CHAPITRE 15.

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Chapitre 15. Rencontre inattendue.
















KAHRAMAN Ayça


Les gouttes de pluie, tels des échos poignants, se fracassaient contre le sol, ajoutant leur mélodie triste à la symphonie de ma détresse. Perdue dans la nuit froide de Paris, je m'abandonnais à l'humidité du banc solitaire sous l'abri de l'arrêt de bus, un refuge improbable dans la capitale indifférente.

Le temps, élastique et impitoyable, s'étirait comme une longue peine. Les phares des voitures qui passaient, lumière éphémère dans l'obscurité, ne se souciaient guère de ma solitude. Aucun abri ne s'ouvrait pour m'accueillir, aucun regard ne cherchait à percer le voile de ma détresse. Les heures défilaient, indifférentes à mon désespoir.

Le froid s'insinuait sous ma couverture dérisoire, glaçant chaque parcelle de mon être. Même enveloppée dans ce plaid, ma peau était un terrain conquis par la froideur. Mes membres, engourdis, résistaient à tout contact, comme si la vie elle-même les avait désertés. Les éternuements rythmaient la nuit, chaque souffle était un rappel de ma vulnérabilité face à l'implacable tempête.

La migraine persistante, telle une lame invisible, transperçait mon crâne. Dans cette douleur lancinante, mes pensées se cristallisaient dans une haine inextinguible envers mon père, l'architecte sinistre de ma déchéance. Chaque éternuement semblait une protestation impuissante, une voix étouffée dans l'obscurité de ma misère.

Le lendemain se leva, mais le soleil ne portait aucune promesse de réconfort. Allongée sur le banc de l'arrêt de bus, mes yeux s'ouvrirent lentement, accueillis par une douleur persistante. Mon corps, encore engourdi par la nuit glaciale, peinait à s'élever de ce siège de solitude. La ville s'éveillait, indifférente à ma lutte silencieuse.

Errant sans but, mes pas laissaient des traces incertaines sur des trottoirs indifférents. Chaque personne croisée devenait un miroir réfléchissant le dégoût, chaque refus un coup de poignard supplémentaire. Mes jambes, porteuses d'une charge trop lourde, avançaient dans l'ombre d'une existence sans clarté.

Ma marche solitaire m'éloigna des lueurs de Paris, plongeant dans une banlieue grise et austère. Les bâtiments, dénudés de toute splendeur, semblaient refléter l'état dévasté de mes aspirations. Mes pas me guidaient vers un monde autre, un monde où la misère s'effaçait presque dans l'anonymat.

Épuisée, je trouvai refuge sur un banc solitaire. Une boîte en carton, humble réceptacle de ma détresse, espérait récolter quelques pièces salvatrices. Les heures s'étiraient comme des ombres inévitables, mais l'aumône n'arrivait qu'à prendre la forme d'une maigre pièce de 50 centimes, cruel écho de mon isolement.

Le crépuscule enveloppait la ville d'une douceur trompeuse, tandis que moi, j'étais simplement là, captive de l'agonie qui m'enserclait. Mes pensées, errantes et moroses, s'évadaient dans un océan de désespoir, inconscientes de la présence qui s'approchait en silence de ma vie brisée.

Les perles de pluie, pareilles à des larmes célestes, caressaient le sol dans un ballet silencieux. Assise sur le banc humide, la nuit enveloppait Paris dans son manteau sombre. Abritée sous ce qui semblait être un arrêt de bus, je cherchais refuge dans l'obscurité, laissant le doux bruit de la pluie étouffer les échos d'un passé douloureux.

Le temps s'étirait, chaque goutte de pluie semblant un rappel des larmes autrefois versées.

Les heures passaient, les éternuements rythmaient ma solitude, mais cette nuit-là, une présence inattendue émergea de l'obscurité. Un jeune homme, s'approcha de moi. Sa voix, loin des échos du passé, resonnait. "Tu ressembles à quelqu'un que je connais. Ça va ? " Une question simple, mais une brèche dans mon isolement.

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