Les jours passent et se ressemblent. Se lever, manger avec ses conseillers, réunions sur les choses à mettre en place pour redresser le royaume, déjeuners qu'il saute autant que possible, départs des uns pour retrouver leurs Omégas, retours de ceux partis dès leur victoire... Et ces interminables auditions du peuple et de ses demandes, invariablement ponctuées d'Omégas se présentant pour ''entrer à son service''. Et enfin, la nuit. Solitaire. Et ce cycle infini qui reprend.
Certains soirs, s'il tend l'oreille, il entend des gémissements. Certains de ses conseillers ayant installé leur Oméga dans leurs appartements, il n'a aucun doute sur la nature de leur activité. Et, à chaque fois, quoi qu'il fasse pour éviter cette pensée, il se remémore les cris de Sidon, la satisfaction qu'il tirait de l'avoir contre lui, de le posséder, de l'entendre manifester son plaisir. Il se souvient de sa peau douce sous ses doigts calleux, de son parfum épicé, du goût suave de sa peau quand il le mordait. Puis, il se tourne, se flagellant de penser à lui, et se répète encore et encore que ce n'était qu'une union politique et militaire. Rien d'autre.
Un matin, après une nuit hanté par les sourires de Sidon, par son côté intraitable, voire dur et même glaçant après l'exécution de son père, il arrive dans la grande salle. Il grogne d'y trouver ses conseillers attablés avec leurs Omégas, riants et gloussants, lui qui n'aspire qu'au calme et à la solitude.
_ Nous allons remettre en place quelques points du protocole. » grogne-t-il en prenant place dans le bruit ambiant. « A commencer par un retour à la déférence due au Roi.
Ils se figent tous et le fixent, incertains du comportement devant être le leur.
_ C'est vrai qu' vous en aviez parlé après votre mariage ! Dire qu'on pensait qu' vous l'aviez dit pour faire plaisir à votre Oméga ! » s'amuse un conseiller.
_ Ne parlez pas de lui. » gronde Keril d'une voix sourde, ses poings serrés sur ses couverts. « Contentez-vous de faire ce que je demande.
A l'autre bout de la table, alors que les rires reprennent avec moins d'entrain, Exef regarde son souverain manger à coup de gestes brusques et mal contenus.
_ Votre Majesté ? » tente le conseiller lors d'une sortie à cheval qui les fait traverser la forêt en direction du camp en court de démontage. « Au risque de provoquer votre colère, pourquoi refusez-vous de l'admettre ?
_ Je me mets jamais en colère, Exef. Je suis un Roi, et un Roi se doit de se contrôler à tout instant.
Exef ne lui rétorque pas qu'il a vu son prédécesseur piquer une colère lors de la demande de Parag de lui livrer les Omégas kaspaziens, ni qu'il l'a vu en larmes lors du décès de son épouse adorée. Il préfère obtenir réponse à la question que son Roi a évitée avec si peu de subtilité.
_ Pourquoi ne pas admettre qu'il vous manque ?
_ Commencez pas, Exef.
_ Votre Majesté, ce que vous ressentez est normal. Il est votre Oméga. Votre bien-être est lié au sien et réciproquement. Le nier n'y changera rien.
Il voit le plus jeune serrer les rênes au point d'en avoir les jointures blanches, grincer des dents de façon presque audible. Pour un peu, il pourrait entendre son cœur hurler d'être bâillonné.
_ Avez-vous de ses nouvelles ? » tente-t-il une autre approche.
_ Pourquoi j'en aurai ? Le Roi Sidon a besoin de personne, et certainement pas d'un Alpha kaspazien. » transparaît dans sa voix l'amertume.
_ L'avez-vous contacté ? Ne serait-ce que pour lui assurer que vous êtes rentré à Kaspaz sans encombre, ou pour lui dire que votre bras guérir bien ?
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La Vengeance d'un Oméga [Terminée]
Roman d'amourAprès avoir vu sa mère être assassinée sous ses yeux, Sidon, le Prince de Ruhne, décide de fuir son royaume et de chercher de l'aide auprès de Keril, le Roi de Kaspaz, avec lequel son pays est en guerre depuis plus de vingt ans. Omégaverse médiévale