CHAPITRE 33.

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Chapitre 34. Tout n'est que Désastre.














ABDELLAHI Ibrahim


Douze jours. Douze longues journées qui s'étaient écoulées depuis la disparition soudaine d'Ayça. Chaque minute qui passait semblait étirer l'attente dans une torture insoutenable, comme si le temps lui-même s'était figé dans un écho de désespoir. Il n'y avait eu aucun signe d'elle, ni de son fils Seymen, depuis ce fameux repas qui avait viré au cauchemar.

Nous avions essayé de prévenir les autorités, de solliciter l'aide de la police, mais nos appels à l'aide semblaient être tombés dans le vide. Ayça, en tant que Turque immigrée en France, ne bénéficiait pas de la même attention médiatique que d'autres personnes disparues. C'était une injustice cruelle qui nous laissait démunis face à notre impuissance.

La disparition d'Ayça avait laissé un vide béant dans nos vies, un vide qui semblait se propager comme une ombre glaciale, enveloppant tout sur son passage. Son absence se faisait sentir dans chaque pièce, chaque silence, chaque souffle de vent qui traversait les pièces vides de sa présence.

Khalti Fatiha, était anéantie par la douleur. Elle s'enfermait de plus en plus sur elle-même, incapable de faire face à la réalité brutale qui lui était imposée. La disparition de ses deux filles la plongeait dans un abîme de désespoir, et il était difficile de lui demander de passer outre ses émotions.

Aïshayah, se battait pour rester forte, mais la douleur de l'absence d'Ayça se lisait dans ses yeux. Malgré sa résilience, elle ne pouvait cacher sa tristesse profonde, son cœur déchiré par l'incertitude et la peur.

Quant à Nassim, il était dévasté. Il refusait d'accepter qu'elle soit partie de son plein gré, convaincu qu'elle avait été enlevée. Sa détermination à la retrouver le consumait, le plongeant dans un tourbillon d'émotions contradictoires, entre espoir et désespoir, colère et désir de vengeance.

Pendant ce temps, j'essayais d'être le roc sur lequel ma famille pouvait s'appuyer. En tant que plus jeune, il était de mon devoir de les soutenir moralement dans cette période sombre. Je mettais de côté ma propre douleur pour être présent pour eux, même si cela signifiait sacrifier ma santé mentale, même si cela signifiait affronter l'inconnu dans l'espoir de retrouver celle qui était partie, mais jamais oubliée.










[...]


Assis dans le calme de mon salon, baigné par la lumière douce du matin, j'entrepris de chausser mes fidèles Air Force, comme chaque jour. Le cuir souple enveloppait mes pieds avec une familiarité rassurante, témoignant de nombreuses marches effectuées ensemble. Une fois mes chaussures ajustées, mon regard se porta instinctivement sur l'écran de mon téléphone. L'heure s'affichait en lettres numériques claires : 8h34. Le temps pressait, et je savais qu'il était temps de me rendre à l'hôpital pour ma visite quotidienne auprès de ma sœur.

Ces visites étaient devenues bien plus qu'une simple routine ; elles étaient devenues un pilier de ma journée, une ancre dans l'océan tumultueux de mes pensées. Chaque matin, avant que ne sonne neuf heures, je m'engageais sur le chemin menant à l'hôpital, portant avec moi l'espoir et le réconfort que ma présence pouvait apporter à ma sœur. Je voulais qu'elle se sente entourée, aimée, qu'elle trouve un peu de réconfort dans ce monde souvent si impitoyable.

Pourtant, malgré mes efforts pour apporter du réconfort à ma sœur, des tourments intérieurs me rongeaient. Assis là, enfilant mes chaussures, je laissais mon esprit divaguer vers des pensées sombres et incertaines. J'espérais secrètement que tout puisse redevenir comme avant : que mon amitié avec Arakhm retrouve sa vigueur, que Nour et moi retrouvions notre complicité fraternelle, que Nassim et Aïshayah renouent avec leur bonheur passé, que Ayça réapparaisse et que la douleur mentale de Khalti Fatiha s'apaise enfin. Mais au fond de moi, je savais que ces espoirs étaient peut-être trop naïfs, trop idéalistes.

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