La Vengeance d'un Oméga [Terminée]

Chapitre 23 : Action nocturne

Zécop savait qu'Exef ne validerait pas leur action. Aussi ne lui en a-t-il pas parlé. Il a juste recruté l'un ou l'autre des hommes formés par l'Alpha à la gestion des stocks, et qu'il avait déjà essayé de débaucher pour les inclure dans les forces combattantes. Il n'a pris avec lui que des hommes qu'il sait loyaux, mais surtout discrets et efficaces. Pour cette mission, il ne veut pas de soldats qui ont besoin du soutien de leurs frères d'armes pour faire le nécessaire. Ni d'hommes qui se venteront d'avoir réalisé telle ou telle chose.

Il les a rassemblés dans une tente à proximité de la grande porte et depuis, il guette le signal. Son Roi lui a promis qu'il n'aurait aucun mal à quitter le camp avec ses guerriers, que les autres seraient trop occupés. Trop occupés par quoi et quel serait le signal, il l'ignore, Keril lui a juste répondu par un hoquet méprisant alors que son regard se portait sur son jeune Oméga. De toute façon, il sait ne pas devoir agir avant la nuit.

Mais ce n'est pas son plus gros problème. Pendant la distribution des vivres, il a regardé autant qu'il l'a pu cette porte de pierre, s'est intéressé aux limites de cette place forte, en a recherché un autre accès, ne serait-ce que pour les déchets, voire une simple meurtrière à hauteur d'homme. Mais rien. Et il en a tiré une conclusion qui l'agace au plus haut point : il sera des plus durs de pénétrer dans cette enceinte taillée dans la roche. Sans compter qu'il n'a que cette nuit pour agir.

Un premier cri déchire le silence de la nuit installée sur le camp, leur faisant tous lever la tête, alertes. Dans l'instant, ils se lèvent et leurs mains se posent sur leurs armes, prêts à les tirer de leurs fourreaux pour défendre leurs vies et celle de leur Roi. Puis c'est un second cri, plus net, mais surtout plus reconnaissable. Eux qui pensaient subir une attaque...

_ Au moins, not' Roi, y sait s' détendre ! » ricane l'un en se rasseyant.

_ Levez-vous ! Tous ! » gronde Zécop. « Il est temps de passer à l'action !

_ Mais... On attend pas l' signal ?

_ C'est le signal, bougres d'abrutis !

Les hommes se regardent sans comprendre mais, sous les grondements de leur supérieur, il ne leur faut pas longtemps pour se placer devant la sortie. A pas de loups et en se retenant de tout geste ou même regard vers l'intérieur de leur camp, ils filent comme des ombres longeant la falaise.

L'Alpha espère que la nuit sera son alliée. Il guette le moindre rayon de lumière qui, passant à travers un interstice, lui indiquerait un accès. Mais les seuls qui transpercent la façade proviennent des hautes meurtrières.

Derrière eux, continuant de briser le silence, résonnent les gémissements du Prince Consort, leur écho sur les falaises les amplifiant, masquant même les bruits inhérents au camp, et donc ceux de leurs mouvements. Mais Zécop craint une chose : qu'attirés par ses cris, les soldats retranchés ne s'inquiètent de ce qui se passe au-dehors, et ne les repèrent. Et c'est sans compter les réactions des ruhniens ''alliés'', d'entendre leur cher Prince geindre de la sorte sous les assauts de son Roi...

Gardant les yeux rivés sur les murs taillés dans la roche, il avance avec ses hommes. Malgré l'écho, il entend le bruit de leurs pas comme s'ils étaient une armée, le léger cliquetis des armes résonne à ses oreilles comme autant de cloches d'alerte, et leurs souffles s'échouent sur sa nuque comme la menace de l'épée d'un bourreau.

Ils se plaquent contre la paroi alors que sa crainte se réalise : à quelques pas, la lourde porte grince et s'entrouvre, laissant passer un garde intrigué par ces bruits inhabituels. L'homme n'est qu'à quelques pas, aussi ne réfléchit-il pas. Un mouvement sur le côté, il sort son épée, et le garde n'a que le temps de river son regard surpris au sien, que sa main s'écrase sur sa bouche alors que le métal transperce tissu et chairs. Sa main reste agrippée à son visage tant que toute vie n'a pas quitté son corps. Puis, il soutient le cadavre et le repousse dans l'enceinte du bâtiment. Ses hommes sur talons, il pénètre dans la place forte.