{Letter N°1}

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[3 avril]

Je me déteste beaucoup plus que je ne le fait pour toi. Et je me déteste justement parce que je n'arrive pas à te détester comme je le devrais. Quel genre de mère abandonne son fils de cette manière. Toi, apparemment.

Quand j'ai appris que tu étais parti, j'étais énervé mais d'un côté plus rassuré pour toi. C'est après que la tristesse est arrivée. Je me suis posé des questions. Je me suis demandé si tu m'aimais vraiment pour me faire ça.

Puis je dois avouez avoir eu un fou rire quand je me suis rendu compte de la vérité. Il m'a fallu dix-huit ans de ma vie pour m'en apercevoir.
Ou peut-être que je le savais depuis toujours au fond de moi, mais que l'enfant que j'étais ne voulait pas se l'avouer.

Vous ne m'avez jamais aimer. N'est-ce pas? Même pas un petit peu. Vous n'avez même pas essayer de faire semblant.
Alors pourquoi je n'ai rien vue? POURQUOI!?

Je suis simplement celui qui à gâcher votre vie. Pas vrai?

J'aurais préféré que vous vous débarrassiez de moi plutôt que de me faire vivre cette enfer. Je n'ai jamais voulu venir au monde. Vous ne le vouliez pas non plus.
Alors quoi, vous vous êtes dit autant assumer. Former une jolie petite famille. C'est le mensonge le plus faux que je n'ai jamais vue. Cette famille avait des failles avant même d'en être vraiment une.

Puis Youngji est arrivé et elle a relevé notre famille quelques temps avant que tout ne s'effondre à nouveau. Je voyais la différence entre elle et moi. La manière dont nous avons été élevé.

Après tout on reconnait un enfant voulu et celui qui ne l'ai pas. Pas vrai?

Je me suis dit que peut-être si je m'occupais bien d'elle vous nous aimeriez de la même manière.

Je n'ai pourtant jamais été jaloux d'elle. J'étais simplement triste. Et j'ai tout essayé pour que vous soyez fier de moi. Tout, tu m'entends. Je n'ai jamais eu de reconnaissance ou de mots d'encouragement. Jamais... Alors quand je vous entendais en dire a Youngji ou a d'autre enfant qui croissaient votre route, vous ne savez même pas comment mon cœur me faisait mal. Il me faisait plus mal que tous les coups que je me suis pris.
Et tu as été témoin de tout, mais jamais tu ne m'a consolé. Tu n'as jamais rien fait pour qu'il arrête, comme tu ne m'as jamais dit que je ne méritais pas ce traitement. Parce que peut-être pour toi, je le méritais. Tu ne le disais pas pour continuer à jouer à la bonne mère.

Quand il a appris que tu es partie, il a vrillé.  Je ne sais pas vraiment te dire pourquoi. De l'amour pour toi, ça fait longtemps qu'il n'en a plus et je sais que c'est réciproque. J'étais un enfant et je n'avais peut-être pas encore conscience de ce qu'était la tromperie. Mais maintenant, je sais très bien que c'est ce que vous faisiez, l'un comme l'autre. Mais je n'ai jamais rien dit. Je n'en ai jamais parler à personne.

Parce que tu crois que Papa c'est fait renvoyer pour quoi. Je l'ai surpris avec la femme de son patron une fois. Et si ça pouvait n'être qu'une fois. Toi, tu n'étais pas plus discrète que lui. Avec ce vieil homme qui tiens le magasin au fond de la rue. Je vous ai vu ensemble. Quand je me rappelle de pourquoi il était si gentil avec moi, ça me donne envie de vomir.

Tout ce que j'ai gardé pour moi pour tenir cette famille ensemble et ça uniquement pour Youngji. Après l'accident, j'étais entièrement perdu. Je croyais que c'était de ma faute. Et vous me l'avez fait croire. Alors que ce n'est qu'un accident. Si tu savais comment j'aurai voulu prendre sa place dans ce cercueil trop grand pour elle. J'aurais voulu mourir à sa place. Parce que ça aurai fait moins mal. Et je pense que ça ne vous aurait pas déranger tant que ça. Ce serait juste une bouche de moins à nourrir, des problèmes en moins.

C'est ce que vous vouliez? que je meurs. Alors Pourquoi, quand j'ai essayé, tu m'as arrêté? Pour continuer ton jeu de mère modèle. Ou pour garder au moins un enfant que ce soit ton préféré ou non. J'aimerai que tu me répondes, maman.

Quand je suis rentré, je me suis pris tellement de coup que je ne sais même pas comment j'ai réussi à me relever. J'ai rapidement perdu connaissance. Et quand je me suis réveillé, il n'y avait personne à mes côtés entrain de soigner mes blessures comme les autres fois. Tu sais maman, j'étais tous seul, recouvert de sang au milieu du salon. Et la douleur au fond de mon cœur est revenue.

Je n'ai pas chercher bien longtemps ou tu as pu aller. J'ai découvert que le vieux monsieur du magasin avait quitté la ville. J'imagine que tu es avec lui. J'ai trouvé quelqu'un qui lui transmets son courrier, alors je sais que tu vas recevoir cette lettre. Et si je n'ai pas de réponse, c'est parce que tu ne veux pas me répondre.

Sache que je ne t'aime pas en tant que personne mais en tant que la mère que tu as été pour moi. Même si je ne sais pas si j'ai encore le droit de me considérer comme ton fils.

Je ne sais pas quoi te dire, à bientôt ou à jamais. Qu'est-ce que tu préfères que je dise maman?
.
.
.
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Jamais après tant de temps, je ne pensais être devant l'un de ses textes une nouvelle fois.

Il est vrai que pendant la rédaction du livre j'ai été confronté jour et nuit à son écriture appuyée. Que j'ai lu et relu chaque page de son journal si bien que je suis presque sûr de tout connaître par coeur.

Mais je ne m'attendais pas, après tous ce temps, à me retrouver devant une carte écrite avec cette même écriture appuyée, replie de noirceur, de tristesse et de colère. Un texte que pourtant cette fois, je n'avais jamais lu.

J'ai cru qu'il était parti pour toujours et qu'il n'avait laissé derrière lui que ce vieux cahier noir qui racontait son histoire.

Peut-être que finalement l'histoire continue...

C'est peut-être ce dont j'ai besoin pour enfin être capable de faire le deuil.

Ou peut-être que je veux seulement me replonger dans ces textes pour me sentir plus proche de lui. Ne serait-ce qu'une dernière fois.

Je ne sais pas où cette nouvelle histoire va nous mener, pourtant la fin est connu dès le début.

Yeonjun avait décidé de conter son histoire en deux parties. C'est maintenant que ce joue le deuxième acte

Qui je l'espère répondra enfin à mes questions.

La noirceur de mes motsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant