{Letter N°3}

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[25 avril]

J'ai une question. Est-ce que tu as déjà pris des décisions que tu es censé regretter mais qu'au fond tu ne le regrettes pas? Parce que la plus part des choses que j'ai faites dans ma vie, je les regrettes à un moment ou à un autre. Alors est ce que c'est une bonne chose quand je ne le fait pas, alors que tout le monde me fait comprendre que je devrais.

J'ai posé la question à ma psychologue. Tu te souviens celle que tu m'as obligé à aller voir. J'y vais encore. Elle m'aide un peu à me sentir mieux. Mais ne t'inquiète pas, j'ai retenu la leçon de la dernière fois. Je ne lui ai pas parler de papa. Je lui pose des fois des questions comme ça. Mais ses réponses sont longues et j'ai l'impression qu'elle ne fait que de se répéter.

Je te pose la question, même si tu ne me répondra pas. Mais je ne t'en veux pas. J'ai trouvé une moyen de poser mes émotions. Je me suis rendu compte qu'écrire m'aidait. C'est en parti pour ça que je t'écris. Et aussi parce que je veux que tu restes dans ma vie. J'ai également commencé à écrire des paroles de chanson. Ce n'est rien d'exceptionnel. J'en ai écrit une pour ta fille, vue que tu veux que je l'appelle comme ça. Ça a été dur pour moi quand tu m'as dit que je ne pouvais pas considérer ta fille comme ma propre sœur après ce qui est arrivé. Mais je ne peux que te dire que je te comprends un peu au fond. Je ne me suis même pas pardonner à moi-même alors comment aurais tu pu.

Sinon, j'ai trouvé un travail. Papa n'aide pas vraiment alors j'ai dû me débrouiller. Je travaille dans un bar de nuit et les week-ends. Moi qui voulaient éviter les bourrés qui vivaient presque chez nous, me voilà entouré d'eux. Mais ça me permet de payer le loyer, les factures et quelques biens de première nécessité. Je mange à l'école alors ne t'inquiète pas. Je fais aussi à manger pour papa alors ne t'inquiète pas pour lui non plus. Parce que je sais que malgré tout, tu t'inquiètes pour tout le monde même pour ceux qui ne le mérite pas. En tout cas, c'est la vision que j'ai de toi. Et j'espère ne pas me tromper.

Le matin, je me lève tous seul. Plus besoin de me secouer comme tu le faisais. J'ai pris l'habitude de sauter le petit déjeuner, du coup je vais à pieds jusqu'à l'école. C'est un peu loin mais ça me fait de l'exercice. J'ai perdu quelques kilos. Papa a enfin arrêté de dire que je devais le faire. A vrai dire, je ne lui parle plus vraiment. Depuis que tu es parti tout se dégrade.

Tu sais un jour, je lui ai piqué sa voiture. Je ne sais pas pourquoi à vrai dire. Mes mains tremblaient alors que j'appuyais sur l'accélérateur. Je te jure à tout moment je provoquais un accident. Mais je me suis calmer avant.

Je me sens un peu mieux, je veux dire dans ma tête. Et bizarrement, ça me fait plus peur que cela ne le devrai. Et j'en viens à ma deuxième question. Tu avais une idée bien que minime de ce qu'il se passait dans ma tête. Mais je n'ai jamais deviné ce qu'il se passait dans la tienne. Tu sais, je m'inquiétais pour toi et je suis désolé si tu l'as jamais remarqué.

Sinon j'ai reparler rapidement à mes anciens amis. Tu sais j'aimerais avoir le courage de leur demander de me pardonner. J'ai fait foiré notre amitié. Je n'ai pas tenu ma promesse de les protéger, de te protéger. Alors cette lettre n'est là pour que je puisse enfin m'excuser.

Je suis désolé maman.

Désolé d'avoir tué ta fille

Désolé d'avoir détruit notre famille

Désolé de ne pas pouvoir te laisser partir

Désolé de pas avoir réussi à te protéger

Désolé de continuer à t'écrire

Désolé de ne pas aimer le bon genre

Désolé d'être venu au monde

Désolé d'être ton fils

Je ne veux pas que tu me pardonnes. Je le mérite pas, c'est ce que crie la petite voix dans ma tête. Même si des fois j'espère que tu seras capable de le faire. Mais j'avais besoin de m'excuser. Je suis vraiment désolé, maman.

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.
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J'ai refermé la nouvelle lettre avant de la poser sur la table. Ces lettres sont pires que les mots présent dans le cahier. Elles ne relatent pas sa vie, elles sont uniquement pleine de désespoir, de pensée qu'on a pas osé dire à haute voix.

Ce n'est qu'un pauvre garçon qui écrit ses peurs à l'une des personnes qui lui tiens le plus à cœur, sa mère.

J'ai serrer mes poings sur la table en imaginant l'état dans lequel il était en écrivant ces lettres, pour au final ne jamais obtenir de réponse. Cette femme qui était assise à côté de moi a eu la souffrance de son fils entre les mains, et elle n'a jamais rien fait pour revenir au près de lui. Le laissant sombrer de plus en plus.

-Je suis une si mauvaise mère.

Je suis resté silencieux bien que j'aurai voulu, et avec tout le respect que j'ai toujours eu pour Mme Choi, j'étais incapable de la contre dire sur ce fait.

Je me suis contenté de fixer mes mains quand une main tremblante se posa sur mon bras. J'ai relevé les yeux pour la regarder. Elle a beau essuyer ses yeux encore et encore, j'ai l'impression qu'à chaque fois que mon regard se pose sur elle, son visage est toujours trempé par les larmes.

-Dis moi que ce n'est pas vrai.

-De quoi?

-Dis moi que mon garçon n'est pas mort. Dis moi que mon Yeonjun va bien.

J'ai froncé les sourcils essayant de retenir les larmes de tomber. J'ai hoché négativement la tête provoquant un nouveau sanglot de sa part. J'ai tendu un nouveau mouchoir à la mère de mon ami attendant qu'elle se calme pour lui poser la question. J'ai dû attendre quelques minutes avant que cela ne se produise.

-Vous ne saviez pas?

Elle secoua vivement la tête. Mes sourcils se froncèrent un peu plus.

-Quand l'avez vous appris?

Je la vis sangloter un peu avant de relever ses yeux vers moi. Ce n'est que maintenant que je voyais à quel point elle semblait fatigué, comme si elle était sur le point de s'effondrer.

-Quand le cahier est arrivé par la poste. Puis j'ai lu le livre que tu m'avais envoyé. Et seulement après ça, j'ai retrouver les cartes. Je ne savais pas. On m'a caché tous ça. Je n'ai même pas été capable d'aider mon fils.

Elle me tomba dans les bras sans que je ne sache quoi faire. Pour cette femme, elle venait de perdre son fils. Pour moi, il est parti, il y a presque quatre ans.

Je crois le pire dans tous ça c'est moi qui lui ai annoncé sans le vouloir. Jusqu'à il y a encore quelques temps, elle pensait que son fils allait bien.

J'avais vue cette souffrance après sa mort beaucoup trop de fois. Je ne voulais plus y faire face. Et voilà que aujourd'hui, je suis confronté une nouvelle fois à elle.

La noirceur de mes motsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant