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Bref, après la scène que mon père a faite et ce qui s'est passé j'avais le droit de rester chez moi pendant quelques temps.

Je ne sais pas si j'en suis heureux ou profondément terrifiée peut-être un peu des deux.

Mais j'ai quand même décidé de retourner en cours. Les paroles de Soobin traînaient encore dans un coin de ma tête.

Donc avant que je ne parte, j'ai dû subir la colère de mon père. Mais il m'a juste crié dessus. Il n'a pas osé me toucher.

« -Je pensais t'avoir dit de t'éloigner de ce Choi Soobin ! Puis dit moi la vérité, c'est lui que t'aime ! Je ne sais même pas quoi dire ! Tu me déçois, et ta mère aussi ! Et je suis sûr que ta sœur pensera la même chose de toi ! »

Je n'ai pas répondu. Comme il sait qu'il ne peut pas m'atteindre physiquement, il essaye physiologiquement.

Alors je suis juste passé à côté de lui. Et je m'apprêtais à sortir quand il me dit.

« -N'ose pas t'approcher de lui, encore une fois. Sinon tu sais ce qu'il arrivera.
-Et tu comptes faire quoi. Maman, elle est partie. Et tu ne sais pas où elle se trouve. Tu ne peux rien lui faire. Ce chantage ne marche plus avec moi.
-Non mais quelque chose pourrait leur arriver à eux. »

Je me retourne pour voir la chose qu'il tient entre les mains. Une photo d'eux et moi, quand on était petit.

Mon sang se glace. J'en ai plus que marre de ce chantage. J'en ai plus que marre de ne rien pouvoir faire. J'en ai plus que marre de souffrir parce que je veux protéger les gens que j'aime.

Mais à ce moment-là tous ce que j'ai fait s'est d'hocher la tête. Pendant que lui jetait la photo qu'il avait froissé à mes pieds.

Je me suis donc baissé pour la ramasser tremblant de colère. Vraiment, je le déteste mais je me déteste encore plus d'avoir peur de lui.

De craindre de blesser mon père. De blesser celui qui me lisait une histoire avant de dormir quand j'étais petit.

Je crains de blesser cet homme-là. Parce que pour moi, je sais qu'il est encore là.

« -Oublie pas que tu dois aller travailler ce soir. Faut bien que tu serves à quelque chose. »

J'ai rapidement répondu que oui et je suis parti. Faut se dire que je suis parti extrêmement à l'avance.

Mon envie de rester avec lui encore une heure ne me plaisait pas énormément. Alors, j'ai décidé de marcher.

J'ai marché pendant environ une heure jusqu'à arriver au lycée quelque minutes avant mon bus.

J'avais presque oublié que je détestais marcher. Puis je me suis vite dirigé en classe espérant qu'aujourd'hui on me laisse tranquille.

Je me suis installé ou plutôt effondré sur mon bureau, ma tête dans les bras fatigué de la nuit que je n'ai pas eu et de la marche que je venais de faire.

Et ma semaine « de repos » est passé exécrablement vite. Vous notez l'ironie.

Même encore maintenant, je suis fatigué alors je pense juste fermer ma porte et m'endormir.

Mon père a raconté à ses potes que j'étais gay. Les remarques ne s'arrêtent plus maintenant. Alors les fois où je sors de ma chambre se font de plus en plus rares.

Car ils ne veulent pas se faire faire à manger par un « PD ». Donc je ne mange presque plus. Et j'évite les rendez-vous chez mon psy.

J'ai l'impression de devenir fou. J'ai l'impression que tous s'écroulent autour de moi et que le sol se brise sous mes pieds.

J'ai l'impression que d'un moment à un autre je ferai une bêtise qu'elle qu'elle soit.

Après tous plus rien ne me retient ici. J'ai tout perdu.

Je pense seulement que je veux savoir pourquoi j'ai été obligé de venir au monde. Et quel est mon rôle dans cette histoire.

Juste se laisser détruire par la vie et se laisser mourir. C'est peut-être ça ma destinée.

Le pire c'est que cela ne me dérange pas, enfin ne me dérange plus.

J'ai l'habitude de ce genre de penser à 1h du matin. Enfin pour l'instant ce n'est que des pensées.

Peut-être que plus tard, cela sera une réalité. Une réalité froide et fatale. Un sort qui est beaucoup trop rependu dans notre génération.

Alors je me demande qui sont les fautifs de nous faire vivre cet enfer.

Parce que sincèrement, moi, je n'en peux plus.

[17 mai]
.
.
.

-Attendez !! Mais c'est cette semaine !! On se rapproche de la vérité.

-Sincèrement, je ne sais pas si c'est réellement une bonne chose.

Les paroles de Taehyun ont effacé le sourire de Hueningkai en quelques secondes.

-On pourra toujours l'aider plus vite si on sait où il se trouve.

Les paroles de Beomgyu on réussit à redonner le sourire à notre maknae.

Mais une chose me traînait sans arrêt dans la tête depuis que je l'avais découvert.

-Je... j'ai lu la dernière page... pour savoir si on y trouverait une adresse... mais rien.

-Et il y avait des informations qui pourraient nous aider ?

-Cette page était vraiment perturbante et je n'ai pas tous compris. Alors j'ai décidé de lire depuis le début.

-Comment ça, perturbante ?

Les trois autres me regardent perdu. Alors je ferme le cahier pour le retourner et ouvrir seulement la dernière page.

Ils se penchent tous pour fixer l'objet entre mes mains.

Une feuille où l'on peut essayer de distinguer quelques mots écrit. Les lettres sont tremblantes. Et la page a l'air trempé d'eau ou de l'arme. On peut aussi voir quelques gouttes de sang. Mais le plus perturbant.

-Qu'est-ce que c'est que ça ?

La voix de Hueningkai était tremblante. Il pointait discrètement du doigt le fond de la page.

Il était au bords des larmes comme nous tous. Je ne savais même pas comment on faisait pour ne pas éclater en sanglots.

Sur cette page avait été scotché une carte SD. Avec une écriture en dessous :

« Faites disparaître tous ce qu'il a touché,
y compris moi »

La noirceur de mes motsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant