Chapitre 11 : Mariage

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Au matin, les cernes de Keril sont encore plus profonds que la veille. Mais si cette nouvelle nuit pauvre en sommeil ne fait que prolonger la liste déjà longue de ses veillées, au moins cette fois a-t-il le sentiment que celle-ci puisse le faire avancer vers la fin de la guerre.

Avant même l'aube, il fait réveiller cuisinières et couturières, et envoie l'un de ses gardes au camp afin de quérir ses conseillers au plus tôt, tandis qu'un autre part en quête d'un officiant.

Devant son miroir alors que le soleil frappe à peine à sa fenêtre, il prend le temps d'une chose à laquelle il n'a jamais prêté attention : son allure. Il ne se contente pas du rapide passage de ses mains dans ses épais cheveux bruns, mais les coiffe et les place avec attention. De même, il choisit sa tenue avec soin, vérifiant que le fin tissu pourpre mette en valeur sa musculature et souligne son bronzage hérité de sa vie au grand air, lequel met à l'honneur ses yeux d'or. S'il regrette que tous ses pantalons soient de cuir, une fois revêtu, il n'a plus rien à leur reprocher.

Une des couturières passe sa porte, portant dans ses bras une lourde cape de velours brodée, qu'elle l'aide à poser sur ses épaules, avant que le Roi ne l'envoie vers le Prince Sidon, tout en insistant pour qu'elle et ses consœurs lui réalisent pour l'après-midi même un vêtement digne de son rang, dans le tissu le plus clair qu'elles pourront trouver.

Puis il se tourne une dernière fois vers son miroir, satisfait de ce que celui-ci lui renvoie. Après tout, un Roi ne se marie qu'une fois.

Réveillé par le brouhaha provenant du couloir, Sidon entrouvre sa porte avant que celle-ci ne soit passée presque de force par trois femmes armées de bâtons-mesures et de tissus.

_ Bonjour, Votre Altesse. C'est le grand jour, alors ?

_ B... Bonjour. Quel grand jour ? » les regarde-t-il l'obliger à grimper sur une bassine qu'elles posent à l'envers.

_ Ne soyez pas si tendu ! Même si c'est normal ! On est toujours tendu le jour de ses noces !

_ Le jour de ses quoi ? » s'étouffe-t-il alors qu'elles s'activent toutes autour de lui.

_ Quatre mesures et demie de haut. » dit l'une.

_ Trois quart de mesure aux épaules. » piaille une autre. « Une demie à la taille, et à peine plus aux hanches. Vous avez un corps de jeune fille !

_ Je... Je suis Oméga... » se balbutie-t-il.

_ Voilà qui explique tout ! L'entrejambes est à deux mesures !

_ Et les bras font...

Mais il ne lui laisse pas prendre la dimension souhaitée. Lui arrachant son bras, il quitte son piédestal, attrape au vol une longue et épaisse robe de chambre, et à peine plus vêtu, il traverse les couloirs d'un pas vif, ouvrant à la volée différentes portes pour trouver son hôte.

_ Puis-je savoir ce que c'est que cette histoire de noces ? » hurle-t-il en pénétrant dans la grande salle, attirant sur lui tous les regards.

Mais parmi les yeux posés sur lui, seuls ceux d'or l'intéressent, alors que les femmes qui l'entourent depuis son réveil continuent de prendre ses mesures.

_ Vous l'avez dit vous-même, Sidon : vous êtes pas un prostitué, mais un Prince. Donc en tant que tel, je ne peux vous mettre dans mon lit pour vous marquer que si vous êtes mon époux. Retournez dans vos appartements. Les couturières ont mieux à faire que de vous courir après dans tout le château. » ne s'intéresse-t-il à nouveau qu'aux documents présents devant lui.

_ Je vois. Puis-je au moins savoir quand aura lieu cette cérémonie que vous semblez prendre pour acquise ?

_ Cet après-midi. A moins que vous refusiez de tenir vos promesses. » rive-t-il son regard au sien.

La Vengeance d'un Oméga [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant