28. seigfried/godspeed

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Beverly Hills, August 30th
13:15

- Seigneur, Dieu des vivants, Toi qui appelles à la vie les corps soumis à la mort, accueille aujourd'hui l'âme de Maïssa. Pardonne-lui, dans ta miséricorde, ce qu'elle a pu faire de mal ici-bas : qu'elle connaisse près de toi la joie véritable et ressuscite pour la vie éternelle, quand le Christ Jésus viendra juger le monde. Lui qui règne avec toi et le Saint-Esprit maintenant et pour les siècles des siècles.

Un "amen" collectif parcoure l'assemblée. J'avale difficilement ma salive et resserre la main de Sanyah dans la mienne. Mes yeux étaient fermés et j'avais la tête baissée comme tout le monde, mais je pouvais quand même ressentir l'attention tournée vers elle et moi, ainsi que ma mère à côté de nous.

Le prêtre continue son discours pendant je me félicite intérieurement de ne pas avoir fondu en larmes pendant toute la cérémonie. Pas parce que je pense que pleurer est une mauvaise chose, mais parce que je sais que si je commence je ne pourrai pas arriver à m'arrêter.

J'ouvre discrètement les yeux. Ma mère serre fort son mouchoir dans ses mains jointes, et ses paupières qui tressautent me laissent savoir qu'elle se retient tout comme moi. Ça, et aussi le fait que si elle n'était pas fermement retenue par Papa, elle tomberait sûrement par terre.

Cette entrevue me pince légèrement le cœur, surtout à cause de ce que je m'apprêtais à faire, mais je me ressaisis immédiatement. Même si je pouvais revenir sur ma décision, je pense qu'il est trop tard pour revenir en arrière. J'ai fait une décision, et il était temps de l'assumer.

Le prêtre annonce maintenant que c'était le moment de dire un dernier mot à la défunte, tour à tour, et de manière privée. Mes parents ont fait en sorte que la réception soit aussi courte que possible ; c'est pour ça qu'aucun de nous, y compris le reste de la famille, n'a fait de discours. Déjà, je n'étais pas en mesure de le faire, ma mère non plus, et ce n'est clairement pas à Sanyah qu'on allait refiler cette tâche. Et puis, ma mère a aussi dit que les funérailles de Nana n'étaient pas « une occasion pour que le reste de la famille fasse semblant de se préoccuper d'elle pour une fois. »
Ça a l'air un peu dur dit comme ça, mais quand on voit l'hypocrisie qui règne dans ma famille maternelle, on ne peut qu'être d'accord. Personne ne prenait de ses nouvelles ou ne cherchait après elle durant les longues années où elle a vécu avec nous, même si ça paraît invraisemblable quand on voit mes tantes s'étouffer avec leurs larmes non loin de nous. Ma mère pense donc que, maintenant que Nana est morte, elles ont tout le droit de vanter hypocritement ses mérites et lui faire de fausses éloges qu'elles n'auraient jamais dites en son vivant, mais juste pas ici et maintenant. Et honnêtement, je suis du même avis qu'elle.

Mes parents s'approchent alors en premier du cercueil pendant que la foule se disperse peu à peu. Ma main toujours entrelacée à celle de Sanyah, je me tourne, pour faire face à une véritable surprise.

Si je trouvais dur le fait de me retenir de pleurer tout à l'heure, je le trouve encore plus compliqué maintenant que mes amis sont tous en face de moi, surtout après ce qui s'est passé récemment.

Persephone se jette dans mes bras avant même que j'aie le temps de réagir complètement. Les larmes me montent aux yeux et je la serre dans mes bras à mon tour. L'odeur familière de son parfum m'emplit d'une mélancolie tellement forte que ma tête tourne.

Elle se déplace légèrement pour que sa jumelle nous joigne dans un câlin groupé. J'ai l'impression que mon cœur va sortir de ma poitrine. Je ne peux pas décrire ce que je ressens en ce moment, mais c'est vraiment très fort.

Quand on se détache enfin, c'est au tour de Chiara de s'approcher de moi. Mais avant qu'elle ne puisse me toucher, quelqu'un d'autre me saute dans les bras. Je réponds immédiatement au câlin sans savoir qui c'est, et je cligne plusieurs fois des yeux pour au final ne trouver que de longs cheveux blonds raides dans mon champs de vision. Et pourtant, Chiara est juste en face de moi, et Calypso n'a pas les cheveux aussi lisses. Je me dégage légèrement de l'emprise de la personne pour voir de qui il s'agit.

blood on the marble floorsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant