Chapitre 20 : La bonne tenue

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Au matin, Keril n'a que peu dormi. Et les quelques heures qu'il s'est octroyées ont été des plus inconfortables dans le vieux siège lui servant de trône de la tente de commandement.

C'est donc le brouhaha l'entourant qui le réveille, et il avance à présent vers sa propre tente, espérant trouver dans ses malles de quoi remédier à ses courbatures.

Ce n'est qu'une fois devant son abri de toile qu'il se rappelle qu'il ne lui appartient plus à lui seul. De l'autre côté de l'épais tissu, son Oméga dort. Dans son esprit, ses cris de l'autre nuit résonnent, tout comme le souvenir de son petit corps chaud pelotonné contre lui à son réveil. Il serre les dents. Il aurait aimé passer une nouvelle nuit à ses côtés, en lui, mais comme le lui a fait remarquer Exef, sexualiser son époux aux yeux de ses soldats n'est pas le plus recommandé. Et puis, à sa façon de s'adresser à lui, de lui faire des reproches sans les formuler, il sait que son époux ne souhaite pas le voir dans son lit.

Mais sa malle se trouve dans sa tente.

Grognant, il va se détourner pour subir ses douleurs jusqu'à ce que son corps les accepte, quand le pan de toile s'ouvre devant lui, laissant apparaître l'objet de son désir. Et il est toujours aussi beau. Peut-être même plus au vu du soleil qui se reflète déjà dans ses cheveux clairs.

Keril est enfin là. Malgré ses paroles de la veille, il l'a attendu une bonne partie de la nuit, espérant le voir se joindre à lui. Pour dormir, voire pour qu'ils s'unissent. Dans cet espoir, il avait même massé un peu son intimité avec son mélange, la préparant à recevoir son époux. Mais il n'est pas venu. Alors le trouver juste là, devant lui, magnifique dans le contre-jour du matin, ses yeux d'or le transperçant aussi sûrement que les rayons du soleil, il ne peut retenir un sourire léger.

_ Tu n'as de nouveau pas dormi. » lève-t-il une main vers ses traits tirés.

Déshabitué des gestes tendres par toute une vie sur le champ de bataille, il a un mouvement de recul et même un geste vif pour écarter la main fine. Mais son impulsion réveille les douleurs de son corps et son visage se crispe.

Si sa réaction l'a surpris, voire effrayé, Sidon le regarde avec un demi-sourire.

_ Aurais-tu besoin de l'une ou l'autre de mes huiles ?

_ Non. Je venais juste m'assurer que tu étais levé. » se détourne-t-il avant de s'éloigner.

_ Keril ! Attends !

_ Quoi ? » grogne-t-il alors que Sidon se précipite sur sa sacoche à son côté.

Il en sort la tenue bleue pliée et la tend à son époux.

_ Je l'ai faite faire pour toi lors de notre mariage. Tu es parti si vite hier matin que je n'ai pas eu l'occasion de te la donner. Ça te protégera bien mieux du désert que tes lourds vêtements. » sourit-il, espérant lui faire plaisir.

Le Roi attrape le tissu et serre les dents, ce qui n'échappe pas à son époux.

_ En fait, tu cherches à me tuer. Ce vêtement me protégera pas des flèches et des épées, et nous arriverons aujourd'hui au prochain camp ruhnien.

_ Pour ce qui est de la protection qu'apporte ce vêtement, nous en avons parlé avant notre départ de ton camp. » grince-t-il. « Tu pourras toujours remettre ton armure si tu en ressens le besoin, mais pas dans le désert. Et pour ce qui est de chercher à te tuer, je te rappelle que tu m'as marqué. Je suis donc plus que quiconque intéressé par ta survie, puisque la mienne en dépend directement. Alors si tu ne veux pas souffrir de la chaleur aujourd'hui, porte ce vêtement ! » appuie-t-il un doigt rageur sur le tissu.

La Vengeance d'un Oméga [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant