Somewhere in the sky, June 12th
06:57Je regarde le paysage par le hublot, la tête dans les nuages, littéralement.
Je suis entrain de quitter le pays pour aller en vacances sur une île comme si de rien n'était. Comme si je n'ai pas fait face à toutes ces horreurs ces dernières semaines. Comme si l'une de mes meilleures amies n'est pas portée disparue, et que l'autre n'est pas sur un lit d'hôpital. Comme si je venais pas de coucher avec Neelam alors que son (ex)copine est apparemment toujours dans les parages.
J'ai tellement de questions... Quand est-ce qu'il lui avait envoyé le message ? Parce que si elle avait dit "moi aussi tu me manques" c'est qu'il le lui avait dit d'abord. Est-ce qu'il avait envoyé le message avant que je sois là ? Ou après que je me sois endormie ? Ou pendant que je me douchais ?
Sanyah me tapote la cuisse et je me tourne vers elle. Elle me tend son concealer et je lui lance un regard interrogateur. Elle tapote ensuite son cou en me lançant un regard plein de malice. Je comprend immédiatement et le prend rapidement de ses mains.
Prendre un vol habillée de façon confortable et sans mettre de maquillage est toujours une excellente idée, à part si bien sûr t'as des suçons de grognasse dans le cou.
J'applique le correcteur m'aidant de mon petit miroir de poche, en me demandant comment j'ai pu manquer ce détail en me préparant ce matin. Voyons aussi que j'étais incroyablement débordée. Comme j'étais disons occupée à faire autre chose, ma valise était à peine commencée, ce qui m'a valu un sermon de ma mère sur toute la route en voiture de la maison à l'aéroport.
L'arrivée précipitée de ce voyage confirme juste qu'on est entrain de fuir quelque chose. Qu'est-ce que c'est ? Va savoir.
Je met mon casque sur mes oreilles, tentant d'assaillir mon cerveau de musique pour silencer mes pensées trop bruyantes. Le premier morceau qui apparaît sur le mode aléatoire est Best Interest de Tyler, The Creator. Je change immédiatement de chanson, je n'ai pas besoin de ce genre de paroles dans mes oreilles en ce moment.
Point positif : la tension que je traînais dans mon corps depuis des semaines a disparu !
Plusieurs heures après qu'on soit arrivés, alors que je suis dans ma chambre d'hôtel toute seule, je regarde par la baie vitrée qui donne sur la mer, ma famille autour de celle-ci. J'ai promis que j'allais descendre pour les rejoindre, je devais faire un truc avant.
D'ici je peux voir mes parents s'enlacer. À chaque fois que je les vois je me demande vraiment comment ils ont fait pour tomber amoureux. Ils sont littéralement l'opposé l'un de l'autre.
Ma mère est tellement dynamique et chaleureuse. Et mon père est froid et... voilà. C'est ça le problème ; je ne peux pas en dire plus sur lui parce qu'il ne démontre pas plus de traits de personnalité que ça, même en vers Sanyah et moi, qui sommes ses filles.
Mais aujourd'hui c'est pas la relation de mes parents que j'ai en tête.
J'appelle Calypso. Je suppose que quand quelque chose vous tourmente, la moindre des choses à faire c'est d'en parler.
Elle répond au bout de la troisième tonalité.
- Allô, Halima ?
- J'ai fait une bêtise, je crois.
- Bah purée, bonjour à toi aussi, elle grommelle.
J'entends un « bip » régulier et réalise qu'elle est à l'hôpital. Mon ventre se tord un peu quand je me rend compte que, obnubilée par mes propres problèmes (qui sont d'ailleurs insignifiants comparés aux siens), je ne me suis même pas souciée de son état d'esprit sur le moment, ni de l'état de Persephone.
VOUS LISEZ
blood on the marble floors
Teen FictionAprès l'enlèvement d'un être cher, Halima se retrouve soudainement à jongler entre les nombreux tumultes de sa vie amoureuse et le danger qui rôde autour de sa famille.