La Vengeance d'un Oméga [Terminée]

Chapitre 18 : Lever le camp

Un frisson le réveille alors que la tente se referme, et un sentiment d'abandon naît en lui de comprendre que Keril vient de partir. Mais il se ressaisit en se rappelant que le départ a été fixé à l'aube, il est donc normal que le Roi souhaite s'assurer que tout soit prêt. Mais après la nuit qu'ils ont passée, il espérait un geste tendre de son époux à son endroit. Il se serait même contenté d'un baiser.

Il se redresse sur leur couche, et un cri de douleur meurt dans sa gorge, ne parvenant pas à passer ses lèvres grandes ouvertes. Ses reins et l'entrée de son intimité sont douloureux au point que des larmes quittent ses yeux. Il a beau savoir que c'est en rapport avec l'ardeur de son époux cette nuit, il ne pensait pas que les répercussions seraient aussi différentes que lors de ses chaleurs, après lesquelles il n'a eu aucune séquelle. Cependant, il est vrai qu'alors son humidité était bien plus conséquente.

Serrant les dents pour retenir de nouvelles larmes de douleur, il se lève en utilisant son chèche comme un pagne, et boîte sur quelques pas pour atteindre sa sacoche qu'il ouvre en espérant trouver de quoi apaiser ses maux. Mais s'il trouve l'huile d'eucalyptus, il grimace au souvenir d'avoir fait don de son huile de gaulthérie à la vieille couturière, alors que le mélange des deux aurait fait miracle sur ses douleurs. Il vide sa sacoche devant lui, espérant trouver l'idée de nouveaux accords pour soulager son intimité meurtrie. Si aucune idée ne lui vient dans un premier temps, c'est en commençant à ranger ses fioles qu'un mélange lui vient à l'esprit. Si ses huiles ne suffisent pas, la présence de plusieurs macérâts et baumes lui redonne espoir. En mélangeant le macérât de lys avec le baume de Copahu et l'huile d'eucalyptus, le résultat devrait être celui escompté, même s'il craint quelque peu l'issue olfactive.

Mais alors qu'il va réaliser sa préparation, des hommes en armes ouvrent la tente.

_ Désolé, Altesse. Mais faut qu' vous sortez. Le Roi veut qu'on r'plie les tentes. On va l'ver l' camp.

_ Allez-vous-en ! Vous voyez bien que je ne suis pas visible ! » hurle-t-il de l'humiliation de se trouver à demi-nu devant les soldats, alors que sa voix lui rappelle avec douleur qu'elle ne souhaite plus être employée.

_ Hey ! » leur parvient un cri depuis l'extérieur. « Qui vous a autorisé à ennuyer le Prince Consort ? Foutez le camp ! Y'a assez de tentes à défaire avant !

Les uns sortent les autres de l'abri de toile sans ménagement, et l'un des nouveaux venus s'incline en prenant garde à ce que son regard ne se pose à aucun moment sur l'Oméga dénudé.

_ Toutes nos excuses, Votre Altesse. On avait pas vu que le Roi était sorti. Prenez votre temps, on garde la tente.

Et sans que Sidon ait le moindre instant pour répondre, il ressort, refermant derrière lui le pan de tissu.

Mais s'il est heureux que les importuns aient été sortis, il ne tremble pas moins de comprendre qu'il est surveillé par des soldats. Ainsi, voilà où s'arrête la confiance que Keril a en lui. Pourtant, il ne pense pas mériter une telle défiance, alors qu'il ne résiste à aucune des demandes de son époux. Cette nuit encore, il s'est plié à son désir, même si celui-ci rejoignait le sien. Et tout ce qu'il fait depuis leur mariage, il le fait dans leur intérêt commun.

Le vent qui souffle à l'extérieur soulève les pans de tissu et il frissonne, se rappelant pourquoi il n'est pas encore habillé. Tout en gardant le bas de son corps aussi immobile que possible, il attrape une petite coupe et commence son mélange en grimaçant. Comme il s'en doutait, le parfum de son onguent est loin d'être agréable.

Tout en se mordant les lèvres pour étouffer le cri qui pourrait le prendre, il étale le surplus resté sur ses doigts entre ses deux lobes de chair, sur son anneau malmené. S'il s'écoutait, il tenterait même de l'appliquer dans son intimité. Mais il sait que ce serait au final une mauvaise idée, que sa décoction ne ferait que brûler ses chairs.