà. La fenêtre de la chambre de Kay Leen était allumée. Elle était rentrée.

Un océan émeraude {TAG x OC} _ f2rxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant