Morte ?

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Je tombe violemment sur le sol et je roule sans pouvoir m'accrocher à quoi que ce soit. Arrivée au bas de la colline, je me redresse, étourdie, un sifflement aigu dans les oreilles. L'oasis n'est plus qu'un trou béant. À quelques pas, Clarke est étendue, totalement immobile.

Je ravale un sanglot et je me précipite vers elle. Je ne veux pas. Je ne veux pas encore une fois tenir la main d'une de mes amis en train de mourir. Mais sa poitrine se soulève, elle est en vie. Par bonheur, Clarke n'était pas près de la mare au moment de l'explosion. Sinon, comme les arbres et les fleurs, elle serait à présent réduite en miettes.

Je tome à genoux.

Elle est inconsciente et ce n'est pas bon signe. Je l'examine, à la recherche d'une plaie à la tête. Rien. En revanche, je découvre qu'une branche lui a perforé l'abdomen, au-dessus de la hanche. Elle saigne. Mes larmes coulent, je les essuie. Pleurer ne lui sera d'aucune utilité. Je dois arrêter l'hémorragie. Je la tourne avec précaution. Puis, je prends une profonde inspiration et d'un coup sec, je tire sur le morceau de bois. Mais les aspérités de l'écorce s'accrochent à sa chair. Elle gémit et grimace quand je remue la branche dans la plaie pour l'enlever. Le saignement augmente mais au moins, je parviens à la libérer. Je déchire mon drap et, d'une main, je presse le pan de tissu sur la blessure pendant que de l'autre je cherche la trousse de secours. J'ai besoin du désinfectant ainsi que du fil et de l'aiguille. Même si je ne suis pas sûre d'avoir le courage de les utiliser. Clarke pousse un nouveau gémissement quand je la mets sur le dos.

Elle ouvre les yeux.

-Qu'est ce... qu'est ce qui s'est passé?

Entendre sa voix m'arrache en même temps un sourire et un sanglot.

-L'oasis a explosé et tu as été empalée par une branche. J'ai réussi à l'enlever mais la plaie n'est pas belle. Ne t'inquiète pas.

Je fais de mon mieux pour être rassurante. Ce n'est sans doute pas brillant.

-Je vais te recoudre en un rien de temps. Il faut juste que...

-Juste quoi ?

Je rougis.

-Il faut juste que tu enlèves ton pantalon.

Le sourire égrillard qu'elle me lance ne tarde pas à se transformer en grimace quand elle commence à se déshabiller. Je vérifie sous ma compresse de fortune. Elle saigne toujours mais moins abondamment. Sa blessure fait bien 2 ou 3 centimètres de diamètre et 5 ou 6 de profondeur. Les bords en sont affreusement déchirés. Elle doit beaucoup souffrir.

J'ai vu le docteur Flint recoudre mes frères à plusieurs reprises au cours des dernières années mais il s'agissait de plaies plus propres et plus fines. Là, c'est un trou et je ne sais pas du tout comment m'y prendre.

Je dois quand même essayer.

Je fais avaler à Clarke plusieurs cachets antidouleur, puis je nettoie sa blessure de mon mieux avec de l'eau propre. Débarrassée du sang et de la boue, elle a un aspect encore plus terrifiant. C'est décidément impossible à recoudre. Il ne me reste qu'une solution et elle me donne envie de hurler, mais je n'ai pas le choix. Clarke saigne encore et si ça ne s'arrête pas très vite, elle ne pourra pas continuer. Et moi non plus, parce que jamais je ne la laisserai là, en sachant qu'elle a toutes les chances de mourir. 

Je ramasse quelques brins d'herbe et de morceaux de bois que j'empile. J'y mets le feu avec les allumettes de Clarke et je sors mon couteau. Parmi les outils dont elle est muni, il y a un tournevis, une lime à ongle, une petite scie, un crochet et deux ou trois autres gadgets dont je n'avais jamais compris l'utilité jusqu'à présent.

L'Élite tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant