Chapitre 32 : Retour à Kaspaz

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Malgré la fraîcheur de la nuit, le parfum capiteux des draps, et ce lit inconnu, Keril passe sa meilleure nuit depuis des années. Pour la première fois depuis qu'il a succédé à son père, sa nuit ne s'est pas résumée à la recherche de la meilleure stratégie, de la meilleure façon de répartir les vivres, des troupes à assigner à telle opération, à comment gérer l'absence de l'un de ses conseillers... Non. Son choix, il l'a fait avant de se coucher. Et après cette nuit de sommeil, il est résolu à ne pas changer d'idée. Hier, c'était l'offense de trop.

Certain de faire le bon choix, il muselle son cœur, maîtrise son désir, et après un rapide petit déjeuner dans ses appartements, il rejoint le Roi Sidon dans sa salle du trône.

_ Keril ! » lui sourit celui-ci en le voyant arriver. « Tu as l'air reposé. Ton bras n'est pas trop douloureux ?

_ J'ai pu dormir, ça m'a été profitable. De même que les soins que vous m'avez apportés. Je remercie Votre Majesté pour tout cela.

_ Que... A quoi joues-tu ? » fait-il d'une voix blanche.

_ Roi Sidon, si vous voulez bien fournir des vivres pour moi et mes hommes, nous rentrons chez nous.

_ Mais je ne peux pas quitter Ruhne aussi vite ! Tu as bien vu tout ce qu'il y a à faire. Je...

_ Vous restez là, Votre Majesté. Et moi, je rentre à Kaspaz. J'ai fait ma part. La guerre est finie, votre peuple et le mien sont en sécurité. Ça s'arrête là.

_ Mais... Keril, tu m'as...

_ Quoi ? » crie-t-il. « C'est quoi encore le problème, Sidon ? Je te laisse ton royaume ! Tu as gagné ! Je rentre chez moi ! J'ai un royaume à diriger ! Et à présent, toi aussi !

Tétanisé par les cris de son époux d'habitude si maître de lui, Sidon le regarde quitter la salle du trône sans le retenir.

_ Exef. » l'interpelle-t-il en sortant du palais. « Rassemblez les hommes. Nous partons.

_ Un camp retranché à éradiquer ? » lève-t-il un œil vers son Roi.

_ Non. Nous rentrons à Kaspaz. La guerre est finie.

_ Mais... Votre Majesté, vous deviez...

_ La ferme, Exef. » gronde-t-il, glaçant. « Je veux plus vous entendre. Vous avez vos ordres. Exécutez-les. Je veux être parti avant le déjeuner.

_ Bien, Votre Majesté. » s'incline-t-il.



Du haut des marches, Sidon regarde l'armée de son époux s'éloigner, Keril à sa tête. Il reste impassible autant qu'il le peut. Son nouveau rang ne lui permet pas les élans d'émotions. De toute façon, que peut-il faire contre la volonté de son Alpha ? Il a fourni des cartes à Exef, pour que leur chemin de retour soit le plus rapide et le moins pénible possible. Dans les charrettes semblables à celle où il a passé la majeure partie du trajet, des hommes blessés, soignés par des domestiques puisque, selon le Roi kaspazien, apporter des soins à des soldats n'est pas le rôle d'un monarque.

Les derniers fantassins passent les portes et s'engouffrent dans le dédale de pierre, échappant à sa vision. Il ferme les yeux, retenant comme il peut les larmes qui les brûlent, avant qu'elles ne franchissent ses faibles barrières.

Il essuie celles qui coulent sur ses joues d'un geste rageur. Il n'a pas le temps de pleurer sur son sort. Comme le lui a dit Keril, il a un royaume à diriger.

Dans un mouvement plus brusque qu'il ne le souhaite, il se détourne de sa rue principale vide des kaspaziens, et rejoint son trône, si inconfortable à cet instant.

La Vengeance d'un Oméga [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant