Chapitre 27

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Pendant que Hayley tient un conseil municipal, distribuant environ deux cent mille dollars par famille, je ne traîne pas et je descends rapidement au sous-sol, sortant les bacs d'argent des étagères, les montant et les chargeant dans le cargo, avant de tous les recouvrir d'une bâche. Le cargo est bien rempli lorsque j'entends des voix ravies revenir, me regardant adossé contre ma portière en train de vider une bouteille d'eau. Le soleil commence à se coucher quand mes deux louves me rejoignent en courant, venant me lécher. Du coin de l'œil, je regarde de nombreux loups approcher et j'avoue, que je me sens de moins en moins rassuré. D'un mouvement de la tête, Hayley part en courant suivie de tous les loups, me laissant soudainement seul. Il n'y a aucun bruit hormis celui de l'ancien Alpha qui ne peut pas sortir se nourrir. Je m'approche, visitant la Communauté d'Hayley, là où elles ont grandi, mais à la seconde où le loup me voit depuis sa cage, je me sens subitement moins seul et observé. Je retourne à ma voiture en marchant à reculons, sans rompre le contact visuel, allant récupérer mes armes.

Être le seul humain dans une sorte de village perdu au milieu de nulle part, entouré d'une cinquantaine de loups-garous, je me demande subitement si c'était une bonne idée de venir. Je maîtrise ma respiration, mes émotions, évacuant toute peur, car ils peuvent la ressentir. Au contraire, je m'affirme et prend position, fusil en main, comme lorsque je patrouillais alors que j'étais au front.

Quand un s'approche lentement, tête basse, montrant ses crocs et grognant, j'épaule. Je ne sais pas si c'est l'autre connard qui est sorti de sa cage, mais s'il a l'intention de me choisir comme dessert il va rester sur sa faim.

« Alors mon pépère, tu t'es perdu ? » dis-je en le gardant bien dans mon viseur, prêt à anticiper ses changements de direction s'il me charge. « Si tu as l'intention de me bouffer, change d'idée, tu vas mourir. Si tu as l'intention d'entrer dans cette maison, tu vas mourir. Si tu penses m'impressionner, j'en ai tué des plus gros que toi. Tu ne seras pas mon premier loup ni mon dernier. » Le loup fait un pas dans ma direction avant de tourner la tête et de commencer à s'éloigner.

« Hey ! » criais-je, le loup s'arrêtant pour me regarder. « Tu es mieux de venir me voir plus tard pour t'expliquer, je pourrais te tirer dessus et ainsi découvrir qui tu es, tu ne guériras pas de mes balles, autant que tu le saches. » Le loup s'éloigne rapidement dans un jappement. J'hésite entre le bizutage et le comité d'accueil, quoi qu'il en soit, ma nuit va être difficile. Si je tire ou en blesse un, je vais tous les avoir sur le dos et je risque de ne jamais voir le soleil demain. Si je le revois, je ne serais plus humain et je n'ai pas vraiment envie de passer mes nuits à courir pour me nourrir, ma viande, je l'aime médium, pas crue. J'épaule à nouveau en voyant un loup passer, puis un autre, et encore. La chasse est finie. Repérer un loup gris parmi d'autre, dans le noir, ce n'est pas évident. Si cela ne tenait qu'à moi, je me chercherais un motel, mais je ne vais pas laisser les filles ici. Je regarde la rue se vider, mais les filles ne sont pas là. Deux possibilités s'offrent à moi : elles sont allées dormir chez une copine, la grand-mère par exemple, soit ils me les ont bouffées. Je ferme la porte derrière moi, la voiture est verrouillée, personne ne peut voir ce qu'il y a dans le cargo, aussi, fusil à l'épaule, je commence à remonter la rue.

« Frank ! »

À l'appel de mon nom, je m'arrête et me retourne, l'œil sur le viseur. Avant de baisser mon canon en voyant les filles revenir, couvertes de sang.

Ce n'est pas Halloween !

« C'est quoi ce bordel ? Vous avez vu dans quel état vous êtes ?

— Désolée » répond Jessee, « nous avons rapporté à manger pour Truslivy, ça dégouline un peu. Ç'a été pour toi ?

— Très bien. J'ai déplacé deux ou trois trucs dans la maison. Bon, venez vous laver et vous habiller. » La salle de bain ressemble à une scène de crime chez un tueur en série, aussi les filles se lavent au lavabo, ce qui est mieux que rien, se servent de mes tee-shirts pour s'essuyer.

Mon AlphaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant