Capitulum 1

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 — Sinaïh lève-toi, s'il te plaît. C'est le matin et tu dois retourner à tes leçons comme tous tes camarades, commença une voix qui se voulait douce à mes côtés.

Je grognai de désespoir sous les doigts passant affectueusement dans mes cheveux pour m'aider à me réveiller. Je réussis tant bien que mal à me lever, le corps encore endolori et sans grande motivation pour cette nouvelle journée.

Je serai bien resté un moment de plus sous les draps chauds de mon lit, mais mon médecin aurait encore eu une bonne raison pour me sanctionner.

J'avais passé toute la dernière semaine en isolement et il m'avait fait payer mon envie de m'échapper une nouvelle fois.

Handeïs venait comme presque tous les matins me réveiller, afin de vérifier si je pouvais aller à l'étude avec les autres. Il était toujours précautionneux avec moi.

Les examens avaient été beaucoup plus violents cette fois-ci et les ignobles cachets contre la douleur ne furent pas de refus lorsqu'il me les tendit.

Ma semaine de claustration avait été rythmée par les affres de toutes sortes de tests sanguin et neurologique, et les moments où le médecin essayait de me résonner en m'expliquant qu'être ici, c'était être à ma place et que j'en serai bientôt récompensé.

Je n'y croyais plus.

Je venais de terminer d'engloutir un morceau de brioche sucré lorsqu'il sortit de la pièce après une dernière auscultation et s'assurant que je ne ferais pas de nouveaux débordements aujourd'hui.

Je me mis à soupirer, mon regard tombant sur mon poignet. À l'endroit même où une plaie aurait dû se trouver. Mais il n'y avait déjà plus rien.

J'étais fatigué.

Depuis le temps passé ici, j'aurais dû avoir l'habitude de tous ces examens, mais c'était impossible. Je passais une dernière fois de l'eau sur mon visage tout en essayant de ne plus ruminer. Cela ne servait à rien, je ne sortirais pas de cette manière.

L'un des seuls points positifs de la journée était que j'allais enfin retrouver mes amis et cela me ferait le plus grand bien. Les isolements étaient toujours très éprouvants.

Vivre les angoissantes expérimentations, seul, était plus horrible à gérer que lorsque nous les subissions chaque fin de semaine tous ensemble. Au moins, nous pouvions nous rassurer tous ensemble et nous détendre après.

Je traversai rapidement les couloirs blancs et aseptisés du centre, et arrivai assez vite en salle de leçons pour rejoindre ma table. Je ne pourrais pas parler à mes amis avant le repas.

La journée allait être bien longue...

Je me sentais encore en colère et frustré de cette dernière semaine et cela allait certainement empirer si je ne faisais rien pour me calmer.

Cela faisait si longtemps que j'étais arrivé au centre de recherches que je n'aurais su dire depuis combien de temps j'étais présent. Le temps semblait s'écouler lentement. Les murs nous cachaient des rayons de lumière de l'étoile guide, nous empêchant de connaître l'heure ou la saison actuelle. Il était tout à fait possible que nous soyons en pleine nuit en ce moment même. Seuls nos gardiens devaient le savoir.

J'étais encore très jeune lorsque ma génitrice m'avait amené ici. Je m'en souvenais que peu. C'était certainement mieux comme ça.

Cependant, quelques images de l'extérieur, de ce moment, étaient restées dans ma mémoire.

C'était un matin où le sol craquait sous mes petits pas ; où les arbres étaient aussi blancs que la pureté des nuages des beaux jours ; où la fraîcheur de la saison me glaçait le corps. Elle avait commencé à faire un sac en m'expliquant que l'on partait vers un endroit merveilleux où il y avait beaucoup de nuages en sucre cotonneux roses et où les maisons étaient comestibles.

Calix HiemisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant