Chapitre 5

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Passant mon sac sur mes épaules, comme un sac à dos, je descends dans le lit de la rivière et le suit, scrutant les berges. Je repère des empreintes, mais trop petites, ce sont celles de coyotes, mais je continue, crapahutant pendant un très long moment. J'observe, je prends des photographies. M'arrêtant pour souffler, manger un peu et boire, j'étudie à nouveau la carte satellite, mon GPS m'indiquant que je ne suis pas loin de ce qui m'intrigue. Changeant de berge, j'avance tranquillement, jusqu'à commencer à voir des traces de roues. Je reste aux aguets jusqu'à tomber sur ce que j'ai repéré. Un treillis de camouflage, une caravane s'abritant dessous.

Là, les traces de pas sont nombreuses. Je m'avance vers la caravane, et je regarde rapidement à l'intérieur pas la fenêtre. Ce n'est pas du tout ce que je cherchais.

Un labo clandestin.

Je me fiche complètement de ce qu'ils fabriquent, que ce soit de l'ecstasy ou de la méthamphétamine et de qui ils sont, mais pas eux apparemment, si j'en juge le fusil de chasse à canon scié pointé sur moi.

« Euh, salut ! » dis-je en utilisant mon sourire charmeur. « Je ne veux pas de problème, je me suis perdu, je croyais que c'était un genre de poste de gardes ou de je ne sais qui.

— C'est privé.

— D'accord. Est-ce que vous pouvez m'indiquer le chemin pour rejoindre la route et la direction de la ville ?

— Pourquoi tu fouines dans le coin ? Tu as regardé à l'intérieur de la caravane.

— Eh bien oui, je cherchais un ranger ou un garde quelconque, même un scientifique qui relève la météo. Je tourne en rond depuis des heures à la recherche d'un animal. Vous avez entendu parler de l'animal qui a tué un randonneur il y a trois jours ? Je voulais prendre des photos et là je ne sais plus où je suis, j'ai soif, je veux juste retourner en ville. »

J'espère avoir l'air convainquant, j'abuse un peu du regard fatigué et paniqué, n'attendant que le moment où il baissera son canon de ma poitrine.

« Il y a de l'eau là » dit-il en pointant un mini-réfrigérateur posé sur une table, derrière lui. À l'instant où il se tourne vers la table, ma lame se plante dans son cou. Il est massif, aussi il arrive à se dégager et avance, d'une démarche désordonnée, une main touchant le couteau sans le retirer, comme s'il était surpris de le trouver là, avant de s'affaler au sol.

« Et voilà ! Tu fais chier, merde ! Tu es content ? Qu'est-ce que tu foutais là, aussi ! » dis-je à voix haute. Je fouille à la recherche de quelque chose qui puisse me permettre de la déplacer facilement, récupérant un drap qui a connu de meilleurs jours dans le lit escamotable de la caravane. Roulant le corps dessus, j'empoigne deux coins du drap et tire ma marchandise sur plusieurs dizaines de mètres, jusqu'à une ornière suffisamment profonde pour le camoufler, le recouvrant ensuite de terre, de sable et de cailloux. Mon couteau nettoyé dans le sable et sur le drap, je finis le l'enterrer et fait le chemin inverse pour effacer mes traces, cacher le sang près de la caravane. Je ne cherche pas à en savoir plus et je disparais rapidement. Je ne suis pas venu ici pour cela, déjà que la disparition du gros va attirer l'attention. Je m'éloigne de ce sentier, partant dans une autre direction, quitte à faire un détour. C'est quand je descend une petite pente rocheuse que je tombe dessus, glissant sur des cailloux plats, instable. Je suppose qu'il a glissé lui aussi, ne voyant que les traces de deux pattes et du sable tassé, comme si le reste du corps était allongé. Sur des épines de buissons, je récupère une touffe de poils que je glisse dans une pochette en plastique pour échantillons.

Qu'avons-nous là ?

Je suis facilement sa trace, les foulées sont longues, il galopait puis il ralentit au niveau de la rivière. Il n'a pas traversé de l'autre côté, donc il a continué dans l'eau. J'évolue très lentement, cherchant une trace. Je n'ai pas le temps de prendre en photographie ce que je trouve, comme je ne me rend compte de rien alors que l'on m'assomme par derrière.

Mon AlphaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant