Anya

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Mon père est allé à l'université. C'est là qu'il a appris à modifier génétiquement les plantes pour qu'elles survivent et se développent dans une terre profondément polluée. Il ne parle pas beaucoup de cette période de sa vie. Pas plus d'ailleurs que de la colonie où il a passé son enfance. Probablement parce qu'il est modeste et ne veut surtout pas nous écraser par son succès.
-Tu penses que je ne serai pas acceptée, c'est ça?
Mon père fronce les sourcils.
-Je pense que tu te sous-estimes. Tu es très intelligente, Lex. On ne sait jamais qui le comité choisit et on ne connaît pas les critères de sélections. Dans ma classe nous avons été cinq à passer le Test. Les quatre autres avaient de meilleurs résultats scolaires que moi mais je suis le seul à être entré à l'université. Le Test n'est pas toujours juste et ce n'est pas une fin en soi.
-Mais tu es content d'être allé à l'université, ai-je protesté. Si tu n'avais pas fait d'études, tu ne serais pas capable de réaliser tous ces miracles!

À deux pas de bois, un pommier explose de fleurs, autant de promesses de fruit délicieux dans quelques mois. Non loin, des buissons de myrtilles poussent à côté des marguerites et d'autres fleurs dont j'ignore le nom. Sans mon père, rien de tout ça n'existerait. Quand j'étais petite, cette colline n'hébergeait que des plantes rabougries aux fruits rares ou inexistants. À cette époque, nous avions souvent l'estomac vide. Quand il a pris en main les cultures, tout a changé. Bien sûr, nous devons toujours faire attention à ne pas gaspiller, mais la faim n'est plus un problème.
-Je ne peux ni me réjouir ni me désoler d'être allé à l'université, à soupiré mon père. Je n'ai pas eu le choix.
Son regard se perd dans le vague pendant un moment, puis il sourit de nouveau. Mais les nuages n'ont pas quitter ses yeux.
-Si je n'étais pas aller s l'université, je ne serai jamais venu vivre ici et je n'aurais pas rencontré ta mère. Qu'est-ce que je serais devenu sans elle et sans vous?
-Probablement un vieux garçon qui vivrait chez ses parents et dont la mère se demanderait chaque jour quand il va se marier.
Il m'ébouriffe les cheveux, les yeux pétillants de malice.
-Un destin pire que la mort, rit-il.
C'est aussi ce que je pense à chaque fois que ma mère répète à Lincoln qu'il passe à côté de la vie.
-Allons-y, lance-t-il, ta mère va faire sonner le tocsin si on traîne plus longtemps. Je veux juste que tu n'oublies jamais une chose: je crois en toi, quoi qu'il arrive.

Son bras sur mon épaule, le mien autour de sa taille, nous franchissons les derniers pas qui nous séparent du sommet de la colline. Je souris mais tout au fond, je me demande, le ventre noué, si papa n'a pas toujours pensé que je n'aurai jamais la capacité d'atteindre son niveau. Que je le décevrai, quoi qu'il arrive.

La colonie est très étendue et la cérémonie de remise des diplômes est la seule véritable occasion qui permettre à tous les habitants de Trikru  de se retrouver. Bien sûr, il y a les réunions obligatoires durant lesquelles nos dirigeants nous délivrent les messages officiels, mais elles sont somme toute très rares. avec à peine plus de 900 citoyens, note colonie est une des plus petites et aussi une des plus éloignées de Mount Weather, la capitale où vivent les membres du gouvernement de la Communauté Unifiée. Nous ne les intéressons pas beaucoup, ce qui convient à la plupart d'entre nous. Nous nous débrouillons très bien sans eux. Ici, nous ne rejetons personne, mais chacun doit faire ses preuves lui- même.

Le parc est assez grand mais aujourd'hui, ainsi bondé, il paraît tout petit. Tout le monde a revêtu son costume d'apparat. Des stands de bougies, de gâteaux, de chaussures et de toutes sortes d'objets pour la maison s'alignent sans fin. Ils fermeront quand la cérémonie débutera mais pour l'instant, ils bourdonnent comme des ruches. Les citoyens qui ne viennent pas souvent en ville en profitent pour acheter ce dont ils ont besoin. La monnaie de la Communauté Unifiée est rare dans notre colonie mais les employés du gouvernement, comme mon père, l'utilisent.

-Lexa !
Une main s'agite au-dessus de la foule. Ma meilleure amie Anya se fraie un passage jusqu'à moi. Ses boucles blondes et sa robe rose flottent dans son sillage et une glace en cornet fond dans sa main. Elle me serre contre elle avec ferveur.

-Je n'arrive pas à y croire ! Et regarde, ils distribuent des glaces ! Gratuitement ! Je suis tellement excitée !

Je lui rend son étreinte en essayant d'éviter d'être tachée. Ma mère me tuera si je ruine ma tenue avant la cérémonie.
-Tu as raison, Anya, c'est excitant, mais ça fiche la trouille aussi.

Anya est la seule à qui j'ai confié mes craintes concernant l'avenir. Ma peur de ne pas être choisie pour le Test. Elle jette un bref coup d'œil autour de nous pour s'assurer que personne ne nous écoute.

- Mon père m'a dit qu'un invité spécial était prévu. Le jour de la remise des diplômes est aussi le jour des discours et il y a beaucoup d'intervenants. Nos professeurs vont prendre la parole, ainsi que le magistrat et de nombreux responsables de Trikru. quand toute la colonie est rassemblée, on n'est jamais à court de sujet à aborder. C'est pour ça que cet invité spécial ne me semble pas si spécial. Du moins, jusqu'à ce que Anya ajoute:

- Il vient de Mount Weather.
- Ah bon ?

La dernière fois que des officiels se sont déplacés de Mount Weather, c'était il y a 3 ans pour le décès de notre vieux magistrat. 2 hommes et 1 femme sont venus désigner le nouveau. Mount Weather se contente en général d'envoyer les proclamations à notre magistrat par radio. Ce dernier se charge de nous en faire part.
- En tout cas, c'est ce que mon père a entendu, reprend Anya en léchant sa glace.
Elle commence à en avoir plein les mains.
- Il pense qu'il est venu escorter le candidat choisi pour le Test. Ce sera peut-être toi.
Pendant un instant, son sourire s'évanouit.
- Tu vas me manquer.

Anya et moi n'avons que 2 semaines d'écart et nous somme amies depuis que nous avons 3 ans. Ses parents l'ont envoyée à l'école à 6 ans alors que j'y étais déjà depuis 1 an. C'est pour ça que nous ne sommes pas dans la même classe. De nous 2, c'est la plus timide, la plus douce et la plus intelligente. C'est aussi celle qui aura le plus de mal à se faire de nouveaux amis si nous sommes séparées. Si je ne la poussais pas à parler aux autres élèves de sa classe, elle serait probablement toujours seule. Sa mère est morte il y a deux ans dans un accident et son père est souvent absent. Leur maison respire la tristesse et Anya doit se débrouiller sans aide avec toutes les corvées. Ce n'est pas toujours facile. Quand nous sommes ensemble, j'essaie de la faire rire mais parfois, les ténèbres la rattrapent et j'ai peur que sans moi, ces ténèbres l'engloutissent entièrement.

...
Voilà le 2ième chapitre, je sais qu'il n'y a pas beaucoup d'action pour le moment mais il va en avoir rapidement, j'espère que ça vous à plue.
Ps: Le Clexa arrive bientôt ;)

(1247 mots)

L'Élite tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant