Chapitre 11

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Me retrouver seul me fait un bien fou. Je n'ai pas été en vase clos avec quelqu'un depuis l'armée. Vivre vingt-quatre heures sur vingt-quatre avec quelqu'un demande beaucoup de maîtrise de soi. Avec deux femmes encore plus. Avec deux jolies femmes qui se promènent nues dans la maison après leur balade quotidienne, c'est inhumain. Avoir deux loup-garous qui se promènent dans la maison demande une sacré confiance, surtout quand l'une ne fait que me lécher en passant à côté de moi. J'ai déjà eu un chien quand j'étais enfant, il me léchait lui aussi, je sais ce que cela signifie, mais il ne me léchait pas en permanence. Je n'ai pas envie d'établir des barrières, elle est heureuse, c'est la louve en elle qui s'exprime. Est-ce bizarre que j'aime quand elle vient me rejoindre la nuit, dormant à côté de moi ou en boule à mes pieds ? Est-ce que Jessee sait que je passe presque toute mes nuits à dormir avec sa sœur ? Sûrement, je dois être imprégné de son odeur, malgré la douche. Pour l'instant, je ne sais rien de leur vie, sinon qu'elles ont quitté leur meute, mais ont-elles des parents, une famille ? Je l'ignore. Hayley la bavarde est discrète à ce sujet.

Rouler seul m'aide à penser. Je traverse mon État direction sud-est, vers le Missouri. Un chasseur aurait repéré un des hommes de la photographie alors qu'il faisait le plein dans une station service. La plaque d'immatriculation me donnait une adresse.

Je n'avais plus qu'une pensée en tête alors que j'avalais les kilomètres, faire parler ce salopard et pour cela, je n'allais pas hésiter à me salir les mains. Ma sœur n'approuverait pas, mais j'ai dépassé ce stade depuis longtemps. Rien que ces trois dernières semaines, j'ai quasiment tué plus de personnes que mon décompte officiel sur mon carnet militaire. Je ne suis pas croyant, aussi je ne crois pas à l'enfer, au paradis, et encore moins à la rédemption. Enfin, ça c'était avant de rencontrer mon premier loup-garou. Depuis, je garde l'esprit ouvert. Si les loup-garous existent, il doit forcément exister d'autres créatures, alors Dieu, le Diable... ouais, je garde l'esprit ouvert.

Je suis les indications du GPS et me gare en face de l'adresse indiquée, surveillant la rue. Il est tôt, bientôt ce sera le ballet des voitures quittant le quartier pour rejoindre leurs destinations quotidiennes. Une voiture m'intéresse en particulier. J'attends celui qui montera dedans. Je le mitraille avec mon appareil photographique du moment où la porte s'ouvre et celui où la voiture s'éloigne. Le zoom ne trompe pas, il est très ressemblant, mais est-ce bien lui ? Ce ne peut être qu'une ressemblance. La rue quasiment vidée, je me gare dans l'allée de ma cible en marche arrière, attendant un peu avant de sortir pour forcer l'entrée et procéder à une fouille en règle.

J'ai beau tout retourner, je ne trouve rien qui lie mon client à ma cible. Je n'ai pas le choix, je vais devoir le questionner de vive voix. Je m'installe donc dans la cuisine, ouvrant le réfrigérateur et me servant sur les tablettes pour me faire un sandwich.

« Mais... que faites-vous ici ? » demande une voix alors que je regarde la télévision.

« Je vérifie le système » répond-je d'une voix sûre en me levant.

« Mais, comment êtes-vous entré ?

— La femme du propriétaire nous a ouvert. Vous êtes qui ?

— Le propriétaire !

— Ah bon ? » dis-je en m'approchant toujours avant de l'assommer d'un coup de poing.

J'aime les regards affolés des gens qui reprennent conscience après avoir été assommés, quand ils essayent de comprendre où ils sont, ce qu'il s'est passé, pourquoi ils ont été enlevés. Vient ensuite deux réactions quand j'apparais devant eux : la peur et la bravade. Ceux qui ont un minimum d'intelligence comprennent que si je ne dissimule pas mon visage c'est qu'ils ne s'en sortiront pas vivants. Je ne perds pas mon temps à répondre aux questions comme pourquoi, qui. C'est contre-productif.

Mon AlphaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant