La Vengeance d'un Oméga [Terminée]

Chapitre 36 : Epilogue

L'un dans les bras de l'autre, ils se regardent, se cajolent. Par moment, l'Alpha prend les lèvres de l'Oméga pour un baiser doux et tendre. S'il ne s'était pas mépris le soir de leurs noces, jamais il n'aurait été privé du plaisir de les embrasser, et tout aurait pu être différent entre eux. Mais l'heure n'est plus aux regrets, mais à la construction de l'avenir.

_ Keril, il faut que je te parle de quelque chose. Je...

_ Votre Majesté ! » s'invite dans leurs appartements un serviteur sans y avoir été invité. « La procession kaspazienne est là.

_ J'arrive. » le congédie-t-il. « Tu me diras ça ce soir.

Il repousse ses contestations d'un baiser qui le laisse pantois et apathique et quitte leur chambre, une simple robe de chambre de lin comme vêtement royal.

La journée s'écoule, semblable aux autres, si ce n'est le plaisir qu'a le jeune Oméga de revoir Exef et de discuter avec lui.

Mais tous ne sont pas aussi ravis d'être là que le conseiller en charge de la politique commune avec Ruhne. Et, lors d'une réunion à huis clos, les langues se délient. On reproche à Keril son départ précipité, sans préparation, sans escorte. Et tout ça pour quoi ? Il devait annuler son mariage avec Sidon, et non le confirmer. Pour les conseillers, il est clair que leur Roi se fait abuser par le ruhnien, que celui-ci aveugle son esprit par des huiles ou par ses phéromones, qu'un retour à Kaspaz l'en libérerait et prouverait la justesse de leurs propos.

Keril les écoute avec son sang-froid habituel. Il ne prend pas parti, ne donne pas son avis, et ne parle que pour inciter ses conseillers à expliciter le fond de leurs pensées. Mais aucun de leurs arguments ne l'atteint. Il échange même l'un ou l'autre regard avec Exef, lequel peine à reste aussi stoïque que son souverain. Par moment, il manque de répliquer par l'une ou l'autre boutade de son cru, qui mettrait en avant les avantages que les détracteurs du Roi Sidon cherchent à récupérer avec une union royale avec Solade ou Boïd.

_ Roi Keril. Quoi que vous en disiez, vous délaissez Kaspaz au profit de Ruhne !

_ Et en quoi je délaisse Kaspaz ? J'ai pas laissé là-bas des hommes de confiance ? Vous pensez que je dois en remplacer certains ?

Il a beau se mordre les lèvres aussi fort qu'il le peut pour se contenir, Exef pouffe sous le sous-entendu limpide de son Roi, alors que plusieurs de ses adversaires se rembrunissent.

_ Mes Seigneurs, je vais être très clair. Je répudierai pas Sidon. Il est mon époux et mon Oméga. Pour ce qui est de Solade et Boïd, il me semble que les Omégas qui me sont proposés en mariage sont pas de sang royal. Sidon l'est. Par contre, si l'un ou l'autre d'entre vous souhaite s'unir à des familles de Solade et Boïd, sachez que j'appuierai sa requête. Nous sommes en paix, mes Seigneurs. Et toute démarche visant à garantir et à étendre cette paix sera saluée et encouragée. » quitte-t-il sa chaise. « A présent, si vous voulez bien m'excuser, je crois que nous avons fait le tour des points concernant la gestion de Kaspaz, et j'ai des points similaires à valider auprès des ruhniens également. S'il vous reste des questions, nous pourrons bien sûr les aborder au dîner.

_ Avec des ruhniens... » grogne l'un.

_ Faites-vous à l'idée qu'ils sont aussi mon peuple désormais.

_ Vous auriez dû les annexer à Kaspaz.

_ Je refuse de marcher dans les pas de Parag en cherchant à écraser une civilisation. » se fait-il dur. « Et si j'encourage les unions avec Solade et Boïd, je punirai avec sévérité tout rapprochement qui mettrait en danger mes choix. Qu'aucun de vous s'imagine que c'est par faiblesse que j'ai choisi de rester marié au Roi Sidon. Tout comme pendant cette guerre qui a enfin pris fin, mon Oméga est un soutien indéfectible pour la réussite de mes projets. Nous avons une vision commune de ce que doit être l'avenir de Kaspaz et Ruhne. Et je laisserai personne, Alpha, Béta ou Oméga, ruhnien ou kaspazien, se mettre en travers de ma route. Je suis assez clair ?

Il les fixe tour à tour, attendant que chacun acquiesce à ses dires.

_ Bien. Ce point étant réglé, je gère deux royaumes. Vous m'excuserez donc de pas avoir plus de temps à consacrer à vos revendications, dont certaines sont à la limite de la menace de mutinerie. Je laisserai rien passer. Tenez-vous-le pour dit.

_ Tout va bien ? » l'interroge Sidon lorsqu'il le rejoint d'un pas vif dans la salle du trône.

Ces dernières semaines, et en particulier depuis son retour à ses côtés, l'Oméga a appris à lire dans les mouvements de son époux ce que son visage impassible n'exprime pas.

_ Tu voulais me dire quelque chose, je crois. » balaye-t-il sa question d'un revers de main.

_ Nous en parlerons ce soir, quand nous serons seuls et que tu seras calmé.

Il lui offre un sourire taquin en lui laissant le trône, et profite qu'il prenne place pour lui voler un baiser.

Keril ne demanderai qu'une chose en cet instant : que la journée soit déjà achevée et qu'il puisse enlacer son époux pour un baiser plus profond qui le détendrait sans délai. Mais ils sont en public, et aucun d'eux ne souhaite exposer cette facette de leur union. Aussi se contente-t-il de plonger dans ses yeux marron pour y puiser le soutien et l'amour qui lui sont nécessaire pour achever cette journée.

_ Sidon ? De quoi tu voulais me parler ? » le rejoint-il à la nuit tombante sur la terrasse de leur chambre.

_ C'est à propos de ce dont nous avons discuté brièvement ce matin. » rougit-il en se mordant la lèvre. « Je... J'espère que ça te fera autant plaisir qu'à moi.

Il croise les yeux d'or qui le couvent et ses dents relâchent ses lèvres étirées par son sourire.

_ Je suis enceint, Keril.

La bouche soudain sèche, le kaspazien lève la main, caresse la joue de son époux, glisse ses doigts dans ses cheveux clairs, et maintient sa nuque alors qu'il se penche sur lui pour prendre ses lèvres sombres.

Qu'un de ses conseillers ose encore lui dire qu'il commet une erreur.

FIN