Chapitre 28 : Les portes de Ruhne

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Keril n'a de nouveau pas passé la nuit à ses côtés. Mais, au matin, Sidon le trouve devant leur tente, les yeux cernés, et à bout de force.

_ Tu as passé la nuit à préparer l'attaque... » se retient-il de caresser son visage pour ne pas être repoussé.

Il voit la constriction dans le corps de son Oméga, son dégoût de le toucher. Un sourire mesquin se dessine sur ses lèvres.

_ C'est un problème ? Tu veux plus ta vengeance ?

_ Ce n'est pas la question, Keril. Tu as besoin de sommeil.

_ T'as plus tes huiles ?

_ Si. Viens. » le précède-t-il dans la tente. « Mais ce n'est pas une solution. Ton corps a besoin de repos. Mes huiles peuvent le stimuler, mais ça ne remplace pas une nuit de sommeil.

_ Mes tempes, ma nuque et le bas de mon dos. C'est bien ça ? » l'ignore-t-il en retirant sa darâa.

_ Oui. S'il te plait. » répond-il à mi-voix pour l'empêcher de se briser.


_ Comment penses-tu procéder ? » s'informe-t-il pour détourner son esprit du froid Alpha.

_ De ce que tu nous en as dit, il nous reste un jour de route jusqu'aux portes de Ruhne. Nous avancerons jusqu'à midi, puis nous camperons en attendant le couché du soleil. En arrivant de nuit, nous aurons l'avantage de la surprise à défaut de celle du terrain.

_ Ça n'ira pas, Keril. Les portes de la cité sont fermées la nuit. Et si elles sont grandes, elles sont surtout lourdes et indéplaçables sans les leviers à l'intérieur. Comme celle du camp d'approvisionnement.

Sous ses doigts qui le massent, son époux se tend à l'évocation du camp qui a coûté la vie à Zécop.

_ Et tu proposes quoi ?

Sidon se retient de soupirer sous le ton agressif et réfléchit un instant en poursuivant son ouvrage.

_ Peut-être arriver au crépuscule. Ou à l'aube. Que ce soit de jour comme de nuit, je pourrais vous guider dans la ville et le palais.

_ Parce que tu crois que tu vas nous accompagner ?

_ Est-ce qu'on peut passer une journée sans se disputer ? » soupire-t-il en essuyant ses doigts. « Je connais mieux les lieux que quiconque. J'ai passé ma vie là-bas. Je sais que je ne suis pas maître dans le maniement des armes, mais je ne suis pas ignare non plus. Je promets que je ne te gênerai pas.

_ Je refuse que tu sois armé. » se retourne-t-il avant de se redresser.

_ Je n'irai pas à Ruhne sans arme, alors que Günter et mon père veulent ma mort ! » se lève-t-il à son tour. « Et tu as besoin de moi pour vous guider !

_ Hors de question que je prenne un tel risque.

_ Mais qu'est-ce que je dois faire pour que tu aies confiance en moi ? » craque l'Oméga en s'éloignant, avant de lui faire face à nouveau, mais les yeux pleins de larmes. « Je n'ai aucun intérêt à ce que cette opération se passe mal, Keril ! Déjà parce que tu es mon Alpha, mais aussi parce que je veux en finir avec tout ça ! » écarte-t-il ses bras pour désigner tout ce qui l'entoure. « Je n'en peux plus de cette vie, et je n'en peux plus de vivre avec cette haine qui me dévore ! Je veux les voir morts ! Mon père et Günter ! Je veux retrouver mon royaume et mon palais ! Mais je veux pouvoir y vivre libre d'être ce que je suis ! Je sais que je ne peux rien sans toi et l'armée que nous avons coalisée, mais pour prendre Ruhne, tu auras besoin de moi, Keril ! Je te remercie d'avoir cherché à me protéger en me gardant en arrière, mais ça ne sera pas possible cette fois ! Je sais qu'il y aura des combats, je sais que ce sera dangereux... Mais je connais cette ville, Keril. J'en connais les moindres recoins ! Je... Je ne l'ai compris que quand j'ai fui... » s'éteint sa voix. « Mais ma... Ma mère... Elle a passé des années à me préparer à fuir, mais aussi à revenir. Je sais sortir du palais sans être vu, mais aussi y entrer ! Laisse-moi venir avec toi ! Je... Je me contenterai de poignards si ça peut te rassurer. Et je resterai autant en arrière que possible... Tu auras ce que je t'ai promis, Keril. Mais tu vas devoir accepter que je vienne avec toi.



La Vengeance d'un Oméga [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant