CHAPITRE 34.

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Tw: viole, agression sexuelle, dépression, traumatisme, si vous êtes sensible à ce genre de sujet évoqué. Je vous conseille de passer cette partit.







KAHRAMAN Ayça



La nuit s'étirait lentement, son manteau obscur enveloppant le Paradise Club dans une ambiance à la fois enivrante et sinistre. Assise sur une chaise du bar, je me fondais dans l'ombre, observant d'un regard las les clients qui se pressaient dans la salle, chacun animé par l'excitation de la nuit à venir. Leurs sourires prédateurs me glaçaient, me rappelant la noirceur de ce monde où règnent le désir et la dépravation.

Les danseuses, drapées dans des tenues provocantes mêlant le rouge au noir, se déhanchaient avec une grâce lascive sur la piste, attirant les regards avides des hommes affamés. Certaines exécutaient des mouvements suggestifs autour des barres de pole dance, tandis que d'autres se laissaient aller à des danses envoûtantes au milieu de la foule en délire.

Samedi soir. Cette journée maudite où Mukthâr, l'ombre omniprésente dans ma vie, faisait son entrée au club. C'était à ce moment-là qu'il choisissait ses prochaines victimes, désignant celles qui auraient le privilège – ou plutôt l'horreur – de le satisfaire dans les salles privées. Ces antres lugubres et malsains étaient devenus le théâtre de mes pires cauchemars, des lieux où je me sentais réduite à néant, un objet entre les mains d'hommes sans scrupules.

La punition infligée par Mukthâr pour ma tentative de fuite était devenue une sentence implacable. Mon destin était scellé, mes libertés bafouées, et je devais expier mes erreurs dans les bras d'inconnus avides de plaisir et de pouvoir.

Les lumières rouges qui éclairaient la pièce semblaient souligner la noirceur de l'atmosphère, tandis que la musique assourdissante martelait mes tympans, étouffant tout espoir de conversation. Les hommes, installés dans l'ombre des canapés, observaient avec une avidité morbide les danseuses qui se trémoussaient sous leurs regards lubriques.

Chaque homme présent dans cette salle me répugnait. La plupart d'entre eux étaient des maris, des pères de famille, mais ils préféraient abandonner leur dignité pour assouvir leurs désirs les plus vils dans cet antre de luxure et de dépravation. Leur hypocrisie me dégoûtait, leur lâcheté me révoltait, et je me demandais comment certaines des danseuses pouvaient encore trouver de l'amour dans les bras de ces monstres déguisés en hommes.

Au bar, les clients se pressaient, commandant des boissons aux noms exotiques et au prix exorbitant, cherchant à noyer leur conscience dans l'alcool et la luxure. Leur vanité me faisait sourire amèrement, car ils ignoraient que derrière chaque verre se cachait un abîme de désespoir et de souffrance.

Cinq longues semaines s'étaient écoulées depuis que Mukthâr m'avait arrachée à ma vie, me plongeant dans un cauchemar sans fin. Chaque jour était une épreuve, chaque nuit un supplice, et je me sentais peu à peu glisser dans les ténèbres de ma propre existence.

Je tentais en vain d'effacer de ma mémoire les sévices infligés par Mukthâr et ses complices, mais chaque coup, chaque blessure, chaque insulte restait gravé dans ma chair, une marque indélébile de ma descente aux enfers.

Je savais que mon corps était désormais souillé, marqué par la violence et la cruauté de ceux qui m'avaient réduit à l'état de carcasse brisée. Plus personne ne voudrait de moi, plus personne ne verrait en moi autre chose qu'une victime, une survivante condamnée à errer dans les limbes de sa propre douleur. Et cette pensée, plus que tout, me terrifiait.

Pourtant, malgré la terreur qui m'étreignait, une lueur d'espoir subsistait au fond de mon cœur meurtri. Une petite voix intérieure me murmurait que je ne devais pas abandonner, que la lumière finirait par percer les ténèbres, que la justice triompherait un jour. Et c'était cette lueur fragile, cet espoir ténu, qui me donnait la force de continuer à lutter, même dans les moments les plus sombres de ma vie.

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