Mon Alpha

Chapitre 23

« Matthew Barnes était quelqu'un de prudent, il a gardé une trace de toutes ses transactions ainsi que des enregistrements vidéos, Monsieur Jeffries. »

L'homme ne répond pas immédiatement, le silence est tel que je me demande s'il n'a pas simplement laissé son téléphone et n'est pas parti. La carnet de Barnes avait été difficile à décoder, au point que j'ai dû demander un retour de service à un ami travaillant encore pour les renseignements de l'armée.

« Que voulez-vous ? »

Il fallait que je la joue gourmand pour qu'il veuille négocier et demande à me rencontrer.

« Cinq millions.

— Et qu'est-ce qui me prouve que vous n'allez pas continuer à me faire chanter ?

— Le carnet de Monsieur Barnes contient une longue liste de clients, avant que j'en fasse le tour, vous n'avez rien à craindre.

— Je ne dispose pas de cette somme. Un million.

— Trois.

— Deux. Je ne peux aller au-delà.

— D'accord. Rendez-vous au Navy Pier et Michigan Avenue ce samedi, du côté de la statue de Du Sable. Vous prendrez la croisière de onze heures quarante-cinq.

— Comment est-ce que je fais pour vous reconnaître ?

— Je vous ai vu sur une vidéo chez Barnes, je vous reconnaîtrais. » Jessee coupe la communication en soufflant. Il ne me reste plus qu'à louer un bateau pour tirer sur Jeffries, récupérer les filles et Jeffries si possible, sinon je vide mon chargeur sur lui et je disparais. J'ai de multiples possibilités pour m'enfuir, toutes me conduisant à l'endroit où j'ai laissé la voiture, ensuite il faudra récupérer le Bronco et changer d'État.

Tout semble facile, sur le papier.

« Ce n'est pas Jeffries »

Jessee ne peut pas se tromper, elle le sentirait s'il était un loup-garou. Ma soeur se serait-elle trompée ? Est-ce quelqu'un dans son entourage ? C'était une éventualité.

Jessee a beau fouiller la foule discrètement, renifler l'air dans les alentours, elle ne remarque rien.

« Il n'y a pas de loup à bord, et je n'en sens pas dans le coin, à moins qu'il cache son odeur en ne se mettant pas dans le sens du vent et en portant l'odeur de quelqu'un d'autre. Qu'est-ce que je fais ?

— Donne-lui le faux disque, prend l'argent et sort de là ».

J'ai l'impression qu'elle a fait ça toute sa vie. Les touristes ne savent pas s'il s'agit d'un tournage ou non alors qu'elle s'approche de l'homme, lui tendant le disque et prenant la mallette des mains avant de se retourner et de lui lancer un coup de pied qui lui coupe le souffle, le mettant à terre, plusieurs personnes applaudissent quand Jessee saute ensuite du bâteau de croisière pour atterrir sur le nôtre et que je mette les gaz, en nous en fuyant à toute vitesse. Par précaution, nous n'ouvrons pas la mallette. Jessee l'éventre et arrache les charnières, pliant la mallette en deux sans que nous touchions à la partie avant. Il n'y a que des journaux, aucun billet, mais une petite charge explosive que je désamorce facilement.

« Monumentale erreur » grogne Jessee au téléphone. « Je sais qui tu es, je vais te traquer comme tu ne l'a jamais été.

— Qui êtes-vous ?

— Ton pire cauchemar » dit-elle en jetant le téléphone dans la rivière Chicago.

« Frank. Est-il possible que Jeffries ne soit pas un loup ?

— C'est le seul nom que Jane m'a donné, c'est la seule piste que j'ai. Je vais mettre des chasseurs sur son dos en diffusant les informations que j'ai, ça lui foutra la pression. On rentre ? »