Chapitre 20

98 9 0
                                    

Afin de me refinancer un peu, j'ai accepté quelques contrats de mon agence de cautionnement, quelques clients omettant d'aller se présenter au tribunal, suite à leur libération sous caution. Les filles prennent ça comme un jeu et j'avoue, avec elles c'est assez facile. Leur odorat est tellement développé qu'une fois l'odeur du fuyard mémorisée, le retrouver est inévitable. Ils ne cherchent même pas à s'enfuir lorsque je les récupère dans un appartement ou un motel, avec deux loups à mes côtés, montrant les crocs et grognant. Puisqu'elles travaillent, je leur donne leur part sur les captures et, si elles en gardent un peu, par principe, pour me montrer qu'elles participent aux dépenses, elles me redonnent le reste de l'argent.

Les filles sont énervées. Chacune a son sac avec elle, nous avons des bouteilles d'eau, des serviettes, du dentifrice, bref le sac de sortie. Hayley est la plus nerveuse des deux, aujourd'hui c'est son anniversaire, dix-huit ans, et elle a hâte de déballer son cadeau. Nous roulons depuis près de deux heures, dans le cargo son cadeau essaye de se débattre, mais je l'ai solidement attaché. Son regard se fixe sur celui de Hayley, qui se lèche les lèvres en le regardant par la fenêtre. Quand, enfin, je m'arrête, l'endroit étant adéquat, elle m'enlace longuement.

« C'est le plus beau cadeau que l'on m'ait fait. »

Se tenant aux côtés de sa sœur, elle tient la main de Jessee, tandis que je tire la biche que j'ai capturée la veille pour la sortir du cargo. Lui retirant ses liens, elle reste près de moi, hésitante, jusqu'à ce que je lui donne une tape sur la croupe, la faisant partir à fond de train. Hayley lui laisse de l'avance et commence à se déshabiller puis, se mettant à quatre pattes, change de peau, me léchant la main avant de partir en trottant. La biche, sentant la menace, accélère. Jessee m'explique qu'elle entend le cœur de la biche battre, qu'elle sent sa peur. Elle galope comme jamais elle n'a eu à le faire, s'éloignant rapidement jusqu'à la perdre de vue, mais elle la sent encore, grâce au vent et au fait que nous sommes en pleine nature. Le prédateur à ses trousses est d'un genre qu'elle n'avait jamais eu à côtoyer. Jessee me raconte ce qu'elle arrive à voir, à entendre, à sentir. Elle sait quand Hayley a attrapé sa proie à l'odeur du sang et au hurlement qu'elle pousse.

« Hayley m'appelle » chuchote-t-elle.

« Vas-y, va fêter son anniversaire avec elle. Bon appétit.

— Je t'aime » dit-elle en se déshabillant rapidement avant de partir courir, puis à galoper, disparaissant rapidement de ma vue.

En attendant qu'elles reviennent, je range leurs vêtements, nettoie le cargo des traces laissées par la biche, puis je prépare leurs gamelles pour qu'elles boivent, avant de m'installer côté passager lire un peu.

Nous vivons tranquillement ensemble depuis un moment, plusieurs semaines en fait. Jessee a montré à Jenny où elles vivent, se promenant avec le téléphone -une fois que la maison est propre et rangée, surtout la chambre d'Hayley- celle-ci est contente et rassurée pour son amie mais elle ne cache pas qu'elle lui manque. Je n'arrive même plus à m'imaginer vivre sans elles, leur présence à mes côtés est naturelle peu importe la peau qu'elles portent. Si sexuellement, Hayley a changé, n'étant plus timide ou fragile, cela n'en reste pas moins un pur bonheur tant c'est différent d'avec sa sœur. Avec Jessee c'est à un autre niveau, elle comme moi le savons. Pour améliorer ma connaissance des loups-garous, je suis passé à une littérature moins zoologique, puisque les loups-garous n'existent pas, pour une littérature plus fantastique. Si Jessee ne me le dit pas, j'ai compris le lien qu'il y a entre nous, elle est mon âme sœur. Il ne peut en être autrement, cette chimie qui nous unie ne peut être que cela, enfin selon les romans sur les loups-garous. Mais est-ce possible entre deux individus de race différente ? Voyant les filles revenir en trottant, se donnant des coups de museaux comme deux sœurs se donneraient des coups d'épaules, je range le livre dans la boîte à gants et sors de la voiture. Je les laisse boire, puis, l'une après l'autre, elles viennent me voir pour que je lave leur museau avant qu'elles ne changent de peau et se lavent les dents. Hayley est contente de son cadeau, il était vraiment bon selon elle. Elle m'embrasse avant de monter s'installer sur la banquette arrière quand elle voit le paquet emballé avec sa boucle et la carte.

Mon AlphaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant