19. Recette salé

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Chapitre 19

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Irina

Notre réunion terminée, je décide de me préparer une salade pour le dîner. Adonis est arrivé il y a quinze minutes de cela, et les deux hommes sont enfermés dans le bureau du sociopathe depuis. J'entends des haussements de voix, ce qui ne présage rien de bon.

Ignorant ce léger détail, je me concentre sur la coupe de la tomate que je tiens entre les mains. Maman ne m'a jamais vraiment appris à cuisiner, j'étais trop jeune quand elle est morte, je n'ai pas eu la chance de passer des moments mère et fille avec elle. Malgré ça, en grandissant, j'ai gardé un souvenir très précis d'elle, dans sa cuisine. Lorsqu'elle se tenait devant les fourneaux, c'était un des rares moments durant lesquels je la voyais sourire.

Alors, en grandissant, à chaque fois que j'apprenais de nouvelles choses en cuisine, c'est à elle que je pensais, vers elle que mes pensées se tournait. Ma mère.

Ma vie n'étant pas rose, mes souvenirs d'elle sont loin de l'être. Il m'est arrivé de ressentir de la rage en pensant à elle. Pourquoi est-elle restée auprès de mon père ? Il la frappait, il me frappait. Son rôle en tant que mère, n'était-il pas de me protéger de ce monstre ? Il m'est souvent arrivé de ressentir cette colère, cette incompréhension en pensant à elle, mais l'amour l'emporte toujours. Et plus je vieillis, plus j'arrive à comprendre.

Elle devait être terrifiée. Tant de femmes sont dans sa situation, bloquée auprès d'un homme, figée, incapable de se sortir de là, paralysée par la peur. Ma mère devait probablement être dans ce cas-là. Je ne peux pas être en colère alors qu'elle a vécu une situation aussi terrible. J'aurais aimé qu'elle trouve la force au fond d'elle de nous sortir de là, grandir auprès d'elle, avec mon frère, aurait été un pur rêve éveillé, mais elle était seule, et terrifiée. Aujourd'hui, ma colère est contre mon père, ce monstre, ce lâche.

-          Miss Sawyer !

Adonis me tire de mes pensées en débarquant dans la cuisine, un grand sourire aux lèvres. Leur réunion ne s'est peut-être pas si mal passé que ça.

-          Tu as l'air en colère, ajoute-t-il, qu'est-ce que cette tomate t'as fait ?

-          Elle, rien, j'imagine la tête de ton patron à sa place et je suis naturellement en colère.

Je lui réponds tout en pointant Keiran avec le couteau. Ce dernier débarque dans la cuisine juste à la suite de Doni, et il a l'air moins enjoué que son ami.

-          Fait attention à ce que tu dis, si tu ne veux pas sentir ce couteau dans ta chair. Bougonne le patron en s'asseyant à l'îlot, face à moi.

Je lève les yeux au ciel et reprends la coupe du légume. Adonis, lui, va s'asseoir auprès de Kei.

-          Ça ne vous rappelle pas des souvenirs, nous trois, ensemble ?

Doni étant l'un des meilleurs amis de Keiran, nous avons, autrefois, passé pas mal de temps ensemble. J'attrape un petit morceau de tomate et le lance au visage de Doni.

-          C'est loin, tout ça. Je lui dis avant d'attaquer un morceau de concombre ce qui tire une grimace sur le visage de Keiran -il n'aime pas le concombre, et oui, c'est absolument la raison pour laquelle j'en ai acheté.

-          Pas si loin que-

-          A l'époque, vous ne me droguiez pas. Je le coupe en les menaçant tous les deux de regards.

AZUL - BruisesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant