Chapitre 13 : Départ de Kaspaz

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L'aube le trouve au fond de son large fauteuil royal, seul dans sa salle du trône, les cernes lui mangeant le visage plus encore qu'à leur habitude. Une nouvelle fois, il n'a pas dormi de la nuit. Cette perte de contrôle qu'a induite le rut, il a beau la savoir naturelle, il ne peut l'accepter.

A plusieurs reprises au cours de sa veille, il a marché jusqu'à ses appartements où dormait celui qui est désormais son Oméga, pour s'assurer qu'il ne subissait plus ses chaleurs, mais aussi par désir de s'excuser auprès de lui pour son comportement brutal. Mais à chaque fois, au moment de saisir la poignée, il a renoncé, son ego refusant de s'aplatir, et sa honte le retenant d'avouer la faiblesse dont il a fait preuve face au rut.

De la grande salle voisine, il entend les babillements des domestiques qui préparent le petit déjeuner. Il ne retient pas une grimace en pensant que, lorsqu'elles vont venir les chercher dans sa chambre et ne trouver que son époux, elles ne pourront s'empêcher d'en discuter entre elles, de lancer mille-et-une rumeurs sur son mariage. Il entend déjà les murmures évoquant une alliance politique et militaire, les chuchotements sur le manque de cohésion de leur couple. Peut-être même certaines oseront-elles évoquer dans son dos, son absence dans le lit conjugal au matin de leur nuit de noce. Et, aux caprices déjà faits par Sidon, nul doute qu'elles propageront l'idée que l'Oméga l'en a chassé.

Lui, le Roi de Kaspaz, un Alpha, mis à la porte de ses appartements par un Oméga étranger. Lui-même ne peut s'empêcher de ricaner. Mais plutôt ça que la vérité. Nul ne doit savoir que le Prince Consort lui fait perdre tout contrôle sur lui-même.

L'écho de la ville monte jusqu'à ses fenêtres, lui portant le son des cloches qui annoncent l'heure du lever. Alors, pour ne pas subir l'humiliation des ragots, il se redresse, se drape de sa lourde cape récupérée dans sa fuite nocturne, précède les servantes dans les couloirs menant à ses appartements, et, à quelques pas de sa porte, il fait volte-face et avance d'un pas assuré, comme s'il les quittait seulement.

_ Le Prince Consort dort encore. » fait-il quand il arrive au-devant de celle chargée de son réveil. « Il a besoin de repos.

Le doute passe dans le regard de la domestique qui se redresse de sa révérence en fronçant quelque peu les sourcils.

_ Un problème ?

_ Loin d' moi l'idée d' vous contredire, Majesté. Mais votre époux s'est l'vé avant l'aube. L'est dans la cour du château à rassembler les hommes.

Un instant qui semble une éternité à Keril s'écoule, et il reprend contenance.

_ Je me suis moi-même levé très tôt. L'obscurité de mes appartements m'aura trompé.

_ Oui, Majesté. Certainement. » s'incline-t-elle à nouveau.

Sans rien ajouter, Keril la laisse là, pressant le pas en serrant les dents, dédaignant la grande salle pour la cour.

Là, vêtu de son habit d'Homme du Désert mais tout de même emmitouflé dans la lourde cape de fourrure rousse, il parle à grand renfort de gestes pour se faire obéir... sans grands résultats.

_ J'obéis pas aux ordres d'un Oméga ! » lui crache un soldat.

_ Je suis certain que le mot ''hiérarchie'' ne t'est pas inconnu.

_ Z' êtes Consort, et pas Roi ! Z' avez aucun pouvoir !

_ Je vois. » ne cherche-t-il pas à se faire menaçant. « Saches cependant que les choses ne seront pas toujours ainsi, et compte sur moi pour qu'elles évoluent très vite.

Il se détourne du soldat et fait quelques pas vers l'entrée du château avant de s'arrêter. Devant lui, Keril le fixe de son regard or si froid. Mais Sidon ne se laisse pas impressionner et reprends sa marche vers sa nouvelle cible. Après tout, ils sont à présent liés, alors inutile de perdre plus de temps.

La Vengeance d'un Oméga [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant