Prologue

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Cette nuit-là, la beauté de l'Univers était à son paroxysme. Dans l'encre astrale scintillaient des milliards d'éclats d'espoirs, de vies dégradant la noirceur du ciel dans des teintes bleutées ou violines. On avait le sentiment que des mèches de cheveux colorés s'étalaient sur le plafond étoilé et que dans ces fins traits pourpres brillaient des paillettes iridescentes.

Cependant, la splendeur de ce tableau n'était pas complète sans la Reine de la Nuit. Une brise s'éleva, secouant quelques branches d'arbres où s'arrachèrent quelques frêles pétales à peine épanouis. Les nuages se mouvaient dans le ciel, certains se désintègrent même sous le coup de vent et, une fois les masses cotonneuses parties, l'astre d'Artémis apparut dans toute sa superbe.

D'une rondeur parfaite, à l'éclat argenté irradiant, on pouvait parfaitement discerner les cratères qui recouvraient sa surface renfermant mille et un mystères. Les légendes contaient que la Lune était la protectrice de la Terre, l'ange gardien des Hommes. Elle était l'une des raisons expliquant la vie sur la planète bleue et cela la rendait d'autant plus belle : l'astre lunaire était doux et aimant.

Sans elle, combien d'Hommes se seraient perdus sur les routes sinueuses lorsque le Soleil avait fini par se coucher ? Combien d'âmes égarées auraient fixé l'obscurité d'un œil fatigué après une énième crise d'insomnie ? Que serait l'humanité sans la protection lunaire ?

Éclatant de mille et une lueur, ses rayons stellaires se mêlaient à ceux des milliards de constellations qui l'accompagnaient. La lueur descendit sur Terre, léchant avec tendresse la canopée des arbres, le toit des maisons et la froideur du sol.

Les quatre Royaumes semblaient si apaisés sous cet éclat perle. Les lumières étaient éteintes depuis quelques heures déjà dans les habitations qu'importe l'ethnie. Les flots s'étaient calmés après l'assoupissement d'Aral, les petits tritons avaient cessé de jouer à la plus grande joie des parents et des courants. La température extérieure de Zjarr avait diminué de quelques degrés alors que le brasier vengeur s'était amenuisé lorsque les paupières s'étaient closes.

À Gaïa, les fleurs s'étaient recroquevillées sous les brises fraîches de la nuit. Certains pétales étaient malheureusement arrachés, dénudant les arbres de leurs couleurs rafraîchissantes signalant les prémices du printemps. Hélas, personne n'était témoin de ce spectacle puisque Morphée avait accueilli le peuple de la Terre dans son chaleureux royaume. Le vent emporta les fragments de Nature au-delà des flots, surpassant les océans infinis jusqu'à survoler les côtes de Zéphyr.

Les morcellements de Mer Nature virevoltèrent, effectuant une valse avec les brises frissonnantes de la Nuit. Les pétales passèrent au-dessus des habitations endormis, les respirations paisibles du peuple de l'Air se faisaient ouïr dans les maisons fermées à clef. Personne ne pourrait savoir.

Les rues étaient propres, les installations du marché qui auront lieu le matin même étaient déjà élégamment dressées : elles n'attendaient plus que de présenter les multiples marchandises à vendre. Un inconnu ne verrait aucune trace de la tyrannie passée.

Quelques rapaces osaient briser ce calme plat. Frôlant les toits, les chouettes hululèrent en croisant un congénère mais elles se turent lorsque leurs yeux affûtés captèrent les fébriles mouvements d'herbes se tordant sous les pas incertains d'un mulot quittant sa tanière. Aucun indice n'était visible dans cette société reconstruite.

Les fleurs fuirent la scène de chasse. L'unique couinement de la proie capturée vint se mêler au coup de vent mais le son se diffusa, se dilua parmi les ondes jusqu'à se transformer en murmure puis en silence. Montant en altitude, jamais un végétal ne pourrait autant voyager sans le vent le poussant. Les pétales surpassèrent une zone boisée, un endroit dénué de végétation était visible au milieu de la forêt.

Kingdom 2 : L'Eveil du Feu {Oneus}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant