Layer 34- Small dirt

168 8 1
                                    

Ce regard me glace. Je dirais même qu'il me terrifie, chaque poil de mon corps ses irisés au moment où je l'ai croisé. Le bruit de la foule c'était comme étouffé, la musique arrête, le regard de Sanzu flouté, tout a disparu lorsque j'ai croisé ce regard. Celui ne mon frère, celui d'un frère que j'ai probablement définitivement perdu, mais je ne peux m'y résoudre. Ce regard si froid, si funeste et vide m'effraie, surtout maintenant que je suis là, devant lui, devant Mikey.

 Ce regard si froid, si funeste et vide m'effraie, surtout maintenant que je suis là, devant lui, devant Mikey

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.

Il est là, fragile et terriblement pal, envelopper dans un large t-shirt et un pantalon bouffant. Ses cheveux sont courts et blancs, son regard et vide, bordé par de sombres cernes qui s'étire sur sa peau fine. Il est là debout devant moi, entouré d'homme en costard, probablement tous prêt à me descendre.

Comment suis-je arrivé là déjà ? Je ne sais pas exactement, disons que je n'ai fait que foncer dans la foule, en esquivant les gens et en bousculant d'autre. Je ne sais pas où est Sanzu, peut-être n'a-t-il même pas remarquer mon absence. Mais je suis là, à l'étage sur lequel je me dressais quelque dizaines de minutes au paravent, je suis debout, l'air sûrement stupide, a désespérément chercher une once de vie dans le regard mort de ce qui a pu être mon frère.

Si c'est par ça que Sanzu entendait garder mon frère en vie dans ses plans, alors je préférais le voir mort' six pieds sous terre depuis bien longtemps, à se faire indolemment bouffer par les verres. Dans ce regard vide, je ne discerne rien si ce n'est de l'indifférence. Il est au bout, son âme a été entièrement consumée, dévoré par la trajectoire que Sanzu à tracer pour son existence, car oui, ce regard me fait bien comprendre qu'il s'agit d'une existence et non pas d'une vie.

Il en est là, plus de haine, plus de tristesse, plus de crainte, plus de douleur et encore moins de souvenirs. Il est simplement vide, perdu dans les Méandres du reflet pâle de son âme. Merde. Enflait si, mon frère est mort.

« Fous le camps t'as rien à faire là » s'indigne un des hommes en pointant son arme vers moi.

Rien, pas un frisson, pas un regard, je reste là, le regard dans le sien, dans celui de Mikey. J'aimerais penser hurler ou juste parler, mais rien, pas un mot, seulement le silence assourdissant de mon crâne. Mikey s'avance vers moi, les bras ballants, le regard planté dans le mien.

Il n'est qu'à quelque centimètres de moi, j'aimerais le frapper, lui remettre les idées en place ou juste lui arrache une expression faciale, mais je sais que c'est impossible. Non pas que je craigne de me faire tuer, ça n'a pas vraiment d'importance, en vérité périr avec pour seule et unique dernière vision le visage de ce Mikey, affichant ne serait-ce que la moindre expression me suffirait.
Mais je suis quand même la, planté devant lui, le regard perdu dans l'immensité noirâtre du sien.

« Alors, il s'est enfin décidé à la chercher. » lâche-t-il en reculant.

Il ne s'est même pas adressé directement à moi. Un homme aux cheveux court et violet hanche silencieusement la tête derrière lui, son visage me rappelle quelque chose mais je n'ai pas le temps d'y penser que Mikey se retrouve dévoilant le même tatouage que celui de Sanzu mais dans la nuque. Il avance, la tête inclinée vers le sol, sa silhouette semble se perdre dans les abîmes d'un océan sombre et froid dans lequel il s'avance, il le connaît cet océan, c'est là-dedans qu'il est dans son élément.

Son ombre blafarde et efface s'estompe dans le décor du club, j'observe alors les hommes qui l'entouraient s'en aller. Tous sont très basiques excepté l'homme aux cheveux violet, lui aussi possède ce tatouage visible, dans le cou. Son costard est plus travaillé que celui des autres, par toute évidence il est hiérarchiquement plus élevé que les quelques hommes de main qui entour actuellement mon frère.

L'homme s'avance vers moi, me zyeutant de la tête au pieds, un sourire immonde aux lèvres. Ses longs doigts viennent se perdre dans sa courte chevelure violette, replaçant quelque mèche baladeuse au passage. Son regard étrange se plante alors dans le mien, tentant de capter le peu d'esprit encore disponible que j'ai à lui prêter.

« Sanzu a vraiment des goûts de merde en matière de meuf... » ricane-t-il, s'éloignant de moi, partant dans la direction des autres hommes.

J'ai cru entendre un « tout ça pour ça » ou peut être bien un « il nous a fait chier pour ça » mais peu importe, mes genoux, je supporte plus mon poids, ma vision brouillée emporte mon ouïe dans sa dégringolade, les sons qui se jouent autour de moi se brouille et s'effaces peu à peu. Je m'effondre sur la moquette rouge de l'étage, entre les quelques fauteuils en cuir noir vides.

La tête penchée, les bras ballants, pliée sur les genoux, je ne sens plus les coups. Dans cette bulle sensorielle que je construis difficilement autour de moi, plus rien ne peu me perturber, j'en oublie mon frère, Sanzu, le bruit, les regards, les lumières, je me concentre sur les reliefs de la moquette rouge vins.

Une légère tache se montre à moi, une petite parcelle de cette étendue rouge qui s'avère être plus foncé que le reste, elle se cache, aillant honte d'exister, un peu comme moi. Mais plus je la fixe, plus je la discerne du sol pourpre, n'arrivant pas à se cacher, elle s'affirme, elle prend de plus en plus de place et d'importance dans mon champ de vision, elle s'impose à moi comme le ferais un cri strident dans le silence d'un désert.

Cette petite tâche prend toute l'espace vacant de mon esprit, elle s'infiltre dans mes pensées, dans mes mots, bientôt la tache devient mon reflet que j'observe dans un cours d'eau paisible, cette petite macule deviens le centre de mon attention, le noyau de ma bulle. Brusquement mon reflet dans la petite rivière se trouble, le bruit assourdissant de la musique envahit à nouveaux mes oreilles, le son d'une voie soudaine envahit mon ouïe, la tache redevient une simple salissure, ma bulle éclate, éclaboussant son assassin,
Sanzu.

À suivre...

Anger issues- sanzu Haruchiyo Où les histoires vivent. Découvrez maintenant