Le calme était plat dans les champs. Les agriculteurs avaient le dos courbé, leurs mains abîmées retournaient la terre, plantaient les graines, essuyaient leur front couvert de sueur. Leurs chapeaux de paille enfoncés sur leur chevelure les aidaient à combattre le soleil frappant depuis son zénith mais, pour des enfants de l'eau, ces heures étaient difficilement vivables.
Hélas, ils n'avaient pas le choix, ils devaient travailler pour ramener un peu d'argent chez eux, pour vivre de manière plus ou moins convenable et pour se mettre quelque chose sous la dent.
Le silence était quelque chose qui régnait à longueur de journée dans les terres cultivées d'Aral. Il n'était pas forcément lourd mais il n'était pas rassurant et apaisant pour autant. C'était juste un mutisme conventionné, une censure des mots car toutes les personnes savaient ce que vivait son voisin : chaque vie était identique dans les champs, chaque histoire était la même à la surface d'Aral. C'était cyclique. C'était similaire. C'était une boucle générationnelle sans bonne ou mauvaise fin.
« - Tricheur ! »
Mais, en ce jour printanier, une tempête châtaigne et argentée était venue briser cette insonorité. Deux âmes ayant brisées ce cycle et ces codes, deux vagabonds qui ne l'étaient pas vraiment mais on ne pouvait pas les qualifier de voyous pour autant : ils ne faisaient de mal à personne, au contraire, ils étaient source de joie et d'espoir.
« - On n'avait pas dit qu'on devait suivre le chemin ! »
Hwanwoong se faufila entre les cultivateurs qui pouffèrent ou roulèrent faussement des yeux en le voyant bondir entre les terres labourées. Son sourire était resplendissant, il irradiait encore plus que le soleil qui était parti se cacher derrière un cumulus cotonneux, presque intimidé par la chaleur qu'émanait ce garçon à l'histoire hors-du-commun.
Sur le chemin sableux, Keonhee poussait davantage sur ses grandes jambes afin d'accentuer son sprint et battre son camarade un peu trop compétitif. Ses mèches cristallines volèrent à chacun de ses pas et les enfants du village l'observaient avec de grands yeux admiratifs alors qu'un filet vert glissait le long de sa main pour lécher les plantes et absorber un peu de leur force.
Les bambins applaudirent en chahutant derrière le Tokësor qui sourit simplement en diffusant une fragrance de laurier. Leurs visages s'illuminèrent et tous scandèrent le nom de Keonhee car ce dernier était bien connu de ce petit bourg où avait grandi Hwanwoong : le grisé avait aussi passé un bout de son enfance dans ces lieux rustiques.
« - Pardon San-ie ! »
Dans les champs, Hwanwoong continuait ses cabrioles et il finit par sauter par-dessus Choi San alors qu'il plantait une poignée de graines de blé. Le dénommé avait simplement hoqueté de stupeur en sentant les deux petites mains prendre appuie sur son dos pour effectuer un « saute-mouton » approximatif.
« - Yah ! Hwanwoong ! »
Mais le voyou avait déjà fui, il était bien trop loin pour que les mains du Choi puissent l'attraper et, dans tous les cas, il n'aurait pas fait grand-chose à part grogner sur le bras droit. San avait un an de moins que Hwanwoong, ils étaient allés à l'école ensemble durant leur première année de vie bien que leur classe soit différente à cause de leur maigre différence d'âge.
Pendant les temps de récréation, les deux garçons avaient passé beaucoup d'heures ensemble à rire pour tout mais surtout rien, à faire les casse-cous au grand regret de leur professeur et ils avaient fait les quatre-cents coups dans cette école au règlement arriéré.
Hélas, lorsque Hwanwoong était parti de la surface d'Aral pour rejoindre le Palais, leur chemin s'était séparé et tous deux avaient modelé leur vie différemment : l'un continuant à suivre ce cycle imposé tandis que l'autre l'avait brisé sans la moindre hésitation.
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Kingdom 2 : L'Eveil du Feu {Oneus}
FanfikceVoilà deux années que l'Eau, l'Air et la Terre s'harmonisaient pacifiquement tout en illuminant les Royaumes de leur splendeur. La paix était reine, elle apaisait les cœurs et amenait l'espoir dans ces peuples à l'esprit traumatisé par le passé. Hél...