Bienvenue

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-Lexa, ton repas refroidit.

Les mots de Clarke sonnent comme un avertissement. Nous somme observés. Chacune de mes réactions est jugée. Ce n'est pas le moment de me faire remarquer. Mais le visage de ce candidat est gravé dans ma mémoire.

J'inspire profondément avant de prendre ma fourchette.

Clarke donne un coup de coude à Niylah et lui murmure quelque chose à l'oreille. Je ne sais pas ce qu'elle lui dit mais elle obtient l"effet escompté : Niylah se reprend et commence à manger. Michael revient avec une nouvelle assiette et nous nous mettons à discuter de tout et de rien. Des bribes de conversations me parviennent des tables voisines. Les autres se demandent d'où on vient. Certains ont d'ailleurs deviné mais la mention de Trikru ne récolte que des rires étouffés. Ils nous considèrent manifestement comme des imbéciles dont il est inutile d'avoir peur. Mon angoisse ne cesse de croître.

Je parviens quand même à manger tout mon repas sauf ma pomme. Le saumon était probablement très bon, mais je n'étais pas dans le meilleur état  d'esprit pour apprécier de nouvelles saveurs. Un nouveau groupe entre dans le réfectoire. Ils sont 6 et s'installent juste derrière nous. Ils se hâtent  de manger alors que des femmes en combinaison commence à débarrasser. Une voix retentit dans la salle.

-Bienvenue à Mount Weather et félicitation à tous!

Il me faut quelques secondes pour repérer les hauts-parleurs. De l'autre côté de la vitre, la femme qui nous a accueillis parle dans un micro.

-Vous êtes aujourd'hui 108 mais 20 d'entre vous au maximum entrerons à l'université.

Moins d'une chance sur 5. Une rumeur s'élève dans le réfectoire. Certains semblent confiants, voire trop confiant, d'autre s'étonnent avec inquiétude du chiffre qui vient d'être annoncé.

-Puis que tout le monde est enfin arrivé, reprend la femme, le Test commencera demain matin. Dans 10 minutes, vous rejoindrez vos chambres que vous partagerez avec un autre candidat. Si l'on ne vous a pas encore désigné une, demandez à l'officiel chargé de vous escortez. Je conseille de vous reposer car vous aurez besoin de toute votre concentration dans les jours et les semaines à venir.

En me donnant la feuille sur laquelle le numéro de ma chambre, Michael me fixe quelques secondes. C'est sa façon de me souhaiter bonne chance.

À l'extérieur du réfectoire, les garçons sont dirigés vers la droite, les filles vers la gauche. Niylah et moi regardons Monty aller vers la droite et Clarke partir de son côté avant de nous éloigner. J'ai la chambre 34, Niylah la 28. Prise d'une impulsion, je la serre dans mes bras. Aucune de nous deux ne sait de quoi demain sera fait. J'espère de tout mon cœur qu'elle va réussir. Elle me surprend en me rendant mon étreinte.

Quand elle s'écarte, elle me sourit :

-On va leur montrer de quoi on est capables !

-C'est sûr !

Une fois seule, je remonte le couloir. Devant la porte 34, je retiens ma respiration et je pose la main sur la poignée. Puis je me décide à ouvrir.

-Bonjour, m'accueille une voix claire.

La chambre est grande et lumineuse. Elle contient 2 lits, 2 bureaux et 2 chaises. Une fille très jolie, svelte et aux longs cheveux blonds se tient près de la fenêtre. Elle me sourit.

-Je suis Rebecca de la colonie Dixon, se présente-t-elle.

-Bonjour, je suis Lexa, de Trikru.

Elle hausse les sourcils.

-De Trikru ! s'exclame-t-elle. Tout le monde ne parlait que de vous pendant le dîner. Il paraît que c'est la première fois depuis des années que des candidats de cette colonie sont sélectionnés pour le Test. Certains affirmaient que c'est parce qu'elle était sur le point de fermer.

-Non, Trikru est toujours debout. C'est juste que nous sommes tout petits.

-Dixon n'est pas grand non plus !

Rebecca s'assoit sur un des lits et ramène ses  jambes sous elle.

-Nous ne sommes que 15 mille, poursuit-elle, c'était d'autant plus excitant que 8 d'entre nous soient choisis cette année.

Son toi est gai et sincère. Je lui retourne son sourire. Je pose mon sac et m'assois face à elle sur l'autre lit.

-15 mille colons, ça me paraît énorme. À Trikru, nous sommes un peu moins d'un millier.

-Et combien de diplômés vont passer le Test ?

-4. La moitié de notre classe.

Elle me pose des questions sur ma colonie, sa situation géographique, le genre de plantes que l'on y fait pousser et les animaux qui fréquentent la zone. D'après ses indications, je situe Dixon à environ 500 kilomètres au sud-ouest de chez moi. Apparemment, bien qu'elle soit plus grande, la colonie de Dixon dispose de moins de ressources que Trikru. Peut-être est-il plus difficile de nourrir tout le monde quand la population est plus importante. Sans compter que la majorité des citoyens travaillent à la fabrication de piles et de matériel électronique au lieu de cultiver la terre. Rebecca vient d'une famille d'agriculteurs et ne connaît donc pas la faim mais elle m'explique que ce n'est pas le cas de ceux qui vivent dans le centre-ville. Ses parents utiliser l'argent que le gouvernement verse aux familles des élèves sélectionnés pour créer des équipements de stockage alimentaire dont pourront bénéficier tous leurs voisins. Elle est fière de participer à cette action. Même si j'avais prévu de garder mes distances avec les autres candidats, je me rends compte que je l'apprécie déjà.

Nous discutons pendant plus d'une heure. Son bracelet est gravé d'un triangle avec un A majuscule à l'intérieur . Elle n'est pas dans mon groupe. Elle propose de m'aider à ranger mes affaires mais je refuse.

-Je n'ai pas l'intention de défaire mon sac. On ne sait pas combien de temps le Test durera pour chacun d'entre nous, n'est-ce pas ?

Elle acquiesce, pensive.

Dans son placard , elle a déjà accroché 2 robes. Ma mère aimerait les vêtements qu'elle a choisis. Parfaits pour faire bonne impression. Nous passons à la salle de bains et enfilons nos pyjama avant de nous coucher. Rebecca me demande si nous pouvons garder les lumières allumés encore un moment. Assise en tailleur sur son lit, elle feuillette  un album photo. Je sens qu'elle est sur le point de pleurer et j'aimerais la consoler. Ma famille me manque à moi aussi. À cette heure-là, ma mère, assise devant la cheminée, me pose des questions sur ma journée. Mon père, penché sur une table, un peu à l'écart, réfléchit à de nouveaux projets. Mes frères et moi, le plus souvent, jouons aux cartes. Je me glisse sous les couvertures et je ferme les yeux.

-Si tu as faim, j'ai apporté des biscuits au maïs de chez moi. Je les ai faits moi-même.

Je m'endors avec mon sac serré contre la poitrine.

L'Élite tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant