layers 17-walk home alone now

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La pluie ruisselle sur ma peau, sillonne mon corps, trempe mes vêtements et envahit ma vision floue

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La pluie ruisselle sur ma peau, sillonne mon corps, trempe mes vêtements et envahit ma vision floue. Son souffle frais et humide a la fois laissait derrière elle un arrière-goût de moquerie... Cette pluie me surplombant depuis aussi longtemps que je m'en souvienne, a fini par me manquer le jour où elle m'a quitté, si bien que je l'ai appelé et appelé encore, la suppliant de me replonger dans sa douce mélancolie... Elle me berce et tant pis si la perte est ma finalité...

Seul le bruit des gouttes d'eau s'écrasant sur le sol de l'immeuble lugubre anime ce couloir froid que je ne pensais pourtant jamais avoir à retrouver

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Seul le bruit des gouttes d'eau s'écrasant sur le sol de l'immeuble lugubre anime ce couloir froid que je ne pensais pourtant jamais avoir à retrouver. Debout, en silence, devant la porte de mon appartement, mes cheveux sombre et trempé obstruant ma vision, j'écoute...

J'écoute les disputes habituelles des voisins, la télé de la voisine, le bruit de grincement des portes qui résonne de la cage d'escalier jusqu'ici. J'écoute ma respiration presque inaudible, le bruissement de mes vêtements trempé à chacune de mes inspirations.

Je cherche un moyen de romantiser cet endroit effroyablement froid, mais rien ne me viens à part peut l'idée de me jeter de ce toit miteux. Quelle fin misérable quand même, tombé d'un immeuble pouilleux dans la brume automnale et la pluie battante.

Un bruit provenant de d'intérieur de mon appartement me tire de mes songes, ma mère et là... Finalement, je crois que j'aurais préféré qu'elle ne le soit pas, ça m'aurait donné une excuse pour fuir de ce bas fond glaçant.

J'approche mes mains encore mouillées près de la porte sombre, je prends un instant pour scruter la pâleur de mes doigts squelettiques. Je porte mon index à la sonnette et fait retentir le bruit strident de la sonnerie dans l'appartement.

Des minutes entières s'écoulent... J'ai entendu ses pas se rapprocher de la porte puis plus rien. La vision de mon visage livide à travers l'œil de Juda avait dû la dissuader d'ouvrir la porte. Pourquoi suis-je revenu. Pourquoi en suis-je à nouveaux là... Tout avait pourtant changé.

La poignée de la porte finit par s'actionner. La porte s'ouvre dans un grincement sinistre dévoilant le regard froid et distant de ma mère. Elle m'observe de la tête aux pieds, comme dégouté par mon existence repointant le bout de son nez dans sa vie. Je ne sais par quelle magie, ma mère me jette négligemment une serviette à la figure avant de me cracher une phrase tranchante comme "Sèche-toi." ou "T'es trempée.".

Sûrement rappeler par son statut de mère, certes discutable, mais tout de même existent, elle ouvrit la porte en grand, attendant que j'entre en silence dans son appartement toujours aussi crasseux et bordélique.

Je m'assois à la table de la cuisine, fixant mes doigts s'entre mêlant dans un silence morbide. Je sens le regard de ma mère se poser sur mes épaules. Elle me jette un verre d'eau à la figure me faisant sursauter.

Je relève la tête vers elle, mes cheveux en travers de mon visage, mes yeux gorgés de larmes qui n'attendent que de coulés.

"Pourquoi tu es revenu ?..." crache-t-elle, sont vers d'eau dégoulinant toujours à la main.

Pour elle, la question n'était pas pourquoi j'étais parti, mais pourquoi j'étais revenue... Mes larmes finirent par se mêler à l'eau ruisselant de mon visage, pourtant rien ne semblait changer dans mon regard.

Ses pupilles tranchantes et son visage austère et son trait abrupt me dégoutait au plus au point. Je ne sais pas vraiment pourquoi je suis revenu ici, surement parce qu'il me l'a demandé sois disant, il ne voulait pas qu'on nous voit ensemble les prochains jours suivant la disparition d'Hanma...

Bien sûr que c'était faux. Sanzu n'avait qu'un mot à dire pour être excusé de ce meurtre, Traître. Cependant, il ne l'a pas fait, il n'a rien dit. Finalement, peut-être que c'est ce traître qu'il cherche sans arrêt. Bien entendu que l'excuse qu'il m'a donné était fausse... mais que pourrais-je dire d'autre a excepté oui lorsque je me retrouve face à lui ?

Il avait passé la soirée me parler de future, assis sur le capot de sa voiture, une cigarette aux lèvres. Je sentais à nouveaux la présence de ses plans déjà dresser derrière lui. Je ne suis surement qu'un pion sur le plateau d'échec que représente l'avenir à ses yeux.

En parlant d'échecs, voila ma mère qui attend une réponse à sa question stupide.

"Parce que je n'ai nulle part où aller..." Je réponds d'un ton sinistre.

Elle passe une main sur son visage avant de pointer ma chambre du doigt. Aucun son ne sortait de sa bouche pourtant ouverte, ses yeux presque larmoyants semblait supplier un éventuel dieu de la sortir de cette situation.

Jamais je n'avais vu ma mère pleurer. Elle ne savait même pas pour la mort de sa fille. Emma... Je me souviens soudain d'elle. Son visage flou réapparaît dans mes souvenirs de jeunesse. Lorsqu'elle et moi vivions encore en France. Je n'ai jamais vraiment partagé quoi que ce soit avec ma demi-sœur Emma.

Elle était juste un élément de plus dans ce plan familial foireux. Ma mère n'avait même pas chercher à la retrouver le jour où nous sommes revenus au Japon. Mais maintenant, je sais pourquoi, elle l'avait simplement abandonné dans la famille Sano qui a dû largement mieux s'occuper d'elle que ma mère ne l'aurait jamais fait.

La rage qui m'anime me pousse à lui dire, je veux la voir s'effondrer, je veux qu'elle se rende compte... Je veux qu'elle se brise.

"Emma..." je plante mon regard froid dans le sien qui semble perdu "Elle est morte il y a deux ans. Dans des histoires de gang."

Sans un mot de plus, je me lève et m'approche de la porte d'entrée. Je ne sais pas pourquoi je suis revenu ici. Je savais très bien que ça finirait comme ça. Et pourtant j'ai cru un instant apercevoir une once de chaleur maternel en cette fatiguée par le temps et les déceptions.

La main sur la poignée de porte, je me retourne pour ce qui parait être la dernière fois, j'aperçois ma mère appuyer contre le meuble de cuisine, son visage entre ses mains. Pleur maman. Tes larmes, c'est tout ce qu'il te reste à présent.

Je pousse la porte en bois qui racle le carnage, suivant la marque d'usure sur le sol blanc. J'observe pour la dernière fois ces traces noires qui macule les murs de l'appartement avant de laisser la porte claquer derrière moi, refermant une page de mon histoire derrière elle.

Mes pas résonnent à nouveau dans l'immeuble. L'air froid et humide semble salir chaque parcelle de ma peau apparente. La laideur de ce lieu grise ma vision. Je cherche mon masque au fond de ma poche du bout des doigts, il est humide lui aussi, mais me parais encore moins sale que l'air ambiant.

Je le passe derrière mes oreilles, recouvrant la moitié de mon visage, recouvrant mes expressions, recouvrant ce qui me fait mal. Une nouvelle page se tourne, allongeant ce livre fade, terne et morose que trace ma vie.

Bref, toujours autant de pluie ici.

À suivre...

Anger issues- sanzu Haruchiyo Où les histoires vivent. Découvrez maintenant