Chapitre 4. Descente aux enfers.KAHRAMAN Ayça
Turquie, Izmir
7h00La majesté du dix-huitième anniversaire, un seuil vers lequel certaines avancent avec une impatience empreinte de la conscience que ce cap marque leur entrée dans l'arène complexe des adultes, des responsabilités solennelles.
Pour moi, la majorité incarnait l'aube de la liberté. La perspective de s'affranchir des liens étreignants de cette demeure maudite, de diriger mes propres choix. Mon amour filial envers mon père persistait malgré ses erreurs, ses injustices. Un père que je ne pouvais haïr, mais dont une parcelle de mon être attendait fébrilement le départ.
Le jour tant attendu, mes dix-huit ans, était enfin là. Un moment marqué non seulement par cette transition, mais également par la cérémonie de ma khotba, où je ferais la connaissance de l'homme destiné à partager ma vie. Une union prédéterminée avec le fils de l'ami de mon père, un être inconnu. La veille agitée avait troublé mon sommeil depuis les premières lueurs du jour.
Dans l'effervescence, le personnel s'activait à préparer le salon pour l'arrivée imminente de mon futur époux. Mon père, absorbé par ses affaires, avait délaissé sa fille sur le seuil du départ.
Émergeant du lit, je me dirigeai avec une résolution mêlée d'appréhension vers la salle de bain, permettant à l'eau chaude de m'offrir une éphémère évasion, un répit pour l'esprit tourmenté. Les pensées s'éparpillaient, réfléchissant sur le futur qui se dessinait.
Allongée sur le tapis, une introspection profonde m'envahissait quant à la trajectoire de ma vie post-mariage. Un tumulte dans mon être, une cacophonie entre un cœur qui criait de ne pas sacrifier ma liberté et un esprit pragmatique qui m'enjoignait d'avancer. Le conflit intérieur trouvait son écho dans le reflet du miroir.
Devant cette glace, je faisais face à mes propres complexes, ces taches sombres inscrites dans ma chair depuis l'enfance, persistantes, marques du temps et du stress. Un secret que je gardais au plus profond.
Le rituel du maquillage, bien que condamné par ma foi, demeurait ma seule échappatoire artistique. Chaque coup de pinceau, une promesse silencieuse d'autonomie dans un monde qui m'imposait des limites.
Maquillée, j'enfilai une abaya confectionnée sur mesure pour la cérémonie, déplorant intérieurement le coût futile de ce vêtement. La robe, d'une beauté saisissante, drapée de blanc, se mirait dans le voile. Mes mains moites, mon cœur en une course effrénée, j'attendais dans ma chambre, toujours la marionnette soumise aux mains de mon père.
Les minutes s'étiraient, le tic-tac de l'horloge résonnait dans la pièce, chaque seconde une éternité. Trente minutes, un laps de temps perçu différemment, entre l'attente insoutenable et l'anxiété qui, telle une vague, submergeait mes pensées. Soudain, un frémissement à la porte, une percussion rythmée, brisant le silence qui enveloppait ma chambre.
— Girmek. criai-je.
entrer *Fatmagül émergea dans ma vision, parée elle aussi d'une élégance captivante.
Fatmagül— Baban oturma odasında seni soruyor.
Votre père vous demande dans le salon *— Tamam, ona geleceğimi söyle.
Très bien, dîtes lui que j'arrive *Elle inclina doucement la tête en signe d'assentiment. Alors qu'elle s'apprêtait à quitter ma chambre, mes mots l'arrêtèrent net.
— Fatmagül ?
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Taht sama' almaktub |
RandomAu cœur des quartiers sereins de la banlieue, Ibrahim, un jeune mauritanien de 18 ans, entrelace les fils de sa vie sous le regard bienveillant de la mère de son beau-frère, résidant aux côtés de sa sœur de lait, Nourhâne. Dévoué à surmonter les déf...