CHAPITRE 28.

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Chapitre 28. Accident.

















SAADI Nourhane


Dans l'atmosphère pesante de cette soirée d'octobre, chaque seconde semblait s'étirer à l'infini. Je scrutais ma montre, impuissant face à ses aiguilles figées sur le chiffre fatidique : 17h35. Trente-cinq minutes seulement avant la fermeture du magasin. Assis parmi les cartons et les piles de baskets à trier, dans l'obscurité feutrée de la réserve, je me sentais épuisé, accablé par la lourdeur du temps qui s'écoulait inexorablement.

Cette journée avait été une épreuve de plus dans une série interminable de journées éprouvantes. Entre les heures interminables passées en cours, les exigences incessantes du travail et les appels tardifs et oppressants d'Akrahm, chaque instant semblait être une lutte acharnée pour maintenir le cap dans un océan d'obligations et de responsabilités. Une fatigue lancinante m'avait envahi, me laissant épuisé jusqu'au plus profond de mon être.

Je me sentais vidé, éreinté par les exigences du quotidien. Assez de jouer le rôle de la victime, assez de subir les caprices d'Akrahm, assez de voir mon frère s'éloigner de moi peu à peu. Assez des regards désapprobateurs et des murmures méprisants de ceux qui ne comprenaient pas mes choix, ma décision de rester aux côtés d'Akrahm, même si cela signifiait qu'il serait derrière les barreaux pour de nombreuses années.

Les pressions familiales, les jugements sociaux, tout cela pesait lourdement sur mes épaules, menaçant de m'écraser sous leur poids écrasant. Mes tantes, restées au pays, insistaient auprès de ma mère pour qu'elle organise un mariage arrangé afin de me sortir de cette situation. Mais ma mère, fidèle à ses convictions, refusait obstinément de céder aux pressions extérieures, défiant ainsi les traditions ancestrales pour protéger mon droit de choisir ma propre voie.

Dans ce tourbillon de conflits intérieurs, je me sentais perdu, déconnecté de moi-même et des autres. Chaque geste, chaque mot semblait être une épreuve, une épreuve que je devais surmonter seul, sans personne pour me soutenir. Je triais machinalement les baskets, plongé dans mes pensées, cherchant désespérément une lueur d'espoir dans l'obscurité oppressante qui m'entourait.

Et au milieu de cette tourmente émotionnelle, une question taraudait mon esprit tourmenté : étais-je prêt à attendre Akrahm pendant quinze ans, peut-être plus, pour qu'il soit enfin libre? Cette pensée, aussi douloureuse soit-elle, ne cessait de me hanter, m'empêchant de trouver le repos et la sérénité dont j'avais tant besoin.

Pourtant, malgré toutes les incertitudes et les doutes qui m'assaillaient, une certitude demeurait : mon amour pour Akrahm était vrai, profond, inébranlable. C'était avec lui que je voulais construire mon avenir, fonder une famille. Mais les obstacles semblaient insurmontables, les épreuves trop nombreuses. Et au fond de moi, une voix me murmurait que peut-être, il était temps de laisser partir cet amour, de tourner la page et de recommencer.

Mais cette pensée me terrifiait. Car renoncer à Akrahm signifiait aussi renoncer à une partie de moi-même, renoncer à nos rêves, à nos espoirs communs. Et je n'étais pas sûr d'être prêt à faire ce sacrifice. Pas encore. Pas maintenant. Alors, dans cette réserve sombre et silencieuse, je continuais à trier les baskets, laissant mes pensées errer dans les méandres de l'incertitude, en quête d'une réponse à cette question brûlante qui ne cessait de me hanter : qu'allais-je faire de ma vie?

Je m'efforçais tant bien que mal d'atteindre la chaussure perchée en hauteur, mais mes mains semblaient trop courtes pour l'attraper. Alors que je tendais le bras de toutes mes forces, une présence soudaine dans mon dos me fit sursauter. Sans même me retourner, je sentis une main se glisser délicatement autour de la chaussure, puis une voix douce résonna derrière moi. Lui, sans un mot, prit la chaussure et me la tendit avec un léger sourire, comme si ce geste simple était la chose la plus naturelle au monde.





























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