Chapitre 4

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J'ai déplacé un matelas et l'ai mis à terre, contre le mur, me permettant d'être caché, me donnant un avantage de deux voire trois secondes, ce qui, pour quelqu'un comme moi, est nettement suffisant. Je dors habillé, une arme à portée de main. Mais le jour se lève, personne n'est venu. Remettant le matelas sur le lit, je vais déjeuner au restaurant, assis à ma place habituelle. Sirotant mon café en mangeant mes oeufs brouillés, je regarde la voiture du shérif entrer sur le parking, et se garer devant ma porte.

Forcément !
Mes faux papiers sont en béton, aussi je me lève, tasse de café en main et je pousse la porte du restaurant.

« Bonjour, Shérif ! Je vous offre un café ? » demandais-je en levant ma tasse, retournant m'asseoir et continuant de manger.

L'homme qui entre est une caricature à lui seul. Grand, gras, prenant tout son temps, entrant dans le restaurant avec ses lunettes de soleil type miroir. S'installant en face de moi, je continue de manger, attendant qu'il me parle et m'explique les raisons de sa visite.

« Merci Cindy » dit-il alors que la serveuse dépose une tasse de café devant lui. Je pousse mon assiette et m'installe bien au fond de la banquette, approchant ma tasse de café, regardant le Shérif souffler sur le sien avant de boire une gorgée.

« Nuit mouvementée ? » demande-t-il d'une voix lente.

« Sans plus. Je ne suis pas très country, il me faut un moment d'adaptation.

— Vous m'expliquez ce qu'il s'est passé en fin de soirée ? Les avis divergent.

— Selon les points de vues, je dirais démonstration d'accueil local ou bizutage.

— Ceux que j'ai rencontrés ce matin ne sont pas bavards, ils m'ont expliqué avoir glissé et s'être cogné. D'autres ont parlé d'un concours de celui qui pisse le plus loin. Les caméras de surveillance sont explicites. Dites-moi, êtes-vous là pour un concours de celui qui pisse le plus loin ?

— Absolument pas, Shérif. Ces gentlemen et moi avons simplement eu une divergence d'opinion concernant la météo.

— Voulez-vous porter plainte ?

— Non. Qu'ils paient leur tournée la prochaine fois qu'ils passeront au Pecos, c'est bien assez.

— Je passerais le message. Bon séjour parmi nous, Monsieur et... allez-y doucement avec l'humour, certains ont du mal avec.

— Merci, Shérif, bonne journée à vous. »

Je le regarde se lever péniblement et s'en aller, saluant la serveuse. Je le suis des yeux, mais il ne touche pas à sa radio ni à son téléphone. Je vais me méfier de lui, il a l'air nonchalant à première vue, mais ce n'est pas le premier dans son genre que je croise. J'attends un peu avant de regagner ma chambre, remplir mes bouteilles d'eau dans la salle de bain, récupérer mon matériel derrière la cloison, je glisse un glock dans mon dos, et, posant mon sac devant le siège passage, je glisse mon deuxième glock dans la portière et une lame entre mon siège et la console centrale, avant de reprendre la route, me dirigeant vers le lieu de l'attaque. Je vérifie mes rétroviseurs, mais je suis seul sur la route, sur tout le trajet. Quittant la route, je roule au pas, essayant de ne pas soulever un nuage de poussière pour indiquer à quelqu'un derrière moi que je me suis engagé sur le sentier. Je roule un moment, jusqu'à voir des piquets avec de la rubalise un peu plus loin.

Garé, équipé, je m'avance vers la scène de crime, mais celle-ci à tellement été piétinée qu'il n'y a rien à voir, aussi je m'éloigne, scrutant le sol. J'avance lentement, allant de droite à gauche, m'éloignant de plus en plus. Je repère plus loin le lit de la rivière où j'étais hier, aussi je cherche des traces m'y conduisant mais ne trouve rien.

Mon AlphaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant