Chapitre 12

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Je ne change rien à l'omelette qu'elle me sert. Elle est nerveuse quand je goûte, mais elle avait peu de chance de rater ce plat, même en suivant une recette. Je la rassure en lui disant que c'est bon, un sourire illumine son visage. Jessee m'explique ce que je savais déjà plus ou moins, qu'elle est plus proche de son côté humain que Hayley. Sa petite sœur est en totale communion avec son côté louve, bien qu'elle se cherche encore, principalement dans les légendes. Elle me parle de leur vie dans la petite ville où je les ai trouvées. Elle avait trouvé un emploi au supermarché, Hailey traînait, étudiait à distance. Elles avaient un petit appartement, mais Hailey passait la plupart de ses nuits à dormir dehors. Jessee avait quelques amies, mais restait discrète, pouvant partir du jour au lendemain. La propriétaire de l'appartement le savait, Jessee avait laissé un dépôt de deux mois de loyer au cas où elles devraient partir. Elle avait inventé une histoire d'ex petit ami jaloux et violent, et cela avait suffi. Elle aimait aller danser au Pecos. C'est à ça que se résumait sa vie. Je la regarde, elle ne m'a pas appris grand chose, juste qu'elle avait un appartement et un travail. Je ne sais rien de plus sur sa famille, ses origines, la meute qu'elle a fui. Je ne la brusque pas, elle commence à s'ouvrir, je suis probablement la première personne à qui elle va parler. Les filles me laissent, Hayley étudiant, Jessee l'aidant. Je m'installe à mon bureau et commence mes recherches sur le mafieux du New Jersey. Il y a quelques articles avec son nom, il n'a jamais été arrêté, bien qu'il y ait de lourds soupçons, mais aucune preuve. Il a poursuivi des journalistes en diffamation, sans aller au procès. Les journalistes se rétractant, quittant même la profession. C'est un arrogant qui n'hésite pas à se défendre. Il est dangereux.

Une tête se pose sur ma cuisse, m'indiquant peu discrètement sa présence. Du museau, elle donne des coups sur mon bras, jusqu'à ce que je la caresse, avant de présenter ma paume devant son museau, qu'elle lèche.

« C'est l'heure ? » demandais-je en déposant une bise sur sa truffe, avant qu'elle ne coure et saute sur le canapé, prenant dans sa gueule la couverture pliée posée sur le dossier, la laissant tomber sur le coussin. Le message est clair.

« Hayley ! » chuchote Jessee en s'approchant, celle-ci se couchant sur le canapé en battant de la queue. « Laisse Frank dormir !

— Ce n'est pas grave, Jessee, elle vient souvent me rejoindre la nuit.

— Je sais, c'est juste que... On en parlera demain. Bonne nuit. »

Hayley me regarde avant de se lécher la truffe. Je me demande si elle est consciente où si c'est la louve qui a pris le dessus. Éteignant mon ordinateur, j'éteins toutes les lumières, la louve ne me quittant pas des yeux un instant jusqu'à ce que je m'approche du canapé. Se levant, elle se pousse pour que je puisse m'allonger, puis elle s'allonge contre moi, mon bras passé au-dessus de son corps, la retenant. J'embrasse sa tête, respire son odeur pendant qu'elle me lèche la main.

« Bonne nuit, Hayley »

Je ne vais pas l'avouer, mais je me suis habitué à dormir avec elle dans mes bras, et elle le sait. Ou la louve le sait. Hayley est-elle consciente ? Aime-t-elle que je la tienne contre moi, ma main, mon bras contre sa peau. C'est trop étrange. Mais je dors bien quand elle est contre moi, c'est comme à l'armée, quand je dormais avec mon fusil, là aussi, je dors avec une arme chargée.

J'ai l'impression que c'est la première fois que Hayley entre dans un supermarché. Tous ses sens sont en surcharge, Jessee elle-même le ressens et reste proche de sa sœur, prête à toute éventualité. La lumière, le bruit, le monde, les odeurs, lui demandent une énorme masse d'énergie pour se contrôler. Le rayon des vêtements est comme un parc d'attractions. Elle accepte une robe, un pantalon, des chaussures, et c'est tout. Elle ne veut que porter mes tee-shirts à cause de mon odeur. C'est non négociable. Jusqu'à ce que Jessee lui fasse du chantage en lui disant qu'il y a une bibliothèque en ville, où l'on pourrait aller après. Les vêtements n'ont plus aucun intérêt, elle essaye tout ce que sa sœur lui donne et nous remplissons le caddie rapidement. Je leur prend aussi deux tablettes qu'elles puissent aller sur internet quand je suis absent où quand elles sont dans leur chambre. Quand Jessee sort de la cabine d'essayage, j'ai l'impression de retrouver celle avec qui j'avais dansé, elle est magnifique. Je lève mon pouce en souriant avant de lui montrer les autres vêtements à essayer.

Mon AlphaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant