Chapitre 3. Éclat des conscience.ABDELLAHI Ibrahim
Allongé sur mon tapis de prière, je tissais des conversations intimes avec Allah. Chaque matin, mes paroles révélaient les aspirations et les défis qui marqueraient ma journée à venir. La prière du matin, sobh, devenait un rituel sacré, une préface essentielle qui préfigurait le déroulement de mes heures à venir.
Son appel était irrésistible, ancré dans ma foi profonde, au point que je sacrifiais souvent la première heure de cours pour m'adonner à cette communion spirituelle. La prière, cinq moments ponctuant la journée où l'âme s'adresse directement à Allah, revêtait une importance transcendante dans ma vie.
Certains prétendaient appartenir à l'oummah, la communauté musulmane, mais négligeaient l'essence même de cette connection divine. La prière, pilier de la foi, révélait la cohérence entre les paroles et les actes, une vérité que certains semblaient oublier. Bien que chacun puisse traverser des baisses de foi, la communication avec Allah demeurait la clé du bien-être.
Après la prière du sobh, je me dirigeai vers la douche, préférant une routine simple pour mes déplacements quotidiens. La quête obsessionnelle de la tenue parfaite me semblait étrangère, car, à mes yeux, la commodité était essentielle pour une concentration optimale en classe.
Enfilant un jogging noir Nike et un tee-shirt gris, je m'apprêtai pour la journée en cette matinée de septembre, où la chaleur persistait. Mon choix vestimentaire exprimait ma préférence pour la simplicité, une déclaration tacite sur la priorité du confort dans mon quotidien.
Ma tante Fatiha était déjà au travail, et je savais que Nour, contrairement à moi, était déjà partie, dévouée à ses études. Nos parcours scolaires se distinguaient radicalement, avec Nour excellante dans toutes les matières, tandis que mes résultats étaient plus modestes malgré ses tentatives répétées pour m'aider.
À la hâte, je me retrouvai dans la cuisine, optant pour des céréales sans lait, mon aversion pour ce dernier étant bien connue. Malgré mon léger retard d'une heure, ma priorité restait mon petit-déjeuner, et je ne songeai à partir qu'après avoir satisfait cette exigence matinale.
Une fois les céréales dégustées, mes jordans aux pieds et mon sac à l'épaule, je m'apprêtai à affronter une nouvelle journée.
[...]
Lycée Jean-Albert de Printanier
7h45Face au lycée, une apathie profonde m'envahissait, résistant à l'idée d'entamer une journée scolaire que je considérais comme une vaste futilité. À mes yeux, l'école n'était qu'un détour inutile, délaissant les enseignements pratiques cruciaux pour affronter la réalité post-lycée.
Cependant, la conscience des limites sociales m'obligeait à franchir les portes de l'établissement. Je savais que, pour un jeune issu d'un quartier, noir et musulman, même le summum des diplômes ne garantissait pas un avenir sans embûches sur le marché du travail. C'était une réalité incontournable à laquelle je devais faire face.
Le téléphone à la main, je décidai de contacter Nour pour connaître l'emplacement de notre salle de classe. Une simple démarche dans la routine quotidienne, révélatrice des détails insignifiants qui coloraient ma vie d'étudiant.
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Taht sama' almaktub |
RandomAu cœur des quartiers sereins de la banlieue, Ibrahim, un jeune mauritanien de 18 ans, entrelace les fils de sa vie sous le regard bienveillant de la mère de son beau-frère, résidant aux côtés de sa sœur de lait, Nourhâne. Dévoué à surmonter les déf...