Chapitre 3. Le quotidien tissé, tension et éclat de vie.ABDELLAHI Ibrahim
Niché dans l'arrière-salle de la permanence, mon professeur d'histoire m'avait expulsé , la tension palpable dans la pièce était le résultat de mon refus obstiné de plonger dans les méandres de mon arbre généalogique. Généralement impassible en cours, ma nature se transformait dès que ma famille était évoquée, un sujet dont j'étais énormément touché.
Mon regard scrutait chaque individu partageant cet espace, car j'appréciais de déceler les subtilités du comportement humain pour en tirer des conclusions subtiles.
Le silence, comme une couverture oppressante, enveloppait la salle, et l'ennui menaçait de m'engloutir. Les voix des filles devant moi devinrent une distraction involontaire. Dans ce moment de désœuvrement, je me laissai emporter par leur conversation.
L'une d'elles, manifestement tourmentée, exprima sa détresse face à l'incarcération de Réda. Un sourire amusé s'esquissa sur mes lèvres. Réda, emprisonné récemment pour détention de cannabis, n'avait écopé que de six mois.
Une autre tenta de réconforter la première en soulignant la rapidité du temps en prison. Leurs propos sans logique m'arrachèrent un sourire, car Réda, séducteur sans attaches, ne méritait pas tant d'attention. J'étais même convaincu qu'il avait charmé l'une des gardiennes de prison.
Leurs échanges dénués de sens me divertissaient. Réda, le tombeur invétéré, ne méritait pas tant de préoccupation. Ces situations me rappelaient que les relations hors mariage étaient interdites, mais visiblement, tout le monde ne partageait pas cette conviction.
Après avoir écouté une partie de leur dialogue décousu, mon attention se tourna vers une altercation qui semblait se dérouler à la visite scolaire. Bien que les cris me parvinssent, la salle ne me permettait pas de voir la scène. J'étais déjà impatient d'interroger mon surveillant préféré dès la sonnerie.
J'étais avide de potins et d'histoires, jouant le rôle du messager et amplifiant les rumeurs qui circulaient dans les couloirs.
Il était environ 10 h 29, et la sonnerie n'allait pas retentir avant une bonne trentaine de minutes.
L'ennui me gagnait sérieusement, alors je m'approchai du mur, sortis mon téléphone de ma poche et enfilai mes écouteurs. Je me plongeai dans un épisode de Power, l'une de mes séries préférées.
Concentré sur ma série, je fus interrompu par l'arrivée soudaine d'Emrah, le cousin d'Akrahm, qui fit irruption dans la salle de permanence avec une énergie palpable. Son visage trahissait la colère, ses sourcils froncés, ses poings serrés. Ignorant le carnet de permanence, il me repéra et s'approcha directement de ma table, s'asseyant sur celle à côté de moi. Le surveillant, attentif à la scène, se leva et se dirigea vers nous.
Surveillant— Monsieur Sahin, je vais vous demander d'aller déposer votre carnet de correspondance sur la table de devant.
Emrah, absorbé par ses propres pensées, leva son regard, le toisant avec une intensité perceptible.
Emrah— Flemme.
Surveillant— Vous savez Monsieur Sahin, ce n'est pas parce que vous êtes nouveau, que les règles ne s'appliquent pas à vous aussi.
Emrah— Qui a dit que j'avais envie de suivre les règles, personne n'a mentionné qu'il fallait que je pose mon carnet sur la table de devant.
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Taht sama' almaktub |
RandomAu cœur des quartiers sereins de la banlieue, Ibrahim, un jeune mauritanien de 18 ans, entrelace les fils de sa vie sous le regard bienveillant de la mère de son beau-frère, résidant aux côtés de sa sœur de lait, Nourhâne. Dévoué à surmonter les déf...