La noirceur de mes mots

{Letter n°8}

[13 mai]

J'ai repensé à mon anniversaire, sans raison apparente. Cela m'est juste revenu comme ça et je me suis dit que je pourrai te dire ce que j'ai sur la cœur à ce sujet.

Je ne veux pas dire que je n'aime pas mon anniversaire parce que ce serait mentir. J'ai essayé de l'oublier, de le considérer comme un jour comme un autre. Et pourtant, je n'y arrive pas. Ce jour reste spécial pour moi. Dommage qu'il soit le jour où l'on me déçoit le plus. Depuis que Youngji est morte depuis que mes amis ne me parle plus, je n'ai plus fêté mon anniversaire. Je n'ai plus jamais eu de mots gentils ou même un regard bienveillant, ne serait-ce que ce jour là.

Je veux dire que depuis que je suis petit, rare sont les fois où j'ai fêté mon anniversaire. Vous étiez trop occupé ou vous me dissiez de le fêter avec mes amis. Je ne vais pas te mentir, ça m'a fait mal, vraiment mal. C'est le seul jour pour un enfant ou l'on espère passer avant tout. Être ne serait-ce que pour une journée le centre de l'attention. Selon moi, c'est ce que tout enfant mérite. Je suis incapable de me souvenir si je l'ai vécu ou non.

Je me souviens de très peu de mes anniversaires et si je m'en souviens, le peu de souvenirs que j'ai ne sont pas les meilleurs. C'est pour ça qu'en grandissant, j'ai commencé à détester ce jour autant que j'avais hâte qu'il arrive.

J'avais espoir qu'on le passe avec moi et qu'on me montre que ma présence était importante, que je comptais vraiment dans la vie de quelqu'un. C'est ce que représente pour moi cette fête. En y réfléchissant, c'est stupide de fêter la naissance de quelqu'un. Puis le sens m'est venu quand j'ai réalisé que je ne l'avais presque jamais vécu. Je ne veux pas parler de "joyeux anniversaire" sans sentiment quand quelqu'un apprend que c'est ton anniversaire alors qu'il ne te connais pas. Ça c'est ce que je trouve stupide.
J'aurai aimé ressentir ce sentiment de votre part. Un sourire et qu'on mange mon plat préféré, si vous vous souvenez au moins de ce que c'est, m'auraient suffi. J'aurai préféré ça au mot posé sur la table de la cuisine ou du message en milieu d'après-midi.

Puis j'ai réalisé autre chose. Quand on voulait invité nos amis étant petit, on devait compter et choisir qui on préférait invité parce qu'on ne pouvait pas invité tous nos amis. Plus on grandit plus la liste d'invité se réduit. Je suis arrivé à un stade ou quand on me dit de fêter mon anniversaire avec mes amis ou de les invités, je me sens bloqué. Avant je n'avais pas beaucoup d'ami si bien qu'on était pas assez pour faire une fête. Maintenant, je n'en ai même plus.

Je n'ai pas honte de le dire. Enfaite, j'ai plus honte de m'être si vite habitué à la solitude.

Je te raconte ça mais nous sommes en mai et que mon anniversaire n'est qu'en septembre. Pour qui je me prends? C'est ce que tu te demandes, n'est-ce pas ? Je n'en sais rien. J'oublie presque ce jour, je ne vois même pas le temps se rapprocher ou non de ce jour. Et dire qu'avant, je me mettais à compter les jours un mois voire deux à l'avance.

J'ai été tellement dégouté de ce jour pour qu'il me sorte de la tête et que ce simple mots soit si sensible pour moi. Pourtant chaque année, j'ai l'impression que ce jour est spécial. Et j'ai toujours effectivement raison. C'est le jour de l'année où je pleure le plus. C'est comme une nouvelle tradition.

Je trouve ça un peu triste. Finalement, je trouve pas mal de chose triste. Mais je veux dire pas forcément pour moi, j'ai vécu pire ce n'est pas ça qui va me faire le plus mal. C'est quand je pense au petit garçon que j'étais. Cet enfant ne méritait pas ça, ni le futur qui l'attendait. Il a toujours fait ce qu'il a pu. Il n'a jamais eu un vrai "Joyeux anniversaire" de la part de ses parents.

Je ne méritais pas ça. N'importe quel enfant ne mérite pas ça. Il suffit de sourire, de le regarder droit dans les yeux et de prononcer ce deux mots. Je n'ai jamais demander de cadeau, je ne demandais que ça. Ce n'est pas demander la lune.