Je suivais les traces avant de les perdre, des traces de roues de motos avaient effacées la piste de mon loup, vu les crampons, il devait s'agir de ceux que j'avais vu un peu plus tôt. Même en élargissant mon rayon de recherches, je ne trouvais plus rien, ce qui ne pouvait signifier que trois choses : mon loup a été capturé et embarqué, mon loup est motorisé, soit il conduit une voiture soit une moto. Quoi qu'il en soit, je ne trouve pas de sang au sol, même sous le sable et la terre retournée par les motos. Le soleil commençant à décliner, il était temps pour moi de rebrousser chemin. Je n'avais pas pu accéder à la scène de crime, mais ce n'était que partie remise, je reviendrais à la première heure demain, afin d'explorer la zone plus consciencieusement, maintenant que je savais ce que je cherchais. Ayant retrouvé mon chemin et rejoint la route sans trop abîmer le SUV, je retournais en ville, m'arrêtant voir si mon Bronco avait encore un peu de route à faire avec moi, où s'il était sous respirateur artificiel.
« Salut ! » saluais-je en regardant l'homme assis sur un tabouret en train de lire un magazine qui devait déjà en être à sa cinquième ou sixième relecture, vu son état.
« On est fermé ! » répond-il sans même daigner lever la tête.
« Je viens prendre des nouvelles de mon Bronco. Kariann est là ?
— Je viens de te dire que l'on est fermé. Il n'y a personne. »
Voilà donc la charmante hospitalité des petites villes du sud.
« Est-ce qu'elle a laissé un mot pour moi ? » insistais-je un peu.
« J'en sais rien. J'ai fini ma journée aussi. »
Je veux bien être gentil cinq minutes, mais les rednecks ont tendance à puiser dans ma réserve de self-contrôle.
« Écoute. Bien que j'adore cette petite ville, j'ai autre chose à foutre que de rester ici, alors tu te lèves, tu regardes si elle a laissé une note ou un devis, tu reviens me voir, tu me communiques l'information et je me casse. Tu pourras astiquer ton manche tranquille en regardant cette magnifique armoire de rangement à neuf tiroirs. » Visiblement, je l'ennuie, vu le regard qu'il me lance, mais comme je n'ai pas l'intention de m'en aller sans en savoir plus, je le fixe du regard et j'attends. Il soutient mon regard pendant un bon deux minutes avant de comprendre que je ne partirais pas. Se levant avec toute la mauvaise volonté du monde, il va jusqu'au bureau, regarde les papiers en gardant ses mains dans ses poches.
« Ouais »
Il se fout de moi ?
« Ouais... quoi ? »
J'ai envie de le cogner juste pour voir si je peux faire quelque chose pour l'aider à se réveiller.
« Les fuites sont réparées. »
C'est une bonne nouvelle.
« Et ? » l'incitais-je à poursuivre avant qu'il ne retourne poser son cul sur son tabouret.
« Elle va commencer la soudure du socle demain.
— Eh bien voilà ! Ce n'était pas si difficile. Merci ! » dis-je en m'éloignant, remontant dans mon SUV et regagnant le motel pour me rafraîchir, confirmer que je gardais la chambre quelques jours de plus, pour le plus grand bonheur de la mère de Jenny. Ayant fait le tour de la faune locale au restaurant, je me décidais à aller plonger dans le vif du sujet et pris la direction du Pecos. Si je voulais avoir des informations sur des attaques d'animaux, des disparitions étranges ou non signalées, il me fallait trouver le pilier de bar du coin.
Il y avait déjà pas mal de voitures, j'allais pouvoir observer les attitudes de plusieurs personnes, chercher des points de référence. La musique n'était pas trop mal, ce n'était pas du Dolly Parton, c'était plus rythmé et me plaisait bien. M'installant dans un box, dans cette grange reconvertie en je ne sais quoi, je regarde la carte, fais signe à une serveuse et passe commande avec une bière en bouteille que je finirais par laisser s'éventer, le principe étant d'avoir l'air normal. Je reconnais des personnes que j'ai croisées dans des magasins, pour l'instant le groupe ne joue pas, il est encore tôt, aussi l'ambiance est plus celle d'un restaurant-bar. Le burger est bon, les frites aussi, je sirote lentement ma bière, regardant la salle se remplir, le groupe monte sur scène et commence à jouer. L'ambiance change instantanément. Dès la deuxième chanson certains vont sur la piste pour danser. Il y a de l'ambiance, je ne le nie pas. Ce n'est pas mon style musical, mais ça se défend. La soirée est bien avancée quand je remarque de nouveaux visages, se tenant tous au bar. Ils discutent entre eux, jusqu'à ce que mon pote du garage arrive, les rejoignant.

VOUS LISEZ
Mon Alpha
FantastiqueJessee et sa soeur Hayley se sont éloignées de leur meute, voulant vivre en fuyant leur passé. Que se passera-t-il lorsqu'elles croiseront la route d'un chasseur qui est sur la piste du loup-garou ayant tué sa soeur ? Celui-ci guette sa cible, tapis...