Sciences et littérature

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Au petit déjeuner, nous avons tous l'air reposés mais tendus. Prêts pour un nouveau round. Ce matin, c'est sciences.

Tables périodiques, formules chimiques. Les premières questions sont faciles comparées à celles qui exigent des explications scientifiques sur le processus de mutation des insectes et des autres animaux modifiés qui peuplent maintenant la planète. En revanche, mon expérience personnelle m'est d'une grande aide pour la partie sur les plantes. Je n'ai pas vraiment la main verte mais je comprends parfaitement les concepts qui permettent de créer des hybrides et les facteurs concourants à leur succès.

Malgré tout, le temps s'écoule trop vite. Je laisse deux pages vierges de réponse. Après le déjeuner, nous attaquons " littérature et langues ". Mes yeux sont douloureux, mon corps perclus des courbatures, mais cette fois, je termine entièrement le test, dix minutes avant la fin.

Au lieu d'en éprouver du soulagement, je suis submergée par un sentiment de panique. J'ai forcément répondu trop vite, je me suis trompé ou bien je n'ai pas suffisamment développé. Je suis prête à rouvrir le fascicule pour tout revoir depuis le début mais je me rappelle ce que mes parents me disaient quand ils m'aidaient à préparer une interrogation.

"Prends ton temps et fais-toi confiance. Tu connais ton cours, ce qui te vient à l'esprit est la bonne réponse."

Je repose mon crayon et je croise les bras sur mon pupitre. À côté de moi, Clarke fait la même chose. Elle me sourit. J'adore ses fossettes.

Encore cinq minutes. Quatre, trois, deux... les crayons s'agitent, des visages se lèvent vers l'horloge. La sonnerie retentit.

La première partie du Test est officiellement terminée.

On nous escorte jusqu'aux ascenseurs. Quelques élèves se tapent dans les mains. Je suis fatiguée et soulagée. J'ai fait de mon mieux. Avant de sortir de la cabine, Clarke serre brièvement ma main dans la sienne. Puis elle s'éloigne avec d'autres.

Je suis déçue de voir que Rebecca est cette fois encore arrivée à la chambre avant moi. Elle est assise à son bureau, penchée sur un objet qu'elle a probablement apporté de chez elle. Il y a toujours neuf biscuits dans l'assiette. Elle se tourne vers moi, un sourire éclatant mais un peu crispé aux lèvres.

-Alors, comment ça s'est passé ? me lance-t-elle.

Après avoir posé mon sac sur mon lit, je décide de répondre honnêtement.

-Je n'ai pas réussi à terminer les sciences.

Rebecca plisse les yeux. Elle se mord la lèvre et m'observe sans rien dire pendant une bonne minute. Elle essaie probablement de deviner si je lui ai dit la vérité. Elle doit supposer une manœuvre de ma part pour lui faire avouer ses éventuels échecs. C'est très certainement ce qu'elle ferait à ma place.

Elle finit par hausser les sourcils, ce qui lui donne un air sournois.

-Je suppose que les écoles de Trikru ne sont pas aussi performantes que celles de Dixon. Dommage pour toi. On dirait que l'une d'entre nous ne sera plus là demain.

Je serre les poing si fort que mes ongles me blessent la paume. La colère m'envahit et je ne peux pas m'empêcher de la rembarrer sèchement :

-Nos professeurs étaient excellents ! Clarke et moi avons fini la littérature et les langues dix minutes avant l'heure ! Et toi ?

Son expression me révèle que ce n'est pas son cas et je la toise sans pitié.

-Tu as sans doute raison, l'une d'entre nous ne sera plus là demain ! Dommage ! Et n'oublie pas tes biscuits en partant !

Mon ton est méprisant comme quand mes frères se liguent contre moi et que mon seul moyen de défense est d'essayer de les rabaisser. Mais soudain, ma colère est remplacée par la honte. J'attends que Rebecca m'envoie balader mais rien ne vient. Elle a la tête baissée.

-Je suis désolée, je murmure.

Quand elle se redresse, elle sourit.

-De quoi? Tu essayais juste de te rassurer après avoir reconnu que tu ne t'étais pas très bien débrouillée ce matin. C'est toujours ce que faisaient les élèves les moins bons à mon école. Je suis habituée.

Argh. Cette fille cherche les gifles. Pour m'empêcher de faire un geste que je regretterais, je me laisse tomber sur mon lit et je ferme les yeux jusqu'à l'annonce du souper. À peine les hauts-parleurs commencent-ils à grésiller que je sors en trombe de la chambre.

L'Élite tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant